L’Allemagne se retrouve précipitée dans des élections législatives anticipées, sept mois avant la date initialement prévue, suite à l’éclatement de la coalition gouvernementale du chancelier social-démocrate Olaf Scholz. Dans un contexte de grave crise économique qui secoue le pays, ce scrutin anticipé, fixé au 23 février par le président Frank-Walter Steinmeier, s’annonce déterminant pour l’avenir de la première économie européenne.
Une coalition implosée sur fond de désaccords économiques
Formée fin 2021 par le SPD, les Verts et les libéraux du FDP, l’alliance gouvernementale a volé en éclats le 6 novembre dernier lorsque le chancelier Olaf Scholz a limogé son ministre des Finances libéral. En cause, des divergences devenues insurmontables sur les orientations économiques et budgétaires à adopter pour faire face à la crise. Sans majorité au Bundestag depuis cet événement, Olaf Scholz avait dû poser la question de confiance mi-décembre, dans le but assumé de la perdre et d’enclencher le processus d’élections anticipées.
Les conservateurs largement favoris des sondages
À deux mois du scrutin, les intentions de vote donnent une nette avance aux conservateurs de la CDU menés par Friedrich Merz, crédités de 32%, devant le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (19%), le SPD (15%) et les Verts (13%). Au vu de ces projections, l’hypothèse la plus probable serait un gouvernement dirigé par la CDU avec le SPD comme allié.
Une campagne sous haute tension
Dans ce climat incertain, le président Steinmeier a appelé à une campagne menée avec « des moyens justes et transparents », mettant en garde contre les ingérences extérieures, notamment sur la plateforme X où elles s’expriment « de manière ouverte » et « intense » selon lui. L’extrême droite, elle, surfe sur les questions sécuritaires après l’attaque au camion-bélier sur un marché de Noël qui a endeuillé Magdebourg le 20 décembre.
« La haine et la violence ne doivent pas avoir leur place dans cette campagne électorale »
Frank-Walter Steinmeier, Président de la République fédérale d’Allemagne
L’avenir économique de l’Allemagne en jeu
Au cœur des débats de cette campagne éclair, la question de la relance de l’économie allemande, menacée d’une deuxième récession consécutive. Quand Olaf Scholz prône un assouplissement des règles d’endettement pour investir, l’opposition conservatrice défend le maintien du « frein à la dette » inscrit dans la Constitution. Le résultat de ces élections sera crucial pour déterminer la feuille de route économique du pays, et plus largement pour la stabilité de l’Union européenne, déjà fragilisée par la situation en France où Emmanuel Macron n’a plus de majorité absolue à l’Assemblée.
Malgré cette crise politique majeure, le Chef de l’État s’est voulu rassurant, affirmant que la démocratie allemande fonctionnait « même en période de transition » et que le gouvernement comme le parlement resteraient pleinement opérationnels jusqu’à l’élection d’un nouveau Bundestag. Un message se voulant apaisant dans un contexte international troublé, entre guerre en Ukraine et élection de Donald Trump outre-Atlantique qui fait planer des incertitudes sur les exportations allemandes.
Une période cruciale s’ouvre donc pour l’Allemagne avec cette campagne éclair de deux mois. L’issue du scrutin déterminera non seulement l’orientation politique et économique de la première puissance européenne pour les années à venir, mais aura aussi un impact majeur sur la solidité et l’avenir du projet européen dans son ensemble. Des enjeux considérables pour ce pays longtemps vu comme un parangon de stabilité, mais aujourd’hui confronté à une crise profonde.