L’Allemagne se prépare à un séisme politique. Dans une déclaration choc, le chancelier Olaf Scholz s’est dit prêt à se soumettre à un vote de confiance au Bundestag dès cette année, ouvrant ainsi la voie à des élections législatives anticipées. Cette annonce fracassante intervient après l’implosion de sa coalition gouvernementale, minée par de profonds désaccords sur la politique économique. Les cartes sont rebattues et l’avenir politique de la première puissance européenne s’écrit en pointillés.
Un chancelier sous pression, prêt à jouer son va-tout
Acculé par une crise politique d’une rare intensité, Olaf Scholz a choisi de prendre les devants. Lors d’un entretien accordé à la télévision publique ARD, il s’est déclaré prêt à poser la question de confiance avant Noël si son parti, le SPD, et l’opposition conservatrice trouvent un accord en ce sens. Un pari risqué mais calculé pour le chef du gouvernement, qui espère obtenir une nouvelle légitimité démocratique dans les urnes.
Le temps presse et les défis s’accumulent pour Berlin, confronté à une récession qui menace et aux incertitudes liées à un éventuel retour de Donald Trump à la Maison Blanche. “L’Allemagne a besoin rapidement d’un nouveau gouvernement démocratiquement légitimé“, a martelé M. Scholz, conscient de l’urgence de la situation. Si le chancelier perd son pari et est mis en minorité lors du vote de confiance, le président Frank-Walter Steinmeier aura 21 jours pour dissoudre le Bundestag, ouvrant la voie à de nouvelles élections dans les 60 jours.
Les conservateurs à l’offensive, les Verts et les libéraux en difficulté
Dans ce climat politique électrique, l’opposition conservatrice a flairé l’opportunité. Son chef de file, Friedrich Merz, pressenti pour briguer la chancellerie, a appelé Olaf Scholz à solliciter un vote de confiance dès sa prochaine déclaration de politique générale au Bundestag. Conforté par des sondages favorables, il pousse pour un scrutin dès le 19 janvier.
En face, les ex-alliés du chancelier sont en mauvaise posture. Les Verts et les libéraux du FDP, qui formaient sa coalition initiale, paient au prix fort la rupture et plongent dans les enquêtes d’opinion. Crédités respectivement de 10% et 4% des intentions de vote, ils jouent leur survie politique. Le FDP est même menacé de disparaître de l’hémicycle, faute d’atteindre le seuil fatidique des 5%.
Une extrême droite menaçante, l’AfD en embuscade
Dans ce paysage politique morcelé, un acteur tire particulièrement son épingle du jeu : l’extrême droite. Selon un sondage Insa publié par Bild am Sonntag, l’AfD caracole à la deuxième place des intentions de vote avec 19%, talonnant les conservateurs (32%). Un niveau inédit pour ce parti anti-immigration et eurosceptique, qui surfe sur les peurs et le mécontentement d’une partie de la population.
Avec la convocation d’élections anticipées, c’est une véritable recomposition du paysage politique allemand qui s’annonce. Olaf Scholz joue son avenir à quitte ou double, tandis que conservateurs et extrême droite espèrent tirer profit du séisme provoqué par l’éclatement de la coalition. Les prochaines semaines s’annoncent décisives et lourdes d’enjeux pour la stabilité politique et économique de l’Allemagne et, au-delà, de l’Europe toute entière.
L’Allemagne entre dans une période de fortes turbulences politiques. Les élections anticipées vont rebattre les cartes et pourraient déboucher sur une nouvelle donne, avec des conséquences majeures pour l’UE.
Un diplomate européen
Alors que le chancelier consulte fébrilement ses alliés pour fixer un calendrier électoral, la directrice fédérale des élections, Ruth Brand, prépare activement le scrutin en coulisses. Une réunion virtuelle avec ses homologues régionaux est prévue dans les prochains jours pour orchestrer cette élection surprise, véritable défi logistique et démocratique pour le pays.
Si les contours de la prochaine coalition gouvernementale restent flous, une certitude s’impose : l’Allemagne s’apprête à vivre une campagne électorale intense, aux allures de tournant historique. Entre crise de confiance, poussée de l’extrême droite et urgence économique et sociale, les électeurs devront choisir une nouvelle direction pour le pays. L’issue du scrutin sera scrutée avec attention bien au-delà des frontières de l’Allemagne, tant son impact sur l’avenir de l’UE sera déterminant.