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Élections américaines : des inquiétudes liées aux observateurs républicains

Le déploiement sans précédent d'observateurs républicains dans les bureaux de vote américains inquiète. Adhérant aux théories de Donald Trump sur de présumées fraudes, certains pourraient intimider les électeurs ou contester les résultats en cas de défaite. Une menace pour l'intégrité du scrutin ?

Aux États-Unis, l’imminence de l’élection présidentielle du 5 novembre s’accompagne d’inquiétudes grandissantes concernant le rôle que pourraient jouer les dizaines de milliers d’observateurs envoyés par le Parti républicain pour “protéger” le scrutin. Nombre d’entre eux semblent convaincus, à l’instar de leur champion Donald Trump, que les démocrates s’apprêteraient à “tricher comme en 2020”. Une rhétorique qui fait craindre des tentatives d’intimidation des électeurs, voire une contestation orientée des résultats en cas de défaite.

Le spectre de la fraude, l’ombre de 2020

Quatre ans après sa défaite face à Joe Biden, l’ex-président Donald Trump n’a toujours pas reconnu la légitimité du scrutin de 2020. Malgré l’absence de preuves tangibles, il continue d’agiter le spectre de “fraudes massives” à venir, une rhétorique reprise par de nombreux observateurs républicains. Tim Waters, 63 ans, qui fera partie des volontaires déployés en Géorgie, se dit ainsi persuadé que les démocrates pourraient à nouveau “tricher comme en 2020”.

Je suis très cynique, je n’ai juste pas confiance.

Tim Waters, chef du bureau local du Parti républicain en Géorgie

Des craintes alimentées par un contexte particulièrement tendu. Selon une étude du Brennan Center for Justice publiée en mai, 34% des assesseurs ont vu un de leurs collègues démissionner en raison d’inquiétudes pour leur sécurité. Plusieurs incidents préoccupants sont rapportés, comme cet observateur armé qui a suivi un responsable jusqu’en salle de décompte au Texas en 2022.

Droits et devoirs des observateurs

Aux États-Unis, les partis politiques, mais aussi les citoyens ou certaines organisations, ont le droit de déployer des observateurs dans les bureaux de vote. Leurs prérogatives varient selon les États, mais ils ne doivent en aucun cas violer le secret du vote ou perturber son déroulement. Face aux inquiétudes, les autorités se veulent rassurantes :

Tant qu’ils n’interfèrent pas avec les électeurs, ça nous va. Nous nous préparons simplement à avoir de nombreux yeux braqués sur nous.

Anthony Sallette, responsable de l’organisation du vote dans le comté de Peach (Géorgie)

Recrutement tous azimuts et numéro vert

Pour recruter ses observateurs, le camp Trump a mis les bouchées doubles. Selon des informations obtenues par le New Yorker, un numéro vert a même été mis en place pour leur permettre de signaler toute “irrégularité”. Parmi les personnalités mobilisées, on retrouve notamment l’avocate conservatrice Cleta Mitchell, présente aux côtés de Donald Trump lorsqu’il a tenté de faire pression sur un haut responsable de Géorgie pour “trouver” les 12 000 bulletins qui lui manquaient en 2021.

Des témoignages potentiellement orientés

Cette mobilisation suscite la crainte que certains observateurs, convaincus par les théories trumpistes, livrent des témoignages orientés s’ils sont appelés à la barre pour contester les résultats. Un scénario qui s’était produit en 2020, lorsque des recours en justice s’étaient appuyés sur les déclarations d’observateurs républicains, sans jamais apporter de preuves tangibles de fraude.

Devoir civique ou conviction partisane ?

Malgré les inquiétudes, tous les observateurs républicains ne disent pas adhérer aux thèses trumpistes. C’est le cas d’Audrey Singleton, femme d’affaires de 59 ans, qui considère sa mission dans le comté de Bryan comme un “devoir civique” :

A moins que quelque chose ne soit prouvé, c’est de la spéculation. Je ne crois pas aux accusations de fraude de Donald Trump.

Audrey Singleton, observatrice républicaine dans le comté de Bryan (Géorgie)

Une position encouragée par certains cadres du parti, qui appellent leurs troupes à se concentrer sur le présent plutôt que de ressasser les griefs de 2020. Jordan Givens, qui supervise 28 volontaires en Géorgie, leur a ainsi recommandé de “laisser leurs opinions de côté” et “de se focaliser sur ce qu’il se passe devant eux, pas il y a quatre ans”.

A quelques jours d’un scrutin à haut risque, la question de l’intégrité du processus électoral est plus que jamais sous les projecteurs. Entre partisans et sceptiques des théories trumpistes, le rôle des observateurs républicains sera scruté de près. Avec l’espoir que leur présence contribue à la transparence du vote, plutôt que d’alimenter la défiance et les divisions.

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