En ce mardi 5 novembre 2024, les Américains étaient appelés aux urnes pour un double scrutin d’une importance capitale : l’élection présidentielle opposant le républicain Donald Trump à la démocrate Kamala Harris, et le renouvellement de la Chambre des représentants et d’un tiers du Sénat. Dans un pays plus que jamais divisé, ces élections s’annonçaient particulièrement serrées et lourdes d’enjeux.
Une présidentielle au coude-à-coude
Selon les premiers résultats partiels, le duel entre Donald Trump et Kamala Harris s’avère extrêmement serré comme prévu par les sondages. L’ancien président, déterminé à retrouver la Maison Blanche après sa défaite en 2020, semble pour l’instant légèrement en tête dans les swing states clés comme la Floride, l’Ohio ou la Caroline du Nord. Mais rien n’est encore joué, loin de là.
De son côté, la vice-présidente sortante Kamala Harris espère devenir la première femme présidente des États-Unis. Elle compte notamment sur les votes des femmes, des minorités et de l’électorat diplômé des grandes villes et des côtes pour l’emporter. Mais son bilan à la vice-présidence et sa relative inexpérience en politique étrangère ont été largement attaqués par son adversaire durant la campagne.
Cette élection est l’une des plus importantes de notre vie. L’âme de l’Amérique est en jeu.
– Joe Biden, président sortant, lors d’un meeting de soutien à Kamala Harris
Le Congrès et les États en balance
Au-delà de la Maison Blanche, le contrôle du Congrès sera décisif pour la gouvernance du pays lors des deux prochaines années au moins. Actuellement, les démocrates disposent d’une très courte majorité à la Chambre des représentants et les deux partis sont à 50/50 au Sénat, la vice-présidente faisant pencher la balance.
Mais selon les premières tendances, les républicains semblent en mesure de reprendre le contrôle d’au moins une des deux chambres. Plusieurs courses sénatoriales comme celles du Nevada, de l’Arizona ou de la Géorgie s’annoncent particulièrement serrées et indécises.
Au niveau des États, des postes de gouverneurs et de procureurs sont également en jeu, avec des implications importantes sur des sujets comme l’avortement, la régulation des armes ou le découpage des circonscriptions. Et certains candidats niant la validité de la présidentielle de 2020 pourraient accéder à des postes clés pour l’organisation des scrutins.
Entre divisions et tensions
Cette élection intervient dans un contexte de profonde polarisation de la société américaine. Les questions économiques, avec une inflation persistante et des craintes de récession, se mêlent à des sujets de société clivants, de l’avortement au contrôle des armes en passant par les questions identitaires.
La campagne a été marquée par des attaques virulentes entre les candidats, en particulier sur les réseaux sociaux, et des tensions sont à craindre quel que soit le résultat. De nombreux commerces ont d’ailleurs barricadé leurs vitrines par précaution. Les autorités redoutent aussi des cyberattaques et des ingérences étrangères visant à perturber le bon déroulement des opérations et la confiance dans le résultat.
Si je perds, tout le monde saura que c’est une élection truquée. Le système est corrompu.
– Donald Trump, meeting de campagne à Warren (Michigan)
Les réactions dans le monde
Partout dans le monde, dirigeants et opinions publiques suivent ce scrutin avec attention tant les implications sont importantes à l’échelle internationale. Du conflit en Ukraine aux tensions avec la Chine en passant par l’accord sur le nucléaire iranien, de nombreux dossiers brûlants dépendent de l’issue du vote.
En Europe, beaucoup craignent un regain d’isolationnisme et d’imprévisibilité en cas de victoire de Donald Trump, malgré un soutien sans faille à l’Ukraine. La Chine et la Russie espèrent au contraire un affaiblissement des États-Unis et de leur leadership sur la scène internationale. Quant aux alliés traditionnels comme le Japon, la Corée du Sud ou Israël, ils attendent des clarifications sur la politique étrangère américaine pour les années à venir.
Une longue nuit de dépouillement
Avec un scrutin aussi serré, il faudra sans doute attendre de longues heures, voire plusieurs jours pour connaître le nom du vainqueur. Le vote par correspondance, largement utilisé, et les règles différentes selon les États pour son dépouillement ajoutent à l’incertitude.
Des recours et contestations des résultats sont probables, faisant craindre une crise post-électorale comme en 2020. La prudence est donc de mise et il faudra sans doute patienter avant le dénouement final de ce thriller politique.
Une chose est sûre : cette élection du 5 novembre 2024 marquera l’histoire des États-Unis et aura des répercussions majeures sur le pays et le monde pour les années à venir. Quel que soit le vainqueur, il ou elle devra affronter des défis immenses et tenter de réconcilier une Amérique profondément fracturée. L’avenir nous dira s’il est possible de recoller les morceaux du “rêve américain”.