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Élection Ivoirienne : Ouattara Vise un 4e Mandat

À Daloa, Alassane Ouattara lance sa campagne pour un 4e mandat, promettant stabilité et progrès. Mais l'opposition s'agite à Abidjan. Quels sont les enjeux de cette élection ?

Dans une ambiance électrique, la Côte d’Ivoire entre de plain-pied dans la campagne électorale pour la présidentielle du 25 octobre 2025. À Daloa, ville emblématique du centre-ouest du pays, des milliers de partisans se sont rassemblés sous une pluie battante pour accueillir leur leader, Alassane Ouattara. À 83 ans, le président sortant, figure incontournable de la politique ivoirienne, se lance dans une nouvelle bataille pour un quatrième mandat. Mais ce scrutin, marqué par des exclusions controversées et des tensions dans la capitale économique, Abidjan, soulève des questions cruciales sur l’avenir de la nation.

Une Campagne Sous le Signe de la Continuité

La ferveur était palpable au stade régional de Daloa, où les couleurs orange du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), le parti au pouvoir, dominaient l’espace. Affiches, T-shirts, et ballons géants portaient le slogan « ADO pour une grande Côte d’Ivoire », un message qui résume l’ambition d’Alassane Ouattara, surnommé ADO. Devant une foule en liesse, le président-candidat a vanté l’unité du pays, décrivant Daloa comme une « Côte d’Ivoire en miniature » où se mêlent différentes communautés.

J’adore cette Côte d’Ivoire qui unit femmes et hommes de différentes communautés.

Alassane Ouattara, lors de son discours à Daloa

Malgré un orage diluvien, l’enthousiasme des militants n’a pas faibli. Ouattara a mis en avant son bilan, notamment les avancées en matière d’infrastructures, un pilier de ses mandats précédents. Routes, écoles, hôpitaux : ces réalisations sont au cœur de son discours, visant à convaincre les électeurs de voter pour la stabilité et la continuité.

Un Bilan au Cœur de la Stratégie

Depuis son arrivée au pouvoir en 2011, Alassane Ouattara a fait des infrastructures un argument de poids. Des autoroutes modernes reliant les grandes villes aux ponts flambant neufs, le pays a connu une transformation visible. À Daloa, il a rappelé ces projets, insistant sur leur impact direct sur la vie quotidienne des Ivoiriens. Mais au-delà des routes et des bâtiments, c’est l’idée d’une Côte d’Ivoire unie et prospère qu’il cherche à incarner.

Pour Mamadou Touré, président de la région de Daloa, le message est limpide :

Le 25, nous voterons la stabilité, la paix et la continuité.

Mamadou Touré, président de la région de Daloa

Cette rhétorique de la stabilité s’adresse à un pays qui a connu des périodes de troubles, notamment la crise post-électorale de 2010-2011. En mettant en avant ses succès, Ouattara cherche à consolider son image de leader capable de maintenir la paix tout en poursuivant le développement économique.

Une Opposition Muselée

Pendant que Daloa vibrait au rythme des slogans pro-Ouattara, Abidjan, la capitale économique, était le théâtre de tensions. Des manifestations organisées par l’opposition ont été rapidement dispersées par les forces de l’ordre à coups de gaz lacrymogène. Plusieurs dizaines de manifestants ont été arrêtés, selon des témoignages sur place. Ces heurts traduisent un climat politique tendu, exacerbé par l’exclusion de deux figures majeures de l’opposition : Laurent Gbagbo, ancien président, et Tidjane Thiam, leader du principal parti d’opposition.

Les deux principaux partis d’opposition avaient appelé à une marche, interdite par les autorités au nom de l’ordre public. Ils dénoncent l’exclusion de leurs leaders, jugée arbitraire, ainsi que la candidature d’Ouattara, qu’ils estiment inconstitutionnelle. Selon eux, un quatrième mandat violerait les principes de la Constitution ivoirienne, un argument qui alimente les débats et les tensions.

Les exclusions de Gbagbo et Thiam, validées par des décisions de justice, ont suscité une vague de critiques, tant au niveau national qu’international. Ces décisions renforcent la position d’Ouattara comme favori, mais elles fragilisent la légitimité du scrutin aux yeux de certains observateurs.

Les Autres Candidats en Lice

Face à Ouattara, quatre autres candidats tentent de se faire une place dans cette course électorale. Parmi eux, deux figures issues du camp de Laurent Gbagbo, mais désormais en rupture avec lui, ont lancé leur campagne le même jour. Simone Ehivet Gbagbo, ex-première dame, a tenu un meeting à Bouaflé, dans le centre-ouest, tandis qu’Ahoua Don Mello s’est adressé à ses partisans à Bouaké, dans le centre du pays.

Une autre candidate, Henriette Lagou, ancienne ministre sous Gbagbo, prévoit de s’adresser à ses militants à Daoukro, dans le centre, quelques jours plus tard. Enfin, Jean-Louis Billon, dissident du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) dirigé par Tidjane Thiam, a déjà tenu un premier meeting à Abidjan. Ces candidatures, bien que moins médiatisées, pourraient fragmenter le vote de l’opposition.

Les Enjeux d’un Scrutin Controversé

Cette élection s’annonce comme un tournant pour la Côte d’Ivoire. Voici les principaux enjeux :

  • Stabilité politique : Ouattara mise sur la paix et la continuité, mais les tensions avec l’opposition pourraient raviver les divisions.
  • Légitimité du scrutin : L’exclusion de figures majeures comme Gbagbo et Thiam alimente les critiques sur l’équité du processus électoral.
  • Renouvellement politique : À 83 ans, la candidature d’Ouattara soulève des questions sur la transition générationnelle dans un pays jeune.
  • Développement économique : Le bilan d’Ouattara, centré sur les infrastructures, sera-t-il suffisant pour convaincre les électeurs face aux défis sociaux persistants ?

Le Conseil constitutionnel, en validant la candidature d’Ouattara, a donné le coup d’envoi d’une campagne où chaque détail compte. Si le président sortant part favori, l’opposition, malgré ses divisions, pourrait mobiliser une partie de l’électorat frustré par les récentes décisions judiciaires.

Un Contexte Régional Sensible

La Côte d’Ivoire, poids lourd économique en Afrique de l’Ouest, attire l’attention de la communauté internationale. Les élections précédentes, marquées par des violences, rappellent l’importance d’un scrutin apaisé. Les partenaires régionaux et internationaux suivent de près cette campagne, conscients que la stabilité du pays a des répercussions bien au-delà de ses frontières.

Dans ce contexte, Ouattara joue une carte délicate : celle d’un leader expérimenté face à une opposition fragmentée mais déterminée. Les prochaines semaines seront décisives pour mesurer l’impact des tensions actuelles sur le scrutin.

Que Peut-on Attendre du 25 Octobre ?

À l’approche du scrutin, plusieurs scénarios se dessinent. Une victoire écrasante d’Ouattara conforterait sa mainmise sur le pouvoir, mais risquerait d’attiser les frustrations de l’opposition. À l’inverse, une mobilisation massive des électeurs autour des autres candidats pourrait créer la surprise, bien que cela semble peu probable au vu du contexte actuel.

Les observateurs s’accordent sur un point : la manière dont cette élection sera menée aura un impact durable sur la cohésion nationale. La Côte d’Ivoire, souvent présentée comme un modèle de croissance en Afrique, devra prouver qu’elle peut également être un exemple de démocratie apaisée.

Candidat Parti/Statut Lieu de campagne
Alassane Ouattara RHDP (au pouvoir) Daloa
Simone Ehivet Gbagbo Indépendante Bouaflé
Ahoua Don Mello Indépendant Bouaké
Henriette Lagou Indépendante Daoukro
Jean-Louis Billon Dissident PDCI Abidjan

En attendant le verdict des urnes, la Côte d’Ivoire retient son souffle. Entre espoirs de progrès et craintes de tensions, cette élection mettra à l’épreuve la résilience d’un pays en quête de stabilité et de renouveau.

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