La Côte d’Ivoire s’apprête à vivre un moment décisif avec son élection présidentielle de 2025. Dans un pays où la politique a souvent été marquée par des tensions, quatre candidats d’opposition se dressent face au président sortant, Alassane Ouattara, favori du scrutin. Leur objectif ? Créer la surprise et, pourquoi pas, pousser l’élection vers un second tour. Mais qui sont ces figures déterminées à bousculer l’ordre établi ?
Une Élection à Hauts Enjeux
Le scrutin de 2025 est bien plus qu’une simple élection. Il s’inscrit dans un contexte où la Côte d’Ivoire cherche à consolider sa stabilité après des années de crises, notamment celle de 2010-2011. Les quatre candidats d’opposition, avec leurs visions distinctes, incarnent des aspirations variées : réconciliation nationale, souveraineté économique, ou encore justice sociale. Leur campagne, menée tambour battant dans les villages et les grandes villes, a mobilisé des milliers de partisans. Mais face à un président expérimenté, la tâche s’annonce ardue.
Simone Ehivet Gbagbo : La Revanche d’une Dame de Fer
À 76 ans, Simone Ehivet Gbagbo est une figure incontournable de la politique ivoirienne. Ancienne Première Dame, elle a traversé des épreuves marquantes : sept ans de prison après la crise post-électorale de 2010-2011, suivis d’une amnistie en 2018. Aujourd’hui, après un divorce avec son ex-mari Laurent Gbagbo, elle se présente avec une détermination intacte.
Son programme repose sur trois piliers : réconciliation nationale, transformation des matières premières, et souveraineté diplomatique. Elle prône une politique anti-impérialiste, tout en prenant soin de ne pas rompre totalement avec les partenaires actuels de la Côte d’Ivoire. Lors de sa campagne, elle a sillonné le pays, privilégiant un contact direct avec les populations rurales.
« On prie qu’ils réussissent », a-t-elle déclaré à propos des juntes sahéliennes, tout en insistant sur une diplomatie équilibrée.
Simone Ehivet Gbagbo peut compter sur le soutien de Charles Blé Goudé, figure emblématique des « Jeunes Patriotes », qui mobilise les foules à ses côtés. Sa campagne, axée sur l’émotion et la proximité, pourrait séduire une partie de l’électorat attachée à son passé militant.
Jean-Louis Billon : L’Homme d’Affaires Visionnaire
À 60 ans, Jean-Louis Billon incarne une approche plus libérale. Cet homme d’affaires, considéré comme l’un des plus riches du pays, dirige le groupe agro-industriel Sifca, premier employeur privé ivoirien. Ancien ministre du Commerce sous Ouattara, il s’est lancé dans la course présidentielle malgré des tensions avec le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI).
Son programme mise sur une économie tirée par le secteur privé. Billon propose de structurer le secteur informel pour créer des emplois salariés et stimuler la croissance. Son passé de ministre et son profil de chef d’entreprise lui confèrent une crédibilité auprès des milieux économiques.
Ses propositions clés :
- Promotion de l’entrepreneuriat local
- Modernisation du secteur agricole
- Réduction des inégalités économiques
Malgré l’absence de soutien officiel du PDCI, Billon espère capter les voix des militants déçus par l’absence de leur leader, Tidjane Thiam. Sa campagne, axée sur le pragmatisme, pourrait séduire un électorat urbain et jeune.
Ahoua Don Mello : Le Souverainiste Communiste
Ahoua Don Mello, 67 ans, est un ingénieur en travaux publics au parcours singulier. Initialement candidat de « précaution » pour soutenir Laurent Gbagbo, il s’est maintenu dans la course en indépendant après l’exclusion de ce dernier. Vêtu de son emblématique costume col Mao, il défend une vision souverainiste et communiste.
Son programme s’articule autour de la décentralisation économique, la transformation locale des matières premières, comme le cacao, et un panafricanisme assumé. Proche des idées des juntes sahéliennes, il critique l’endettement du pays et milite pour la sortie du franc CFA.
« La Côte d’Ivoire doit transformer ses richesses sur place pour en tirer le maximum de bénéfices. »
Sa proximité affichée avec la Russie et son discours radical pourraient polariser l’électorat. Reste à savoir s’il parviendra à capter les voix de la gauche ivoirienne, en concurrence directe avec Simone Ehivet Gbagbo.
Henriette Lagou : La Voix de la Modération
À 66 ans, Henriette Lagou incarne une opposition plus modérée. Candidate en 2015, où elle avait obtenu moins de 1 % des voix, elle a surpris en réunissant les parrainages nécessaires pour se présenter sous la bannière du GP-Paix, un regroupement de petits partis.
Son programme met l’accent sur la paix et la justice sociale. Elle propose un grand dialogue national pour apaiser les tensions et multiplier les infrastructures de santé et d’éducation. Son discours, moins clivant, pourrait séduire un électorat lassé des polarisations.
| Candidat | Âge | Priorités |
|---|---|---|
| Simone Ehivet Gbagbo | 76 ans | Réconciliation, souveraineté, transformation |
| Jean-Louis Billon | 60 ans | Économie libérale, emploi, secteur privé |
| Ahoua Don Mello | 67 ans | Souveraineté, panafricanisme, décentralisation |
| Henriette Lagou | 66 ans | Paix, justice sociale, dialogue national |
Les Défis de l’Opposition
Face à Alassane Ouattara, ces quatre candidats doivent surmonter plusieurs obstacles. Tout d’abord, l’absence de figures majeures comme Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam fragilise l’opposition. Ensuite, la popularité du président sortant, soutenu par une économie en croissance, rend la compétition inégale.
Pourtant, chaque candidat apporte une vision unique. Simone Ehivet Gbagbo mise sur son charisme et son passé militant. Jean-Louis Billon séduit par son pragmatisme économique. Ahoua Don Mello incarne un idéal panafricain radical. Henriette Lagou, quant à elle, prône l’apaisement dans un pays encore marqué par les divisions.
Quel Avenir pour la Côte d’Ivoire ?
Le scrutin de 2025 pourrait redéfinir le paysage politique ivoirien. Une victoire d’Ouattara consoliderait son emprise, mais un second tour serait une surprise majeure, signe d’une opposition en regain de dynamisme. Les thèmes de la souveraineté, de la réconciliation et du développement économique dominent les débats, reflétant les aspirations d’une population en quête de stabilité et de progrès.
En attendant les résultats, une question demeure : qui saura mobiliser au-delà de son camp pour créer l’élan nécessaire ? La réponse se jouera dans les urnes, mais une chose est sûre : cette élection marquera un tournant pour la Côte d’Ivoire.
