Imaginez-vous dans un pays où chaque jour apporte son lot de nouvelles plus sombres que la veille : fusillades dans les rues, enlèvements en pleine lumière, et une économie qui vacille au bord du précipice. C’est dans ce climat tendu que l’Équateur s’apprête à choisir son prochain dirigeant, ce dimanche 8 avril 2025. Entre le président sortant, un jeune millionnaire ambitieux, et une avocate déterminée à marquer l’histoire, le scrutin s’annonce comme un véritable bras de fer dont l’issue pourrait redessiner l’avenir d’une nation en crise.
Un Pays à la Croisée des Chemins
Longtemps perçu comme un îlot de stabilité en Amérique du Sud, l’Équateur a vu son destin basculer en quelques années seulement. La montée fulgurante de la violence liée au narcotrafic et une économie en berne ont transformé ce pays andin en un théâtre d’incertitudes. À l’approche de ce second tour, les 13,7 millions d’électeurs, obligés de voter, devront trancher entre deux visions radicalement opposées pour sortir de l’impasse.
Deux Candidats, Deux Mondes
D’un côté, un président sortant de 37 ans, héritier d’une fortune bâtie dans l’industrie bananière, mise sur une politique sécuritaire musclée et des alliances internationales pour redresser la barre. De l’autre, une femme de 47 ans, juriste et mère célibataire, porte l’espoir d’un renouveau social, soutenue par une figure emblématique et controversée de la gauche équatorienne. Leur duel, serré au premier tour avec moins de 17 000 voix d’écart, promet une lutte acharnée.
« Aux informations, on ne voit que du sang, des fusillades, des extorsions. On ne peut pas vivre comme ça, et nos salaires ne suffisent même pas. »
– Une jeune femme de 23 ans, sans emploi stable, interrogée dans la capitale.
Cette voix, recueillie dans les rues de Quito, résonne comme un cri du cœur partagé par des millions d’Équatoriens. Mais derrière les promesses des candidats, quelles réalités se dessinent ?
Une Explosion de Violence Inédite
Le constat est glaçant : en cinq ans, le taux d’homicides a bondi de manière spectaculaire, passant de **6 pour 100 000 habitants en 2018** à **47 en 2023**. Si une légère baisse a été enregistrée en 2024, avec 38 homicides pour 100 000, les deux premiers mois de 2025 ont déjà comptabilisé plus de 1 500 morts violentes. Une source proche des statistiques officielles parle du « début d’année le plus sanglant jamais enregistré ».
À l’origine de cette spirale ? La position géographique de l’Équateur, coincé entre les géants de la cocaïne que sont la Colombie et le Pérou. Ses ports sur le Pacifique, couplés à une économie dollarisée, en ont fait une plaque tournante pour le narcotrafic. Les gangs, profitant de ce chaos, ont pris racine, semant la peur dans les grandes villes comme Guayaquil, désormais surnommée la « capitale du crime ».
- Évasion de chefs de gangs en 2024, suivie d’attaques coordonnées.
- Prise d’assaut d’une chaîne de télévision en direct par des hommes armés.
- Enlèvements massifs de forces de l’ordre, paralysant le pays.
Ces événements, survenus sous l’état d’urgence décrété il y a un an, ont marqué les esprits et placé la sécurité au cœur de cette élection.
Une Économie au Bord du Gouffre
Si la violence fait les gros titres, la crise économique n’est pas en reste. Avec une dette publique flirtant avec **57 % du PIB**, selon des estimations internationales, et une production pétrolière en chute libre, l’Équateur peine à retrouver son souffle. Le chômage et le sous-emploi touchent près d’un quart de la population, tandis que **28 % des habitants** vivent sous le seuil de pauvreté.
« Il manque du travail, des investissements. Les entreprises ont peur d’injecter de l’argent dans un pays aussi instable », confie un soudeur de 53 ans, désabusé. Face à ce marasme, les deux candidats avancent des solutions aux antipodes.
| Candidat | Vision Économique | Promesses Clés |
| Président sortant | Libéralisation, accords commerciaux | Concessions privées, partenariats internationaux |
| Opposante | Renforcement de l’État | Investissements publics, services sociaux |
Ces divergences, loin d’être théoriques, reflètent une fracture profonde dans la société équatorienne, amplifiée par une polarisation jamais vue depuis des décennies.
Une Polarisation Historique
Entre un président qui joue la carte de la fermeté et une opposante portée par un héritage socialiste, le pays est plus divisé que jamais. « Les tensions sont palpables, la méfiance règne », note un spécialiste des relations internationales. Sur les réseaux sociaux, le président sortant mise sur une image de leader jeune et inflexible, tandis que son adversaire incarne une alternative plus humaine, ancrée dans les luttes sociales.
Mais cette bataille ne se limite pas aux idées. Des accusations d’irrégularités électorales ont fusé après le premier tour, bien que des observateurs étrangers aient écarté toute fraude. À l’approche du scrutin, chaque camp mobilise ses soutiens, des entrepreneurs fortunés aux mouvements indigènes, dans un climat électrique.
Les Enjeux d’un Scrutin Décisif
Ce dimanche, de 7h à 17h, les urnes diront si l’Équateur opte pour la continuité ou le changement. Mais au-delà du vainqueur, une question demeure : le futur dirigeant aura-t-il les moyens de juguler une crise qui semble échapper à tout contrôle ? Les experts prédisent une victoire au couteau, avec un écart minime qui pourrait attiser les tensions post-électorales.
« L’Équateur est devenu le pays le plus violent d’Amérique du Sud. »
– Un analyste spécialiste de la région.
Entre promesses de sécurité et rêves de justice sociale, les électeurs devront trancher dans un contexte où chaque vote compte. Et vous, si vous viviez dans ce pays au bord du chaos, pour qui voteriez-vous ?
Un scrutin sous haute tension, un avenir incertain : l’Équateur retient son souffle.
Alors que le monde observe, ce petit pays andin pourrait bien devenir un symbole des défis qui secouent l’Amérique latine tout entière. Dimanche soir, les résultats tomberont, mais la route vers la stabilité, elle, reste longue et semée d’embûches.
