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Élection Cameroun : Kamto Écarté, Tensions Politiques

La candidature de Maurice Kamto rejetée pour la présidentielle camerounaise. Quels enjeux pour ce scrutin sous haute tension ? La liste définitive bientôt révélée...

Dans un climat politique déjà tendu, l’annonce de la liste provisoire des candidats à l’élection présidentielle camerounaise du 12 octobre a jeté de l’huile sur le feu. Parmi les 83 dossiers déposés, seuls 13 ont été retenus par le Conseil électoral, et un nom brille par son absence : celui de Maurice Kamto, figure emblématique de l’opposition. Cette exclusion, qualifiée de « provocation » par son parti, soulève des questions sur l’équité du processus électoral et ravive les tensions dans un pays marqué par des crises sociales, économiques et politiques. Quels sont les enjeux de ce scrutin, et que révèle-t-il du Cameroun d’aujourd’hui ?

Une Élection Sous Haute Surveillance

À l’approche de l’élection présidentielle, le Cameroun retient son souffle. Le scrutin, prévu pour octobre 2025, intervient dans un contexte de fragilité marqué par des défis multiples : une crise persistante dans les régions anglophones, un chômage endémique et une jeunesse assoiffée de changement. La publication de la liste des candidats a exacerbé les tensions, notamment à Yaoundé, où un dispositif sécuritaire impressionnant a été déployé autour du siège d’Elecam, l’organisme chargé d’organiser le vote.

Des barrages de police et une présence renforcée des forces de l’ordre dans les quartiers sensibles témoignent de l’atmosphère explosive. Cette nervosité n’est pas nouvelle : le Cameroun, dirigé depuis 43 ans par le président Paul Biya, traverse une période de crispation politique où chaque décision électorale est scrutée à la loupe.

Maurice Kamto, l’Absent de Marque

L’exclusion de Maurice Kamto, ancien leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) et deuxième à la présidentielle de 2018, a provoqué un tollé. Désormais affilié au Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie (Manidem), Kamto était perçu comme un adversaire redoutable pour le pouvoir en place. Anicet Ekane, président de Manidem, n’a pas mâché ses mots, dénonçant une manœuvre du parti au pouvoir, le RDPC, pour éviter un face-à-face avec un opposant de poids.

De toute évidence, le pouvoir se sent battu et cherche à éviter une confrontation directe avec notre candidat.

Anicet Ekane, président de Manidem

Face à cette décision, le parti a annoncé un recours devant le Conseil constitutionnel, seule instance habilitée à trancher. Ce recours, prévu dans un délai de trois jours conformément à la loi électorale, pourrait redessiner la liste définitive des candidats. Mais pour beaucoup, cette exclusion est un symptôme d’un système électoral où l’opposition peine à trouver sa place.

Les Candidats en Lice : Une Liste Éclectique

Si Maurice Kamto est absent, la liste provisoire des candidats n’en reste pas moins variée. Parmi les 13 noms retenus, on retrouve des figures bien connues de la scène politique camerounaise :

  • Paul Biya, président en exercice depuis 1982, à 92 ans, brigue un nouveau mandat.
  • Cabral Libii, du PCRN, figure montante de l’opposition et représentant de la jeunesse.
  • Joshua Osih, du SDF, un parti historique de l’opposition camerounaise.
  • Serge Espoir Matomba, du PURS, connu pour ses prises de position audacieuses.
  • Akere Muna, du parti UNIVERS, avocat et défenseur des droits humains.
  • Bello Bouba Maïgari, ex-Premier ministre et leader de l’UNDP.
  • Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre et chef du FSNC.
  • Hermine Patricia Tomaino Ndam Njoya, unique femme candidate, issue de l’UDC.

Cette diversité reflète la pluralité des voix politiques au Cameroun, mais aussi les alliances complexes et les revirements idéologiques. Par exemple, Bello Bouba Maïgari et Issa Tchiroma Bakary, longtemps alliés de Paul Biya, se présentent aujourd’hui comme candidats indépendants, une décision qui intrigue les observateurs.

Une Femme dans la Course

La présence d’Hermine Patricia Tomaino Ndam Njoya, seule femme candidate, est un signal fort dans un paysage politique dominé par les hommes. Représentante de l’Union démocratique du Cameroun (UDC), elle incarne une voix alternative dans un scrutin où les enjeux de genre restent souvent en arrière-plan. Sa candidature pourrait mobiliser un électorat sensible aux questions d’égalité et de renouveau.

Cependant, son parcours sera semé d’embûches dans un contexte où les tensions politiques et les défis logistiques dominent. La question reste ouverte : saura-t-elle se démarquer dans une campagne déjà polarisée ?

Un Contexte de Crises Multiples

Le scrutin présidentiel de 2025 intervient dans un Cameroun fragilisé. Depuis 2016, les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont secouées par un conflit armé entre séparatistes et forces gouvernementales. Cette crise anglophone a fait des milliers de morts et déplacé des centaines de milliers de personnes, alimentant un sentiment d’injustice chez une partie de la population.

À cela s’ajoutent des défis économiques majeurs. Le chômage, particulièrement élevé chez les jeunes, nourrit une frustration croissante. Dans les grandes villes comme Yaoundé et Douala, les appels au changement se multiplient, portés par une jeunesse qui aspire à un avenir meilleur.

Défi Impact
Crise anglophone Conflit armé, déplacements massifs, insécurité.
Chômage des jeunes Frustration sociale, appels au changement.
Tensions politiques Climat de méfiance, déploiement sécuritaire.

Ces crises multiples placent l’élection sous un microscope. Chaque décision, chaque candidature, chaque recours est perçu comme un indicateur de la direction que prendra le pays.

Le Rôle du Conseil Constitutionnel

Le dépôt d’un recours par le parti de Maurice Kamto met le Conseil constitutionnel sous pression. Cette institution, souvent critiquée pour son manque d’indépendance, aura la lourde tâche de trancher sur la validité des candidatures. Les prochains jours seront cruciaux : la liste définitive, attendue après l’examen des recours, pourrait apaiser ou, au contraire, exacerber les tensions.

Anicet Ekane a appelé au calme, exhortant les partisans à ne pas céder à la provocation. Mais dans un pays où les manifestations sont souvent réprimées, la retenue demandée pourrait être difficile à maintenir.

Quel Avenir pour le Cameroun ?

L’élection présidentielle de 2025 est bien plus qu’un simple scrutin. Elle est un miroir des aspirations et des frustrations d’un peuple. La jeunesse, en particulier, voit dans ce moment une opportunité de changement, mais aussi un risque de statu quo. Avec Paul Biya, âgé de 92 ans, toujours en lice, beaucoup s’interrogent : le Cameroun est-il prêt à écrire une nouvelle page de son histoire ?

Les candidats de l’opposition, comme Cabral Libii ou Joshua Osih, portent les espoirs d’une partie de la population. Pourtant, l’exclusion de figures comme Maurice Kamto alimente le sentiment que le jeu électoral est truqué. Dans ce contexte, la transparence du processus et la capacité du Conseil constitutionnel à agir avec impartialité seront déterminantes.

Alors que la liste définitive des candidats approche, le Cameroun se trouve à un carrefour. Entre espoirs de renouveau et risques de tensions accrues, ce scrutin pourrait redéfinir le paysage politique du pays pour les années à venir.

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