Imaginez un pays où, en l’espace de quelques mois, un coup d’État sans violence renverse une dynastie de plus de cinq décennies, et où un général prometteur se retrouve face à un ancien Premier ministre dans une course au pouvoir. C’est le scénario qui se déroule actuellement au Gabon, où huit candidats, dont une seule femme, se préparent à s’affronter pour l’élection présidentielle du 12 avril. Entre espoirs de renouveau et tensions politiques, cette bataille électorale captive déjà l’attention bien au-delà des frontières gabonaises.
Une Course Présidentielle Sous Haute Tension
À l’approche du scrutin, le Gabon vit un moment charnière. Après le putsch d’août 2023, qui a mis fin à un régime long de 55 ans, la transition politique s’accélère. Huit prétendants, validés récemment après des recours judiciaires, se disputent désormais le fauteuil présidentiel. Mais qui sont ces figures prêtes à écrire la prochaine page de l’histoire du pays ?
Les favoris : un général et un ex-Premier ministre
Parmi les candidats, deux noms se détachent comme les poids lourds de cette élection. D’un côté, le général qui a orchestré le « coup de la libération » en août 2023, aujourd’hui président de la transition. Âgé de 50 ans, il a officialisé sa candidature début mars, invoquant un appel du peuple et une inspiration quasi mystique. De l’autre, l’ancien Premier ministre du président déchu, souvent présenté comme son rival le plus redoutable par des sources proches du pouvoir. Leur duel promet d’être le clou du spectacle.
« Je réponds à l’appel du peuple et à celui de l’Esprit Saint. »
– Déclaration du général lors de l’annonce de sa candidature
Le général, ancien chef d’une unité d’élite, mise sur sa popularité post-putsch, marquée par des scènes de liesse dans les rues de la capitale. Son adversaire, fort de son expérience au sommet de l’État, incarne une continuité réformée. Entre ces deux figures, la lutte s’annonce serrée.
Les outsiders : une femme et des profils variés
Si les projecteurs sont braqués sur les favoris, les six autres candidats ne manquent pas d’ambition. Parmi eux, une femme, unique représentante féminine, a réussi à faire valider sa candidature après un recours en justice. Également en lice : un juriste spécialisé dans les impôts et un médecin, tous deux déterminés à bousculer les pronostics. Ces profils, moins médiatisés, pourraient bien créer la surprise.
- La seule femme : une candidature symbolique dans un paysage politique majoritairement masculin.
- Le juriste : un expert des finances publiques prêt à proposer des réformes économiques.
- Le médecin : un outsider qui mise sur des idées nouvelles pour la santé.
Leur présence diversifie le scrutin et reflète une volonté de renouveau, même si leurs chances restent incertaines face aux ténors.
Un contexte post-putsch explosif
Pour comprendre cette élection, il faut remonter à août 2023. À peine les résultats officiels avaient-ils proclamé la victoire de l’ancien président que des militaires, menés par le général, ont pris le pouvoir. Sans effusion de sang, ce coup d’État a été accueilli par des foules en liesse dans les quartiers populaires. Depuis, l’ex-président vit reclus dans sa résidence, tandis que sa femme et son fils font face à des accusations de détournement de fonds.
Ce bouleversement a ouvert une période de transition, marquée par l’adoption d’une nouvelle constitution et d’un code électoral révisé. Une clause notable ? Les militaires peuvent désormais se présenter, un changement taillé sur mesure pour le général au pouvoir.
Les exclus : polémiques autour des candidatures
Tout le monde n’a pas eu sa chance. Un sénateur et leader syndical a vu sa candidature rejetée pour un motif administratif : l’absence d’un acte de naissance parental. Dans une vidéo diffusée en direct, il a dénoncé une exclusion injuste. Par ailleurs, une requête visant à invalider plusieurs candidatures, au motif que leurs parents ne pouvaient être nés gabonais avant l’indépendance de 1960, a été jugée irrecevable.
Ces controverses alimentent les débats sur la transparence du processus électoral, un enjeu clé alors que la campagne débute le 29 mars.
Une campagne sous les projecteurs
Avec le coup d’envoi officiel prévu dans quelques jours, les candidats affûtent leurs stratégies. Si le décret fixant la date du scrutin ne mentionne pas de second tour, la Constitution le prévoit en cas de ballotage. Une incertitude qui ajoute du piment à une élection déjà riche en rebondissements.
Étape | Date | Détail |
Début de la campagne | 29 mars 2025 | Lancement officiel des hostilités électorales |
Premier tour | 12 avril 2025 | Jour du scrutin |
Les semaines à venir promettent des discours enflammés, des promesses audacieuses et, peut-être, des alliances inattendues.
Quels enjeux pour le Gabon ?
Au-delà de la course au pouvoir, cette élection pose des questions cruciales. Le pays sortira-t-il réellement de l’ère dynastique ? La transition militaire tiendra-t-elle ses promesses de retour à un pouvoir civil ? Les Gabonais, après des décennies de stabilité apparente mais contestée, aspirent à un changement profond.
Enjeu clé : Restaurer la confiance dans les institutions après des années de soupçons de fraude électorale.
Le vainqueur, quel qu’il soit, héritera d’un Gabon en quête de stabilité et de renouveau. Une tâche loin d’être aisée.
Et après le 12 avril ?
Le scrutin du 12 avril ne marquera peut-être pas la fin du suspense. En cas de second tour, la tension pourrait monter d’un cran. Et même après l’élection, le défi sera immense : unir un pays divisé, répondre aux attentes populaires et tourner la page d’un passé tumultueux.
Pour l’heure, les Gabonais retiennent leur souffle. Cette élection, plus qu’un simple vote, est un test pour l’avenir d’une nation à un tournant de son histoire. Qui l’emportera ? Réponse dans quelques semaines.