Dimanche, les habitants de la province de Buenos Aires, le cœur économique et démographique de l’Argentine, se rendront aux urnes pour un scrutin aux enjeux colossaux. Ce vote, loin d’être anodin, représente un véritable test pour le président ultralibéral Javier Milei, à la tête du pays depuis décembre 2023. Dans un contexte marqué par une crise économique persistante et un scandale politique touchant son entourage proche, l’issue de cette élection pourrait redessiner le paysage politique argentin avant les législatives de mi-mandat prévues en octobre.
Un scrutin sous haute tension à Buenos Aires
La province de Buenos Aires, qui concentre 40 % des électeurs argentins et génère 30 % du PIB national, est un bastion historique du péronisme, un mouvement politique ancré dans l’histoire du pays. Gouvernée par Axel Kicillof, figure de proue du péronisme de centre-gauche, cette région est un enjeu stratégique pour Javier Milei et son parti, La Libertad Avanza. Ce dernier, avec seulement 12 des 92 sièges à l’assemblée provinciale, a dû s’allier au parti PRO de l’ancien président Mauricio Macri pour espérer peser dans ce scrutin.
Les sondages annoncent une course serrée, avec un léger avantage pour le péronisme. Cependant, un taux d’absentéisme élevé pourrait bouleverser les prévisions. Les bureaux de vote fermeront à 18h00 heure locale, et les résultats seront scrutés de près, tant par les acteurs politiques que par les marchés financiers.
Les promesses économiques de Milei à l’épreuve
Lors de son arrivée au pouvoir, Javier Milei a promis une révolution économique pour redresser un pays plombé par une inflation galopante et une dette colossale. Son programme, axé sur une réduction drastique des dépenses publiques, a suscité espoirs et inquiétudes. Si l’inflation a ralenti – passant de 87 % sur les sept premiers mois de 2024 à 17,3 % sur la même période en 2025 – le coût social de ces réformes reste élevé, avec une croissance économique qui peine à repartir.
« Nous devons libérer l’économie argentine des chaînes de l’État pour renouer avec la prospérité », déclarait Javier Milei lors de sa campagne.
Cette élection à Buenos Aires est donc un baromètre de la popularité de ses réformes. Une victoire, même partielle, conforterait sa stratégie ultralibérale. À l’inverse, un échec renforcerait l’opposition et pourrait compliquer la mise en œuvre de son agenda.
Une crise monétaire qui fragilise le peso
En parallèle, le gouvernement Milei doit gérer une crise monétaire aiguë. Ces dernières semaines, le peso argentin a subi une dépréciation accélérée, obligeant l’exécutif à intervenir sur le marché des changes. Ce revirement est significatif : après avoir levé partiellement le contrôle des changes en avril, Milei avait juré de ne plus intervenir. Cette décision illustre les pressions exercées par un contexte pré-électoral tendu.
Pourquoi le peso est-il si fragile ?
- Manque de confiance chronique des Argentins envers leur monnaie.
- Préférence pour l’épargne en dollars, accentuant la pression sur le peso.
- Risques d’inflation accrue en cas de dévaluation prolongée.
Ces turbulences monétaires affectent directement le quotidien des Argentins, qui, par méfiance envers leur devise, privilégient le dollar pour leurs économies. Une dévaluation continue pourrait relancer l’inflation, menaçant le principal succès économique du gouvernement.
Un scandale politique qui éclabousse l’entourage de Milei
Au-delà des défis économiques, un scandale de présumés pots-de-vin au sein de l’Agence pour le Handicap fragilise la crédibilité du gouvernement. Cette affaire, actuellement sous enquête judiciaire, touche directement Karina Milei, sœur du président et l’une de ses plus proches collaboratrices. Ce scandale alimente les critiques de l’opposition, qui accuse le gouvernement de manquer de transparence.
Ce n’est pas le seul revers pour Milei. Jeudi, le Parlement argentin a annulé un veto présidentiel, confirmant une loi visant à augmenter les financements pour les personnes handicapées. Cette décision, une première sous son mandat, met en lumière les tensions entre l’exécutif et le législatif.
Le péronisme : un adversaire redoutable
Face à Milei, le péronisme reste une force incontournable. Avec Axel Kicillof à la tête de la province de Buenos Aires, ce courant politique bénéficie d’une base solide et d’une longue tradition de mobilisation. Les électeurs, lassés par les difficultés économiques, pourraient se tourner vers ce mouvement, perçu comme plus protecteur des classes populaires.
| Forces en présence | Points forts | Défis |
|---|---|---|
| La Libertad Avanza (Milei) | Discours anti-establishment, baisse de l’inflation | Scandale, faible représentation provinciale |
| Péronisme (Kicillof) | Base électorale fidèle, ancrage historique | Image associée à la crise économique passée |
Quels scénarios pour l’avenir ?
L’issue de ce scrutin aura des répercussions nationales. Une victoire de Milei renforcerait sa légitimité pour poursuivre ses réformes audacieuses. À l’inverse, un succès du péronisme pourrait galvaniser l’opposition et compliquer la gouvernance de Milei jusqu’aux législatives d’octobre. Les observateurs s’attendent à un taux d’abstention élevé, reflétant un certain désintérêt ou une fatigue des électeurs face aux promesses non tenues.
En attendant, les défis s’accumulent pour le président argentin. Entre la gestion de la crise monétaire, les accusations de corruption et les tensions politiques, Milei doit prouver qu’il peut maintenir le cap dans un contexte turbulent. Les résultats de dimanche pourraient bien déterminer la trajectoire de son mandat.
À retenir :
- Élection cruciale à Buenos Aires pour Javier Milei.
- Contexte économique marqué par la dévaluation du peso.
- Scandale politique impliquant l’entourage du président.
- Course serrée entre Milei et le péronisme.
Ce scrutin est bien plus qu’une simple élection locale : il s’agit d’un moment charnière pour l’Argentine, qui oscille entre un virage ultralibéral et la résilience d’un péronisme profondément enraciné. Les résultats, attendus dans la soirée de dimanche, pourraient redéfinir les rapports de force politiques et économiques du pays.
