À quelques jours de l’élection présidentielle américaine, un sentiment de désenchantement règne parmi les milliers de Palestino-Américains vivant en Cisjordanie occupée. Déçus par les administrations successives, beaucoup n’attendent pas grand chose du scrutin, envisageant même de s’abstenir ou de se tourner vers des candidats indépendants.
Un changement espéré mais peu probable
Jamal Zaglul, entrepreneur dans le pressoir d’olives de Turmus Aya où vivent de nombreux binationaux, regrette l’époque des accords d’Oslo signés sous Clinton. “Il y a beaucoup de problèmes ici et personne ne s’en occupe”, déplore-t-il, souhaitant voir émerger des candidats indépendants, même s’ils ont peu de chances de l’emporter.
Son compatriote Basim Sabri, homme d’affaires dans le Minnesota, ne mâche pas ses mots sur Joe Biden et Donald Trump, évoquant “huit années lamentables”. Profondément marqué par la guerre à Gaza, il envisage de voter pour la candidate écologiste Jill Stein, espérant un engagement américain accru pour y mettre fin.
L’ombre de la guerre à Gaza et des colonies
Le conflit meurtrier qui ravage Gaza depuis plus d’un an et le soutien militaire américain à Israël nourrissent l’amertume des Palestino-Américains. Odeh Juma, Californien revenant régulièrement à Turmus Aya, a ainsi décidé de s’abstenir pour “souligner l’importance des voix arabes, palestiniennes et musulmanes pour les élections futures”.
Selon une source proche du dossier, plusieurs ressortissants américains ont récemment perdu la vie en Cisjordanie, renforçant le sentiment de vulnérabilité. Adam, fils d’Odeh Juma, constate que beaucoup ont “peur de voter, et encore plus pour Trump”, dont la première administration avait multiplié les coups durs pour les Palestiniens, jugeant notamment les colonies non illégales.
Une influence américaine remise en question
Si la campagne est suivie sur les réseaux sociaux, de plus en plus doutent de la capacité des États-Unis à résoudre les conflits. “Même les Démocrates n’arrivent pas à se mettre d’accord sur la politique étrangère”, note Adam. Leila, habitante de Ramallah ayant voté pour Jill Stein, regrette l’inaction de Kamala Harris face au “génocide en cours”.
La vérité c’est que c’est Israël qui contrôle l’Amérique.
Sanaa Shalabi, habitante de Turmus Aya
Une anecdote illustre ce rapport de force : l’ambassadeur américain aurait renoncé à venir cueillir des olives à Turmus Aya après que des colons ont intimidé son équipe de sécurité. Un symbole fort pour Sanaa Shalabi qui résume : “La vérité c’est que c’est Israël qui contrôle l’Amérique”.
À l’approche du scrutin crucial, les Palestino-Américains oscillent donc entre résignation, colère et espoir d’un sursaut, conscients que leur voix compte dans des États clés. Mais beaucoup craignent que leurs préoccupations ne soient une fois de plus négligées au profit d’intérêts électoraux.