L’enquête sur l’effondrement meurtrier d’un auvent de la gare de Novi Sad, en Serbie, qui a provoqué l’indignation de la population, a connu un tournant décisif jeudi avec l’interpellation de 11 personnes, dont un ancien ministre. Cette catastrophe, ayant coûté la vie à 15 personnes le 1er novembre dernier, soulève de nombreuses questions sur la responsabilité des autorités et des entreprises impliquées dans la rénovation partielle du bâtiment, effectuée seulement trois mois avant le drame.
Une tragédie qui secoue la Serbie
Ce jour fatidique, en pleine heure de pointe, l’auvent en béton de la gare s’est effondré, écrasant 14 personnes dont plusieurs enfants. Une quinzième victime a succombé à ses blessures dimanche. Cet incident dramatique a provoqué une vague de manifestations dans tout le pays, la population réclamant que les responsables soient punis.
11 interpellations, dont un ex-ministre
Face à la pression populaire, le parquet de Novi Sad est passé à l’action en interpellant 11 personnes impliquées à des degrés divers. Parmi elles, Goran Vesic, l’ancien ministre de la Construction et membre du parti au pouvoir (SNS), contraint de démissionner le 4 novembre. Bien qu’il réfute toute responsabilité pénale, il s’est dit prêt à coopérer avec les enquêteurs. Son prédécesseur Tomislav Momirovic, devenu ministre du Commerce, a également démissionné mercredi.
Je resterai toujours à la disposition des autorités compétentes et je prouverai que je ne porte aucune responsabilité pénale dans ces événements tragiques.
Goran Vesic, ancien ministre de la Construction
La mobilisation citoyenne porte ses fruits
Pour l’opposition et une partie de la population, ces arrestations sont le fruit de leur mobilisation sans relâche depuis la catastrophe. Des manifestations sont régulièrement organisées pour demander à la justice d’agir plus vite et d’arrêter les responsables. Des députés d’opposition ont même bloqué l’entrée du tribunal de Novi Sad cette semaine pour accélérer la procédure.
Je suis sûre que ces interpellations n’auraient jamais eu lieu si nous n’avions pas été si persévérants. Cela étant, nous ne sommes pas totalement satisfaits des charges retenues.
Marinika Tepic, députée du principal parti d’opposition (SSP)
Opacité autour des contrats
Au-delà des responsabilités individuelles, c’est tout un système que l’opposition et une partie des citoyens remettent en cause. Pour eux, cette tragédie illustre de manière dramatique le népotisme et la corruption qui gangrènent le pays, où les grands projets se sont multipliés sous la présidence d’Aleksandar Vucic.
Des voix s’élèvent pour réclamer la publication des contrats signés avec les entreprises ayant participé aux travaux de rénovation de la gare, notamment China Railway International et China Communications Construction. Une opacité dénoncée par les manifestants.
Les causes de l’effondrement encore inconnues
Si les interpellations marquent une avancée dans l’enquête, les causes exactes de l’effondrement restent encore à déterminer. Le parquet a indiqué avoir collecté et analysé minutieusement tous les documents nécessaires, mené des entretiens avec de nombreux citoyens et reçu une analyse visant à identifier les circonstances du drame.
Il faudra sans doute encore du temps pour faire toute la lumière sur cette affaire qui a endeuillé la Serbie et suscité une immense émotion dans tout le pays. Mais pour les familles des victimes et les citoyens mobilisés, une étape importante a été franchie avec ces premières interpellations. La quête de justice et de transparence continue.