La pilule est difficile à avaler pour les collectivités locales. Malgré l’opposition farouche des élus de tous bords, le gouvernement maintient le cap sur les économies demandées. Catherine Vautrin, ministre du Partenariat avec les territoires, a confirmé mardi matin sur France Inter le chiffre de 5 milliards d’euros d’économies à réaliser par les collectivités en 2025.
Des économies nécessaires pour réduire le déficit public
Cette contribution des collectivités locales s’inscrit dans un effort global de 40 milliards d’euros pour redresser les finances publiques et réduire le déficit. Le gouvernement justifie ces coupes budgétaires par l’impératif de “souveraineté” du pays face à une dette publique abyssale qui atteint 3228 milliards d’euros.
On joue la souveraineté du pays, on a 3228 milliards d’euros de dette.
Catherine Vautrin, ministre du Partenariat avec les territoires
Selon la ministre, il faut faire cet effort “avec mesure” mais il est indispensable. Face aux sénateurs, elle a posé la question en ces termes : “Si on ne prend pas ces cinq milliards aux collectivités, où les prend-on ?”.
La colère ne retombe pas chez les élus locaux
Cette confirmation des 5 milliards d’économies intervient alors que les maires se retrouvent en congrès à partir de mardi à Paris. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la colère ne retombe pas malgré les tentatives de déminage du gouvernement. L’ampleur des restrictions budgétaires passe très mal auprès des élus locaux.
Les associations d’élus évaluent même la facture réelle à 11 milliards d’euros, bien plus que les 5 milliards annoncés par l’exécutif. Elles dénoncent un coup de rabot brutal et injuste, estimant que les collectivités ne sont pas responsables du niveau de la dette publique.
Des conséquences redoutées pour l’investissement local
Au-delà de la colère, c’est l’inquiétude qui domine chez les maires. Beaucoup redoutent de devoir couper dans leurs dépenses d’investissement, pourtant essentielles pour maintenir les services publics et soutenir l’activité économique locale.
On ne pourra pas faire autrement que de réduire nos investissements. Et ce sont nos entreprises et nos concitoyens qui en subiront les conséquences.
Un maire sous couvert d’anonymat
Certains élus agitent même le spectre d’une hausse de la fiscalité locale pour compenser la baisse des dotations de l’État. Un scénario catégoriquement exclu par le gouvernement qui promet de “protéger le pouvoir d’achat des Français”.
Une négociation sous haute tension
Malgré la détermination affichée par le gouvernement, la négociation s’annonce tendue avec les associations d’élus locaux. Ces derniers réclament des ajustements et des contreparties, comme plus de libertés locales ou une meilleure compensation des charges transférées par l’État.
Le dialogue doit se poursuivre pour trouver le bon équilibre. On ne peut pas demander toujours plus d’efforts aux collectivités sans leur donner plus de marges de manœuvre.
Un responsable d’une association d’élus
Le gouvernement se dit “à l’écoute” et prêt à “adapter” ses demandes. Mais pas question pour autant de revoir le montant global des économies. Un bras de fer qui ne fait que commencer entre l’État et les collectivités locales, avec en toile de fond la préparation du budget 2024 qui s’annonce sous le signe de la rigueur.
Les prochaines semaines s’annoncent donc décisives pour savoir si l’exécutif parviendra à imposer sa cure d’austérité aux collectivités sans provoquer une fronde generalisée des élus locaux. Une chose est sûre, les maires entendent bien faire entendre leur voix et défendre leurs intérêts lors de leur congrès qui s’ouvre mardi à Paris.