Imaginez : il est presque 23 heures à Dublin, le 1er décembre 2025. L’avion présidentiel ukrainien vient de toucher le tarmac avec quelques minutes d’avance. Tout semble calme. Et soudain, plusieurs drones surgissent dans la zone strictement interdite de survol, se dirigeant droit vers la trajectoire qu’aurait dû emprunter l’appareil quelques instants plus tôt. Ce n’est pas un scénario de film d’espionnage. C’est ce qui s’est réellement produit lors de la visite officielle de Volodymyr Zelensky en Irlande.
Une accusation directe venue du sommet de l’Europe
Le ton est grave. Lors d’une conférence de presse commune avec le Premier ministre irlandais Micheál Martin, le président du Conseil européen, António Costa, n’a pas mâché ses mots.
« Malheureusement, ce qui s’est passé la semaine dernière ici à Dublin est un nouvel exemple des attaques hybrides et des menaces hybrides de la Russie sur le territoire européen »
Cette phrase, prononcée devant les caméras, marque un tournant : pour la première fois, un si haut responsable européen désigne nommément Moscou comme responsable d’un incident impliquant des drones sur le sol d’un État membre pendant une visite présidentielle.
Le Premier ministre irlandais enfonce le clou
Micheál Martin n’a pas été en reste. Interrogé sur les dénégations de l’ambassadeur russe à Dublin, qui avait « catégoriquement rejeté » toute implication de son pays, le Taoiseach a répondu avec une ironie glaciale.
« Je ne partage pas son point de vue. Je tiens à rappeler que c’est ce même ambassadeur qui nous avait assuré en 2022 que la Russie n’avait pas l’intention d’envahir l’Ukraine… et nous avons vu comment cela s’est terminé. »
Le message est clair : les dénégations russes ne pèsent plus lourd face à la répétition des incidents à travers l’Europe.
Chronologie précise de l’incident
Reprenons les faits dans l’ordre.
- 1er décembre, environ 23 h 00 (heure locale)
- L’avion transportant Volodymyr Zelensky atterrit avec un léger avance sur l’horaire prévu
- Une zone de restriction aérienne temporaire avait été mise en place autour de l’aéroport de Dublin
- Peu après le passage de l’appareil présidentiel, plusieurs drones pénètrent cette zone interdite
- Ils suivent exactement l’itinéraire que l’avion venait d’emprunter
- La police irlandaise (An Garda Síochána) ouvre immédiatement une enquête criminelle
Le timing est trop parfait pour être une coïncidence, estiment les autorités.
Un phénomène qui s’étend à toute l’Europe
L’Irlande n’est pas un cas isolé. Ces dernières semaines, de nombreux pays européens ont signalé des survols suspects de drones au-dessus d’infrastructures critiques :
- Bases militaires en Allemagne
- Centrales électriques en Suède et en Norvège
- Sites nucléaires en France
- Installations portuaires en mer Baltique
- Aéroports civils dans plusieurs capitales
Tous ces incidents présentent des similitudes troublantes : drones de taille moyenne, souvent équipés de caméras haute définition, opérant de nuit, et disparaissant avant l’arrivée des forces de l’ordre.
La guerre hybride : nouvelle doctrine russe ?
Le terme « guerre hybride » revient sans cesse dans la bouche des responsables européens. Il désigne l’utilisation combinée de moyens militaires non conventionnels (cyberattaques, désinformation, sabotage, drones espions) dans le but de déstabiliser sans déclencher ouvertement un conflit armé.
Dans le cas des drones, les objectifs possibles sont multiples :
- Collecte de renseignement sur les dispositifs de sécurité autour des dirigeants
- Test des temps de réaction des forces de police et militaires
- Intimidation psychologique
- Création d’un climat de suspicion permanent
Autant d’actions qui coûtent peu et rapportent beaucoup en termes d’incertitude.
La réponse irlandaise : enquête et fermeté
Dublin a réagi rapidement. Dès le vendredi suivant l’incident, la Garda a annoncé l’ouverture d’une enquête criminelle. Des unités spécialisées dans la lutte anti-drone ont été déployées autour des sites sensibles.
Parallèlement, le gouvernement irlandais – traditionnellement neutre – durcit le ton vis-à-vis de Moscou. L’expulsion de diplomates russes n’est plus un taboue, même si elle n’a pas encore été annoncée.
Vers une législation européenne anti-drones espions ?
Cet incident pourrait accélérer les discussions au niveau européen sur une réponse coordonnée. Plusieurs pistes sont évoquées :
| Mesure proposée | État d’avancement | |
| Création d’une task force européenne anti-drones | En discussion | |
| Harmonisation des systèmes de brouillage | Projet pilote en Allemagne | |
| Partage en temps réel des signalements | Plateforme en cours de développement | |
| Renforcement des sanctions contre les fabricants complices | Proposition française 2026 |
Ces mesures, si elles sont adoptées, pourraient changer radicalement la donne.
Et maintenant ?
L’incident de Dublin n’est probablement qu’un épisode d’une série qui ne fait que commencer. Tant que la guerre en Ukraine se poursuit, l’Europe doit s’attendre à une multiplication de ces actions grises, à la frontière du conflit ouvert.
La question n’est plus de savoir si le prochain incident aura lieu, mais où et quand.
Et surtout, elle pose une question de fond : jusqu’où l’Europe est-elle prête à tolérer ces provocations avant de répondre de manière plus ferme ? Car si les drones d’aujourd’hui ne portent pas d’armes, rien ne garantit qu’il en sera toujours ainsi demain.
Une chose est sûre : la visite de Volodymyr Zelensky en Irlande, censée être un moment de solidarité européenne, est devenue, malgré elle, le symbole d’une nouvelle forme de menace pesant sur le continent.
Et nous ne sommes qu’au début.









