C’était l’un des dossiers brûlants de l’été pour le football français : l’attribution des droits TV de la Ligue 1 pour les prochaines saisons. Après de longues tractations, un accord a finalement été trouvé in extremis ce dimanche entre la Ligue de Football Professionnel (LFP) et un duo composé de la plateforme britannique DAZN et de la chaîne qatarie beIN Sports. Si cet accord permet d’éviter le pire, à savoir un « écran noir » sur le championnat de France qui reprend dès le 16 août prochain, il laisse planer de nombreuses incertitudes pour les amateurs de ballon rond.
500 millions d’euros par an, mais à quel prix pour les fans ?
Le ticket DAZN – beIN Sports a mis sur la table pas moins de 500 millions d’euros annuels pour s’offrir la diffusion de la Ligue 1 pendant au moins deux saisons. DAZN récupère 8 des 9 matchs de chaque journée pour 400 millions, tandis que BeIN conserve son match premium pour 100 millions. Si ces montants font rêver les dirigeants de clubs, ils inquiètent en revanche les supporters.
Car la question que tout le monde se pose est : combien les fans devront-ils payer pour suivre leur championnat favori ? Alors que les offres d’abonnement se multiplient entre les différents diffuseurs, la facture risque de devenir salée pour accéder à l’ensemble des rencontres de L1.
DAZN, le grand gagnant qui fait peur
La plateforme de streaming DAZN, surnommée le « Netflix du sport », débarque en force sur le marché français en raflant 8 matchs par journée. Mais son modèle économique basé sur un abonnement mensuel sans engagement inquiète. Des tarifs allant de 30 à 40€ par mois auraient été évoqués, un montant considérable sachant qu’il faudra rajouter un abonnement beIN pour être exhaustif.
Les différentes offres, c’est le casse-tête pour s’y retrouver et un vrai budget pour les passionnés qui veulent tout suivre.
Un supporter de Ligue 1
La Ligue 1 mérite-t-elle ces tarifs élevés ?
Au-delà de la bataille des diffuseurs, c’est la question de l’attractivité de la Ligue 1 qui se pose. Avec un championnat en perte de vitesse sportivement ces dernières années, des stades qui peinent à se remplir dans certaines villes et une concurrence féroce des autres grands championnats européens, est-il justifié de faire payer si cher les droits TV aux fans français ?
- La L1 pointe à la 5e place des championnats au classement UEFA
- Baisse de 10% de l’affluence moyenne dans les stades en 5 ans
- Fuite des meilleurs joueurs français vers l’étranger
Alors que la Premier League anglaise, la Liga espagnole ou encore la Serie A italienne attirent toujours plus de stars mondiales, la Ligue 1 peine à rivaliser et à retenir ses meilleurs éléments chaque année. Un manque d’attractivité qui n’est pas sans conséquence sur la qualité du spectacle offert et l’intérêt des diffuseurs.
Quelle valorisation pour le foot français ?
Avec cet accord, la LFP a voulu sécuriser à court terme le financement des clubs, mis à mal par la crise sanitaire et le fiasco Mediapro. Mais à long terme, c’est tout le modèle économique du foot français qui est à repenser pour espérer une meilleure valorisation des droits TV.
Des stades plus modernes, une formation française mieux protégée, des moyens renforcés pour lutter contre la violence… Les chantiers sont nombreux pour redonner de l’attractivité à la Ligue 1 et convaincre les diffuseurs de miser plus haut à l’avenir. Faute de quoi, le football français risque de creuser encore plus l’écart avec le Big Four.
On ne peut pas avoir d’un côté des stades vétustes et des incidents chaque week-end, et de l’autre espérer vendre nos droits TV au prix fort.
Un dirigeant de club de L1
À l’heure actuelle, les regards des amateurs de football en France sont donc tournés vers DAZN et beIN Sports qui vont fixer dans les prochaines semaines leurs offres commerciales et tarifaires. Une annonce très attendue tant l’abonnement s’annonce salé pour les fidèles de la Ligue 1. Reste à savoir si la qualité sera au rendez-vous sur le terrain et en tribune pour justifier de tels montants. Car pour que le foot français retrouve son lustre d’antan, c’est un sursaut collectif qui est nécessaire.