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Droits TV du foot français : la Ligue 1 en péril ?

À 8 semaines de la reprise, le foot français n'a toujours pas de diffuseur TV. Un coup dur qui inquiète tout un écosystème et pousse le Sénat à ouvrir une enquête. Les clubs de Ligue 1 sont-ils en danger ? Décryptage d'une crise sans précédent qui menace l'avenir du ballon rond tricolore...

Le football français retient son souffle. À seulement huit semaines du coup d’envoi de la nouvelle saison de Ligue 1, aucun diffuseur TV n’a encore été trouvé pour retransmettre les matchs. Une situation inédite et préoccupante qui soulève de nombreuses inquiétudes sur l’avenir des clubs hexagonaux et pousse même le Sénat à ouvrir une commission d’enquête. Le ballon rond tricolore est-il au bord du gouffre ?

Un appel d’offres infructueux qui sème la panique

Tout a basculé le 30 mai dernier. Après l’échec cuisant de Mediapro en 2020 et la reprise des droits par Canal+ et Amazon, la Ligue de football professionnel (LFP) espérait repartir sur de bonnes bases avec un nouvel appel d’offres pour les saisons 2024-2028. Las, le verdict est tombé comme un couperet : un seul diffuseur, que la LFP n’a pas nommé mais qui serait Amazon selon L’Équipe, a fait une offre autour de 500 millions d’euros par an, loin des 1,1 milliard qu’espérait récolter la Ligue…

“Au moment où on se parle, je ne suis pas utopique, mais je reste optimiste”, a tenté de rassurer Jean-Pierre Caillot, le président du Stade de Reims.

– Jean-Pierre Caillot, président du Stade de Reims

Mais difficile de masquer l’inquiétude. Car les enjeux sont énormes pour les clubs, qui tirent une grande partie de leurs revenus des droits TV. Sans cette manne, c’est tout leur modèle économique qui risque de vaciller. “Il va falloir s’adapter, certains clubs vont peut-être disparaître”, ose même Wahi Anneuse, maître de conférences à l’Université de Lille dans un article des Échos. De là à imaginer des dépôts de bilan en série ?

Le Sénat s’empare du dossier

Face à l’ampleur de la crise, le Sénat a décidé de s’emparer du sujet. Une commission d’enquête sur la “financiarisation” du football professionnel français a été créée et a débuté ses auditions jeudi avec plusieurs dirigeants de clubs.

  • Objectif : faire la lumière sur les dérives du foot business et imaginer des solutions pour assainir le système.
  • “Nous devons nous interroger sur la gouvernance du football et sa capacité à se réformer”, a lancé le sénateur LR Michel Savin, président de la commission.

Car au-delà des droits télé, c’est bien un modèle en bout de course que pointent du doigt de nombreux observateurs. Entre inflation des salaires des joueurs et dépendance aux investisseurs étrangers, le football français semble avoir atteint ses limites.

Vers une ligue fermée ou un retour aux fondamentaux ?

Pour faire face, deux options semblent se dessiner. La première, dont rêvent certains “grands” clubs comme le PSG, serait de créer une Superligue européenne quasi-fermée, sur le modèle de la NBA, pour maximiser les revenus. Un projet très controversé, décrié par les supporters.

L’autre voie serait au contraire de prôner un retour aux fondamentaux, avec des clubs plus ancrés dans leurs territoires, des centres de formation renforcés et plus de redistribution. C’est ce que défendent de nombreux acteurs, comme la députée Aude Amadou dans un rapport parlementaire remis en mai.

“Il est temps de repenser totalement le modèle du football professionnel”, estime la députée, qui appelle à “mettre fin au foot-business”.

– Aude Amadou, députée

Alors, le foot français va-t-il sombrer ou se réinventer ? Réponse dans les prochaines semaines, avec les conclusions très attendues de la commission d’enquête du Sénat et la suite des négociations de la LFP avec les diffuseurs. Une chose est sûre : le ballon rond tricolore joue son avenir.

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