Imaginez-vous dans un aéroport grouillant de vie, où derrière les sourires fatigués des voyageurs se cache parfois un secret bien plus sombre. En Belgique, une nouvelle arme vient de faire son entrée dans la lutte contre le trafic de drogue : un scanner corporel capable de détecter en un temps record les boulettes de cocaïne ou d’héroïne avalées par les passeurs. Cette innovation, qui sera opérationnelle dès avril à Bruxelles, promet de changer la donne face à un fléau qui prend de l’ampleur. Mais comment fonctionne-t-elle, et pourquoi ce pays est-il devenu un carrefour si stratégique pour les narcotrafiquants ? Plongez avec nous dans cette révolution technologique et ses enjeux.
Une Technologie au Service de la Lutte Antidrogue
La Belgique n’a pas attendu longtemps pour muscler son arsenal contre le trafic de stupéfiants. À l’aéroport de Bruxelles-Zaventem, le plus grand du pays, un scanner corporel flambant neuf va bientôt entrer en action. Présenté récemment par un haut responsable des douanes, cet outil vise à repérer rapidement les substances illicites transportées à l’intérieur même du corps humain, une méthode aussi risquée pour les passeurs qu’efficace pour échapper aux contrôles classiques.
Pourquoi ce scanner change tout
Jusqu’à présent, suspecter un passager d’avoir ingéré des boulettes de drogue signifiait un détour obligatoire par l’hôpital. Une procédure longue, parfois jusqu’à trois heures, avec des radios et des attentes interminables. Avec ce nouvel équipement, tout change : en une heure seulement, les douaniers obtiennent une image claire, analysée à distance par un radiologue. Fini les allers-retours, place à une efficacité redoutable.
Là où le contrôle prenait jusqu’à présent trois heures, il ne prendra plus qu’une heure.
– Un responsable des douanes belges
Cette rapidité permet non seulement de gagner du temps, mais aussi d’augmenter le nombre de contrôles. Les vols en provenance de zones sensibles, comme certaines îles des Caraïbes, seront particulièrement visés. Une avancée qui pourrait bien faire trembler les réseaux criminels.
Un fléau en pleine expansion
Si la Belgique investit dans une telle technologie, ce n’est pas un hasard. En 2024, plus d’une tonne de cocaïne a été saisie rien qu’à l’aéroport de Bruxelles, un chiffre qui a explosé par rapport à l’année précédente. Ce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan d’un trafic qui fait de ce petit pays une plaque tournante en Europe. Mais pourquoi un tel boom ?
Les experts pointent du doigt la position géographique stratégique du pays, entre les ports majeurs comme Anvers et les grandes capitales européennes. Ajoutez à cela des méthodes de dissimulation de plus en plus audacieuses : bagages, vêtements, et surtout, le transport in corpore. Sur les cinq dernières années, un quart des saisies à l’aéroport concernait des boulettes ingérées ou insérées dans le corps.
- 1 tonne de cocaïne saisie en 2024 à Bruxelles-Zaventem.
- 5 fois plus qu’en 2023, une hausse vertigineuse.
- 25 % des dossiers impliquent des boulettes dans le corps.
Les passeurs : des profils sous surveillance
Qui sont ces individus prêts à risquer leur vie pour transporter de la drogue ? D’après une source proche des autorités, les profils varient selon la substance. Pour la cocaïne, les passeurs viennent souvent d’Amérique latine, tandis que l’héroïne est plus fréquemment associée à des voyageurs en provenance d’Afrique. Mais ce qui les trahit, ce sont parfois des détails anodins.
Imaginez un passager qui refuse de boire ou de manger pendant un vol de plusieurs heures. Ce comportement, combiné à des informations fournies par des partenaires étrangers, suffit souvent à alerter les douaniers. À l’arrivée, un test urinaire est la première étape, suivi, désormais, d’un passage au scanner si nécessaire.
Un danger mortel pour les mules
Transporter des boulettes dans son corps, c’est jouer avec le feu. Si l’emballage cède, c’est une overdose assurée, et la mort guette. Ce risque, bien réel, n’arrête pourtant pas les passeurs, poussés par la misère ou la promesse de gains rapides. En 2024, 21 personnes ont été arrêtées à Bruxelles avec des boulettes dans l’organisme. Combien n’ont pas eu cette chance ?
Fait marquant : Ce mode de transport est qualifié de “très dangereux” par les autorités, et pourtant, il ne cesse de croître.
Une première en Belgique, mais pas au monde
Si ce scanner corporel est une nouveauté dans les aéroports belges, il n’est pas une invention récente. Le Royaume-Uni, par exemple, utilise cette technologie depuis deux décennies. Ce retard peut surprendre, mais il s’explique par des priorités différentes et une montée en puissance récente du problème en Belgique. Aujourd’hui, le pays rattrape son retard avec ambition.
Les douaniers de Zaventem seront formés par une agence spécialisée dans le contrôle des appareils à rayons X. Une collaboration qui garantit une utilisation optimale et sécurisée de cette machine dernier cri.
Et après ? Les enjeux à venir
Ce scanner n’est qu’un début. Avec une détection plus rapide et plus précise, les autorités espèrent non seulement saisir davantage de drogue, mais aussi démanteler les réseaux qui se cachent derrière. Pourtant, les narcotrafiquants ne restent jamais immobiles : ils pourraient redoubler d’ingéniosité pour contourner cette nouvelle barrière.
Année | Cocaïne saisie | Arrestations liées aux boulettes |
2023 | 200 kg | Non précisé |
2024 | 1 tonne | 21 |
Ce tableau illustre l’urgence d’agir. Mais au-delà des chiffres, c’est une course contre la montre qui s’engage entre les autorités et les criminels. La question reste en suspens : ce scanner sera-t-il une arme décisive ou juste un nouvel obstacle à surmonter pour les trafiquants ?
En attendant, la Belgique envoie un message clair : elle ne compte pas rester un simple point de passage pour la drogue mondiale. Avec ce scanner, elle affirme sa volonté de reprendre le contrôle. Une histoire à suivre de près, car les prochains mois pourraient bien redessiner les routes du narcotrafic en Europe.