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Drame de Quévert : Deux Mineurs Avouent Avoir Tué un Jeune de 21 Ans

29 octobre 2024, RN176. Un bloc de béton tombe d’un pont et tue net William, 21 ans. Un an plus tard, deux adolescents de 17 ans passent aux aveux : « On voulait juste s’amuser »… Jusqu’où ira cette violence absurde ?

Il est 23 h 45, le 29 octobre 2024. Sur la RN176, à hauteur de Quévert dans les Côtes-d’Armor, la nuit est calme, la route presque déserte. Dans une Peugeot qui file vers Saint-Malo, William Buis, 21 ans, rit probablement avec son ami de 26 ans au volant. Une fraction de seconde plus tard, un bloc de béton de plusieurs kilos traverse le pare-brise. Le jeune homme n’a pas le temps de comprendre. Il meurt sur le coup.

Une soirée qui bascule en enfer

Ce soir-là, plusieurs témoins appellent les secours. Des objets tombent du pont qui enjambe la nationale, d’abord des petits, puis des plus lourds. Un deuxième véhicule est touché, son conducteur de 52 ans légèrement blessé. Quinze pompiers convergent sur place, rejoints en pleine nuit par le maire de Quévert, Philippe Landuré, bouleversé.

Sur le bitume, les gendarmes découvrent l’horreur : un pare-brise explosé, un jeune homme inerte, et autour de la voiture, des débris divers dont deux balles de golf. L’enquête s’oriente immédiatement vers un acte volontaire. Deux silhouettes ont été aperçues sur le pont par le premier appelant. Mais qui ? Et pourquoi ?

Un an d’enquête et un contrôle anodin qui fait tout basculer

Pendant près d’un an, l’enquête piétine malgré les profils ADN isolés sur la rambarde et les objets. Les gendarmes savent qu’ils cherchent deux jeunes hommes, mais les pistes s’épuisent.

C’est finalement en juillet 2025, à Dinan, à quelques kilomètres seulement, que tout s’accélère. Trois adolescents de 17 ans sont contrôlés alors qu’ils s’amusent à lancer des ballons d’eau sur les voitures. Un jeu stupide, déjà dangereux. Dans le sac de l’un d’eux, les gendarmes trouvent des pierres… et une balle de golf.

Le lien est fait immédiatement avec le drame de Quévert. Les bornages téléphoniques confirment le pire : les portables de deux des trois mineurs ont activé les relais de Quévert le soir du 29 octobre 2024, à l’heure exacte des faits.

Les aveux glacés des deux adolescents

Placées en garde à vue, les deux jeunes passent rapidement aux aveux. Leur récit est d’une froideur terrifiante :

Ils ont d’abord jeté diverses petites choses, puis des balles de golf. L’un a lancé une pierre sur une première voiture. L’autre a soulevé un bloc de béton servant à caler des panneaux de chantier et l’a laissé tomber sur la seconde voiture.

Ils n’ont pas vu le résultat. Ils sont repartis en riant, sans imaginer une seconde qu’ils venaient de tuer quelqu’un. « On faisait ça pour rigoler », diront-ils plus tard.

Sans antécédents judiciaires, issus de familles ordinaires, les deux adolescents sont présentés au parquet de Rennes. Une information judiciaire est ouverte pour homicide involontaire, destructions et dégradations en bande organisée.

Un phénomène qui n’est hélas pas isolé

Ce drame rappelle cruellement d’autres affaires. On pense immédiatement à la pierre jetée sur l’A7 en 2017 qui avait tué une fillette de 12 ans, ou encore au caillou lancé depuis une passerelle de l’A1 en 2022 qui avait grièvement blessé une mère de famille.

En dix ans, les forces de l’ordre recensent des centaines de jets de projectiles sur les routes françaises. Balles de golf, parpaings, bouteilles, frigos même parfois. La plupart du temps, les auteurs sont des adolescents en quête de sensations fortes.

Ce qui frappe, c’est l’absence totale de conscience du danger. Pour eux, une voiture qui passe à 110 km/h, c’est un jeu vidéo. Un pare-brise, c’est une cible. Ils ne voient pas les visages, les familles, les vies derrière.

William Buis, une vie fauchée à 21 ans

William habitait une commune voisine. Il travaillait, avait des projets, des amis, une famille qui l’aimait. Ce soir-là, il rentrait simplement d’une soirée. Rien ne laissait présager qu’il ne verrait pas le lendemain.

Son décès a laissé un vide immense. Ses proches, encore sous le choc un an après, ont dû apprendre que les responsables étaient deux garçons de l’âge qu’aurait eu William s’il avait continué à vivre normalement.

Le conducteur, son ami de 26 ans, a été hospitalisé en état de choc. Il a vu son passager mourir à côté de lui sans pouvoir rien faire. Il porte encore aujourd’hui le poids de cette nuit-là.

Que risque réellement les deux mineurs ?

À 17 ans, la justice des mineurs s’applique. Même pour un homicide, la peine maximale encourue est de vingt ans de réclusion criminelle, mais en pratique, les sanctions sont bien moindres quand il n’y a pas d’intention de tuer.

Les deux adolescents, sans casier, risquent une mesure éducative lourde ou une peine de prison aménagée. Beaucoup s’interrogent : est-ce suffisant face à la gravité irréversible de leur acte ?

La question de la responsabilité pénale des mineurs revient une nouvelle fois sur le devant de la scène. Jusqu’à quel âge peut-on encore parler de « bêtise » quand une vie est détruite ?

Comment empêcher que cela se reproduise ?

Depuis des années, les associations de prévention routière demandent des grillages systématiques sur les ponts au-dessus des voies rapides. Certaines régions les installent, mais pas toutes. Le coût est élevé, et tant qu’un drame ne touche pas une commune, rien ne bouge.

Il y a aussi la question de l’éducation et de l’ennui des adolescents dans certaines zones rurales ou périurbaines. Quand lancer des objets sur des voitures devient le seul « loisir » d’une soirée, c’est tout un modèle de société qui est à revoir.

Enfin, il y a la prise de conscience individuelle. Chaque parent, chaque éducateur, chaque jeune doit comprendre qu’un geste de quelques secondes peut détruire plusieurs vies à jamais.

William Buis avait 21 ans.
Il rentrait chez lui.
Il n’a rien fait pour mériter ça.
Deux adolescents ont trouvé drôle de jeter un bloc de béton depuis un pont.
Il est mort sur le coup.
Rien ne le ramènera.

Cette histoire est malheureusement banale dans sa mécanique, terrifiante dans ses conséquences. Elle nous renvoie à notre propre responsabilité collective. Car tant que des jeunes penseront que « rigoler » peut consister à mettre en danger la vie d’inconnus, d’autres William paieront le prix fort.

Au moment où vous lisez ces lignes, quelque part en France, un adolescent s’approche peut-être d’un pont avec une pierre dans la main.

Et si c’était votre enfant sur la route en dessous ?

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