Un an après le meurtre tragique de la petite Lisa, âgée de seulement 3 ans, dans l’Eure, l’enquête connaît de nouveaux développements bouleversants. Trois personnes supplémentaires viennent d’être mises en examen pour “non-dénonciation de mauvais traitements sur mineur”. Cette nouvelle étape judiciaire met en lumière les failles d’un entourage qui n’a pas su protéger cette enfant face à la violence inouïe qu’elle subissait.
Trois proches savaient mais n’ont rien dit
Selon le procureur de la République d’Évreux, Rémi Coutin, ces trois nouvelles personnes mises en cause sont la grand-mère maternelle de Lisa, le conjoint de celle-ci (donc le beau-père de la mère de Lisa), ainsi que la mère du compagnon de la mère de la fillette. Les investigations des gendarmes ont amené le juge d’instruction à considérer que ce cercle familial avait connaissance des sévices infligés à Lisa et à son grand frère, “au cours des mois qui ont précédé le décès”, mais n’a rien fait pour alerter les autorités.
Le silence face à l’horreur
La petite Lisa a été retrouvée dans la nuit du 23 au 24 septembre 2023 couverte d’hématomes sur tout le corps, certains anciens, d’autres plus récents, témoignant de la violence récurrente des coups portés par sa mère et le compagnon de celle-ci. Des blessures d’une gravité inouïe qui ont conduit au décès de l’enfant au CHU de Rouen où elle avait été transportée. Comment comprendre que des proches, au fait d’une telle maltraitance, aient choisi de se taire plutôt que de tenter de sauver Lisa de cet enfer ?
Il y a encore du chemin à faire en matière de protection de l’enfance et de prévention des violences familiales. Chacun doit prendre ses responsabilités.
– Marlène Schiappa, Secrétaire d’État chargée de l’Enfance
Un drame qui interroge sur les défaillances de la protection de l’enfance
Déjà en janvier dernier, la directrice et le directeur des écoles fréquentées par Lisa et son frère avaient été mis en examen pour non-dénonciation. Cette affaire tragique met en lumière les carences de tout un système de protection de l’enfance, où les signalements tardent ou n’arrivent pas, laissant des enfants livrés à leurs bourreaux. Il y a urgence à renforcer la formation des personnels au contact des enfants, à faciliter les signalements et leur suivi, pour éviter que d’autres drames comme celui de Lisa ne se reproduisent.
Le devoir de chacun face à la maltraitance
Au-delà des professionnels, c’est toute la société qui doit se mobiliser face à la maltraitance infantile. Parents, voisins, amis… Nul ne peut fermer les yeux sur la souffrance d’un enfant. Chacun a la responsabilité d’alerter lorsque des violences sont suspectées. Les peines encourues pour non-dénonciation sont certes moindres que pour les auteurs directs des sévices. Mais la honte et la culpabilité d’avoir laissé faire sont autant de sanctions morales qui pèseront à jamais sur ceux qui ont choisi de se taire.
Des peines symboliques pour un silence coupable
Dans le dossier Lisa, les trois mis en examen pour non-dénonciation encourent jusqu’à 3 ans de prison et 45 000 euros d’amende. Des peines relativement faibles comparées à la perpétuité qui pèse sur la mère et le beau-père de Lisa, mis en examen pour “homicide volontaire sur mineur de 15 ans” et placés en détention provisoire. Mais ce procès sera aussi celui des silences coupables et des inactions lâches. Aucune peine ne ramènera Lisa. Mais la Justice se doit de rappeler que face à la maltraitance d’un enfant, nous avons tous un rôle à jouer. Un rôle vital.