Imaginez-vous en vacances, soleil radieux, eau turquoise… et soudain, une vague monstrueuse qui surgit de nulle part et vous arrache à la vie en quelques secondes. C’est exactement ce qui s’est passé à Tenerife, dans l’archipel des Canaries, ce week-end prolongé. Quatre personnes ont perdu la vie dans des circonstances aussi brutales qu’imprévisibles.
Une sortie anodine qui vire au cauchemar
Dimanche, un groupe de touristes profite du pont espagnol pour découvrir les beautés sauvages de la côte nord de Tenerife. Direction Isla Cangrejo, un lieu connu pour sa piscine naturelle protégée par un muret en béton. Sur les photos, l’endroit semble paradisiaque. En réalité, ce jour-là, il était strictement interdit d’accès.
Les autorités avaient pourtant été claires : une pré-alerte houle avait été déclenchée sur l’ensemble des Canaries. Des vagues de 2 à 3,5 mètres étaient annoncées. Mais comme souvent, certains visiteurs ont voulu immortaliser l’instant, se rapprocher du bord, prendre la photo parfaite.
Une seule vague a suffi. Massive, puissante, elle a déboulé par-dessus le mur censé protéger la piscine et emporté plusieurs personnes dans l’océan déchaîné.
Le bilan humain, lourd et définitif
Le bilan initial faisait état de trois morts : deux hommes et une femme. Lundi, une quatrième victime a succombé à l’hôpital de Santa Cruz de Tenerife. Cette baigneuse, victime d’un arrêt cardiorespiratoire, avait pourtant été réanimée sur place avant d’être transportée en urgence.
Les nationalités confirment la dimension internationale de la tragédie : deux ressortissants roumains et deux slovaques. Des familles en vacances, venues profiter du climat doux des Canaries en décembre.
Une personne reste encore hospitalisée et un individu est toujours porté disparu, même si les secours précisent qu’il n’est pas certain qu’une cinquième personne ait été emportée.
Isla Cangrejo : le piège parfait
Sur le site officiel du gouvernement canarien, la description fait rêver : « Une piscine naturelle située dans un magnifique coin de côte, protégée des vagues par un mur en béton, idéale pour se baigner en famille ». Le texte ajoute pourtant, en petites lettres, qu’il faut « redoubler de prudence » en cas de forte houle.
Ce jour-là, la mer était tout sauf calme. L’Atlantique, face aux côtes africaines, peut se transformer en monstre en quelques minutes. Le muret, conçu pour les jours ordinaires, n’a rien pu contre une vague exceptionnelle.
Ces piscines naturelles, très prisées des touristes, sont en réalité des zones à risque élevé quand les conditions météorologiques se dégradent. Le contraste entre la tranquillité apparente de l’eau à l’intérieur et la violence de l’océan extérieur crée une illusion de sécurité mortelle.
Les alertes ignorées : un phénomène récurrent
Le gouvernement régional avait expressément déconseillé de s’approcher des zones côtières pour prendre photos ou vidéos. Des panneaux d’interdiction étaient posés. Des messages diffusés sur les réseaux et dans les médias locaux.
Malgré tout, la tentation du cliché parfait l’a emporté. Un comportement que les secours canariens constatent malheureusement trop souvent, surtout les week-ends prolongés et jours fériés où l’affluence explose.
Chaque année aux Canaries, plusieurs dizaines de personnes sont emportées par les vagues. La plupart des accidents surviennent dans des zones pourtant signalées comme dangereuses.
Pourquoi l’océan reste imprévisible
Les Canaries, bien que situées à la latitude du Sahara, sont exposées à l’alizé et aux dépressions atlantiques. En hiver, les houles venues du large peuvent atteindre des hauteurs impressionnantes en très peu de temps.
Ce qui rend ces accidents particulièrement tragiques, c’est leur brutalité. Une vague scélérate – ces murs d’eau imprévisibles – peut se former sans signe avant-coureur, même par temps apparemment calme au large.
Les sauveteurs le répètent : dix secondes d’inattention près d’une côte exposée peuvent suffire. Et quand la mer reprend ce qu’elle a prêté, elle ne fait pas de cadeaux.
Le tourisme face au danger naturel
Cet accident relance le débat sur la sécurisation des sites touristiques naturels. Faut-il fermer définitivement certaines piscines naturelles ? Installer des barrières plus hautes ? Multiplier les surveillants ?
Certains habitants regrettent que des lieux autrefois préservés soient devenus des attractions Instagram, attirant des visiteurs parfois peu conscients des risques. D’autres estiment que la responsabilité individuelle reste primordiale.
Ce qui est certain, c’est que ce drame ne sera probablement pas le dernier si les comportements ne changent pas.
Que retenir de cette tragédie ?
- Une alerte météo, même modérée, doit être prise au sérieux sur la côte.
- Une zone interdite l’est pour une raison : votre vie vaut plus qu’une photo.
- Les piscines naturelles ne sont jamais totalement à l’abri de l’océan.
- En cas de forte houle, restez à distance respectable du bord, même si l’eau semble calme.
- Les vagues scélérates existent et frappent sans prévenir.
Quatre familles sont aujourd’hui en deuil. Quatre vies fauchées en quelques instants pour un moment d’inattention. Derrière les cartes postales idylliques des Canaries se cache parfois une nature aussi belle que impitoyable.
La prochaine fois que vous serez tenté de franchir une barrière ou d’ignorer un panneau « danger », souvenez-vous de ce qui s’est passé à Isla Cangrejo. La mer ne pardonne pas.
Reposez en paix aux victimes de cette vague meurtrière. Et que leur mémoire nous rappelle à tous la plus élémentaire des prudences face à l’océan.









