Dans une société où les titres nobiliaires évoquent prestige et tradition, une affaire tragique vient ternir l’image d’une famille aristocratique britannique. Une jeune femme de 38 ans, issue d’une lignée historiquement liée à la royauté, et son compagnon, un homme au passé judiciaire trouble, ont été reconnus coupables de la mort de leur nouveau-né, Victoria. Ce drame, qui a captivé l’attention des médias britanniques, soulève des questions brûlantes sur la parentalité, les services sociaux et les choix désespérés d’un couple en fuite. Comment une histoire aussi dramatique a-t-elle pu se produire dans l’Angleterre contemporaine ?
L’histoire commence dans l’ombre, loin des projecteurs de la haute société. Le couple, vivant en marge des conventions, a tenté de soustraire leur bébé aux autorités après avoir perdu la garde de leurs quatre autres enfants. Leur cavale, marquée par des nuits dans des hôtels miteux et une tente en plein hiver, a conduit à une issue fatale. Ce récit, digne d’un roman noir, nous plonge dans les méandres d’une tragédie humaine où l’amour parental s’entremêle à des décisions fatales.
Un Procès à l’Old Bailey : La Vérité Éclate
Le tribunal de l’Old Bailey, célèbre pour ses affaires criminelles retentissantes, a été le théâtre d’un second procès qui a finalement permis de faire la lumière sur cette affaire. Après un premier procès en 2024 où les jurés n’avaient pas réussi à s’entendre après 72 heures de délibérations, un nouveau jury a unanimement reconnu le couple coupable d’homicide involontaire. Ce verdict, prononcé en juillet 2025, marque un tournant dans une affaire qui a secoué le Royaume-Uni.
Le couple avait déjà été condamné pour cruauté infantile et pour avoir dissimulé la naissance de leur enfant. Lors de ce second procès, des détails troublants ont émergé, notamment sur le passé violent du compagnon, Mark Gordon. Âgé de 51 ans, cet homme avait purgé une peine de 20 ans aux États-Unis pour un viol commis à l’adolescence. Ces révélations ont jeté une ombre supplémentaire sur une affaire déjà complexe.
Nous n’avons jamais voulu faire de mal à notre fille. C’était un accident, une tragédie.
Constance Marten, lors de son témoignage au tribunal
Une Cavale Désespérée à Travers le Royaume-Uni
En janvier 2023, le couple a entamé une fuite éperdue à travers le Royaume-Uni, tentant d’échapper aux services sociaux. Leur périple, qui les a menés de Manchester à Brighton, a été marqué par des choix extrêmes. Ils ont dépensé des centaines de livres en taxis, dormi dans des hôtels bon marché et, à un moment donné, se sont réfugiés dans une tente en plein hiver rigoureux. Cette vie de nomades, loin des fastes de l’aristocratie, illustre leur volonté de garder leur bébé à tout prix.
La découverte d’un placenta dans leur voiture abandonnée près d’une autoroute à Manchester a alerté les autorités. Cet indice macabre a déclenché une chasse à l’homme nationale, mobilisant les forces de police à travers le pays. Le 27 février 2023, le couple a finalement été arrêté à Brighton, dans le sud de l’Angleterre. Mais la tragédie ne s’arrête pas là.
La Découverte du Corps de Victoria
Le 1er mars 2023, les autorités ont fait une découverte bouleversante : le corps de la petite Victoria, âgée de quelques jours à peine, gisait dans un sac de supermarché abandonné dans un hangar. Cette image, à la fois banale et glaçante, a marqué les esprits. L’autopsie, bien que peu concluante, a suggéré deux hypothèses principales : la fillette aurait pu mourir d’hypothermie ou avoir été accidentellement étouffée par sa mère, qui se serait endormie sur elle.
Le couple a toujours nié les accusations de cruauté, insistant sur le caractère accidentel de la mort de leur fille. Selon eux, ils n’ont jamais cherché à lui faire du mal. Pourtant, les conditions extrêmes dans lesquelles ils vivaient – une tente en plein hiver, sans ressources stables – ont soulevé des questions sur leur capacité à assurer la sécurité de leur enfant.
La mort de Victoria est-elle le résultat d’un amour parental mal orienté ou d’une négligence criminelle ? Cette question continue de diviser l’opinion publique.
Un Passé Judiciaire Lourd de Conséquences
Le passé de Mark Gordon a joué un rôle clé dans la perception de cette affaire. Condamné à l’âge de 14 ans pour un viol aux États-Unis, il avait purgé une peine de 20 ans avant de s’installer au Royaume-Uni. En 2017, il a également été reconnu coupable d’avoir agressé deux policières dans une maternité galloise. Plus troublant encore, il était soupçonné de violences conjugales envers sa compagne, lui causant notamment une rupture de la rate alors qu’elle était enceinte.
Ces antécédents, partiellement révélés aux jurés lors du second procès, ont renforcé l’image d’un couple dysfonctionnel, incapable de garantir la sécurité de leur enfant. Pourtant, Constance Marten, issue d’une famille aristocratique prestigieuse, semblait être une figure improbable dans une telle tragédie. Son témoignage au tribunal a révélé une femme déchirée entre son amour pour ses enfants et les pressions des services sociaux.
Les Services Sociaux : Protecteurs ou Persécuteurs ?
Au cœur de cette affaire se trouve la question des services sociaux britanniques. Le couple, qui avait déjà perdu la garde de ses quatre autres enfants, vivait dans la peur constante de perdre Victoria. Cette méfiance les a poussés à vivre en marge, refusant toute aide extérieure. Mais cette décision, bien que motivée par l’amour, a conduit à une tragédie.
Les services sociaux, souvent critiqués pour leur approche rigide, sont au centre du débat. D’un côté, ils sont chargés de protéger les enfants vulnérables ; de l’autre, leur intervention peut parfois briser des familles. Dans ce cas précis, le couple a préféré la fuite à la coopération, un choix qui a scellé le destin de leur bébé.
Étape | Événement |
---|---|
Janvier 2023 | Début de la cavale du couple après la découverte du placenta. |
27 février 2023 | Arrestation à Brighton. |
1er mars 2023 | Découverte du corps de Victoria. |
Juillet 2025 | Verdict d’homicide involontaire. |
Une Tragédie qui Interroge la Société
Ce drame ne se limite pas à la salle d’audience de l’Old Bailey. Il met en lumière des problématiques sociétales profondes : la stigmatisation des parents en difficulté, le rôle des services sociaux, et les conséquences des choix extrêmes. La mort de Victoria, bien qu’accidentelle selon le couple, est le résultat d’une série de décisions désespérées prises dans un contexte de peur et de marginalité.
Le verdict, attendu pour le 15 septembre 2025, ne mettra pas fin aux débats. Pour beaucoup, cette affaire est un rappel brutal des failles du système de protection de l’enfance. Pour d’autres, elle illustre les dangers d’une vie en marge, où l’absence de soutien peut conduire à des conséquences irréversibles.
Ce n’est pas seulement une tragédie familiale, c’est un miroir tendu à notre société.
Un observateur anonyme au tribunal
En attendant la sentence, l’opinion publique reste divisée. Certains compatissent avec le couple, voyant en eux des parents désespérés. D’autres les jugent sévèrement, estimant que leurs choix ont directement conduit à la mort de leur fille. Une chose est certaine : l’histoire de Victoria continuera de hanter le Royaume-Uni, rappelant que derrière chaque drame se cache une complexe toile de circonstances.
Un drame qui pose une question universelle : jusqu’où iriez-vous pour protéger votre famille ?
Ce fait divers, bien que profondément tragique, est aussi une occasion de réfléchir. Les services sociaux doivent-ils revoir leur approche ? Les parents en difficulté ont-ils suffisamment de soutien ? Et comment une société peut-elle empêcher de tels drames à l’avenir ? Autant de questions qui, pour l’instant, restent sans réponse.
Alors que le couple attend sa sentence, l’histoire de Victoria restera gravée dans les mémoires comme un symbole des tensions entre liberté individuelle et protection de l’enfance. Une histoire qui, malgré son issue tragique, nous pousse à nous interroger sur nos valeurs et nos responsabilités collectives.