Il est un peu plus de 21 heures, ce mardi 9 décembre 2025, quand les riverains d’un quartier d’Athis-Mons entendent des cris, puis le silence lourd qui suit parfois le pire. Quelques minutes plus tard, les sirènes déchirent la nuit. Au sol, un jeune homme de 22 ans gît, le corps lacéré par plusieurs coups de couteau. Il respire encore. À peine.
Un drame qui glace le sang de tout un quartier
Les premiers témoins sont formels : la victime, prénommée Ali selon plusieurs sources locales, était consciente à l’arrivée des pompiers. Il parlait même. Mais dans un état second, il refusait catégoriquement de donner son identité. Un comportement qui intrigue encore les enquêteurs. Était-il terrorisé par d’éventuelles représailles ? Cherchait-il à protéger quelqu’un ? Ou simplement son esprit, choqué, ne parvenait-il plus à formuler les mots ?
Transporté en urgence vers l’hôpital Henri-Mondor de Créteil, son pronostic vital n’est initialement pas engagé. Les médecins pensent pouvoir le sauver. Puis, brutalement, tout bascule : arrêt cardiaque massif. Malgré les tentatives de réanimation, le jeune homme décède dans la nuit. L’annonce de sa mort tombe comme un couperet et plonge des dizaines de proches dans une douleur indescriptible.
Une scène de chaos digne d’une zone de guerre
Pendant que les secours tentent encore de maintenir Ali en vie sur place, le quartier s’enflamme. Des groupes de jeunes, visages parfois masqués, surgissent de nulle part. Très vite, les premiers mortiers d’artifice fusent en direction des policiers et des sapeurs-pompiers. Des explosions assourdissantes, des éclats lumineux qui zèbrent le ciel noir. Des riverains terrifiés se terrent chez eux, volets fermés.
« J’ai cru que c’était le Nouvelait recommencer comme en 2005 », confie une habitante d’une cinquantaine d’années, encore tremblante le lendemain matin. « Les mortiers partaient dans tous les sens, on entendait des cris, des insultes… C’était la panique totale. »
On n’ose même plus sortir le soir. On vit dans la peur permanente.
Une riveraine, sous couvert d’anonymat
Athis-Mons, une commune pourtant calme… en apparence
Située à une vingtaine de kilomètres au sud de Paris, Athis-Mons (Essonne) compte environ 35 000 habitants. Longtemps perçue comme une ville dortoir paisible, elle a vu, ces dernières années, une montée inquiétante de la délinquance dans certains quartiers. Trafic de stupéfiants, rivalités entre bandes, règlements de comptes : les faits divers violents se multiplient, même si la majorité des habitants continue de vivre tranquillement.
Ce nouveau meurtre à l’arme blanche vient tragically allonger une liste déjà trop longue. En 2024, l’Essonne a enregistré pas moins de 19 homicides, dont une grande partie liés à des affrontements entre jeunes des cités. Les couteaux, souvent des modèles de cuisine détournés ou des armes de type « Rambo », sont devenus l’arme privilégiée des règlements de comptes. Rapides à dégainer, difficiles à tracer, mortels à coup sûr.
Un refus d’identité qui pose question
Le fait que la victime ait refusé de décliner son identité aux premiers secours n’est pas anodin. Dans ce type d’affaires, deux hypothèses reviennent souvent :
- La peur des représailles sur sa famille ou ses proches si son nom était connu des agresseurs.
- Une volonté de ne pas coopérer avec les forces de l’ordre, par méfiance ou par code de la rue (« pas de balance »).
Certaines sources locales évoquent même la possibilité qu’Ali ait été connu des services de police pour des faits mineurs ou qu’il ait craint, en donnant son nom, de voir resurgir un vieux dossier. Rien n’est confirmé à ce stade, mais ce détail pourrait se révéler crucial pour comprendre le mobile.
L’enquête confiée à la police judiciaire
Dès les premières heures, la police judiciaire de l’Essonne a été saisie. Les enquêteurs passent actuellement le quartier au peigne fin : vidéosurveillance, témoignages, téléphonie, relevés ADN sur les douilles de mortiers… Tout est exploité. Plusieurs jeunes du secteur ont déjà été placés en garde à vue, mais aucun suspect principal n’a encore été formellement identifié.
Les enquêteurs privilégient pour l’instant la piste du règlement de comptes sur fond de trafic de drogue, hypothèse récurrente dans ce type d’agression nocturne. Mais d’autres pistes, plus personnelles (dette, jalousie, vengeance amoureuse), ne sont pas écartées.
Une jeunesse sacrifiée sur l’autel de la violence
À 22 ans, Ali avait encore toute la vie devant lui. Comme tant d’autres avant lui, il est devenu la énième victime de cette guerre silencieuse qui ronge certaines banlieues. Des jeunes qui, parfois dès 14 ou 15 ans, se retrouvent armés, impliqués dans des trafics, et finissent par terre, fauchés en pleine jeunesse.
Derrière les statistiques froides, il y a des familles détruites, des mères qui pleurent un enfant, des frères et sœurs qui grandiront avec un vide immense. Et une société qui, malgré les discours, semble incapable d’endiguer cette spirale.
On parle beaucoup de « sentiment d’insécurité », mais ici, c’est une réalité quotidienne. On a plus la guerre, c’est la survie.
Un éducateur de rue d’Athis-Mons
Et maintenant ?
Les habitants attendent des réponses. Ils attendent aussi des actes. Renforcement des patrouilles, vidéosurveillance supplémentaire, opérations anti-stups : les demandes fusent. Mais beaucoup savent que le problème est plus profond. Il touche à l’éducation, à l’emploi, à l’intégration, au désœuvrement d’une partie de la jeunesse.
En attendant, une veillée a été organisée ce mercredi soir en mémoire d’Ali. Des centaines de personnes, bougies à la main, ont marché en silence dans les rues du quartier. Un moment de recueillement poignant, ponctué de larmes et de colère contenue.
Ce drame d’Athis-Mons n’est malheureusement qu’un épisode de plus dans une longue série. Mais chaque fois, il nous rappelle cruellement que derrière les titres chocs, il y a des vies brisées. Et que l’urgence est plus que jamais là.
Combien de jeunes devront encore tomber avant que des solutions concrètes et courageuses soient enfin mises en œuvre ? La question mérite d’être posée. Haut et fort.
Au moment où nous publions ces lignes, l’enquête se poursuit. Nous ne manquerons pas de vous tenir informés des avancées dès qu’elles seront connues.









