C’est une polémique qui enfle sur les réseaux sociaux. Kiddy Smile, célèbre DJ français qui avait été invité à se produire à l’Élysée, a vivement critiqué un candidat de l’émission Drag Race France, diffusée sur France 2, l’accusant “d’appropriation culturelle”. En cause : le port de tresses africaines par ce concurrent. Une prise de position qui ne fait pas l’unanimité et relance le débat sur les frontières parfois ténues entre hommage, échange culturel et appropriation.
Kiddy Smile monte au créneau
C’est dans un tweet publié le 12 juillet que Kiddy Smile a exprimé son indignation. Partageant une photo d’un candidat de Drag Race France arborant de longues tresses plaquées, coiffure traditionnellement associée à la culture afro, le DJ n’y est pas allé par quatre chemins. Il dénonce un cas flagrant “d’appropriation culturelle”, accusant la production de l’émission et France 2 de cautionner cette pratique selon lui problématique.
Porter des tresses quand on est blanc, c’est de l’appropriation culturelle pure et simple. C’est irrespectueux envers la culture afro !
– Kiddy Smile sur Twitter
Le message de la star des platines a été abondamment commenté et partagé, certains saluant sa prise de position, d’autres la jugeant excessive voire contreproductive. Car la question de l’appropriation culturelle est éminemment complexe et clivante, la frontière entre échanges, emprunts légitimes et “pillage” de l’identité d’une minorité étant souvent difficile à situer.
Drag Race France pris dans la tourmente
L’émission Drag Race France, adaptation de la populaire franchise américaine RuPaul’s Drag Race, se retrouve bien malgré elle au cœur de cette controverse. Le programme, qui vise à couronner la “prochaine super star du drag français”, met en compétition des drag queens dans des épreuves mêlant créativité, humour et performance.
La production et France 2 n’ont pour l’heure pas réagi officiellement aux critiques de Kiddy Smile. Mais en coulisses, on s’interroge : faut-il y voir une maladresse ponctuelle d’un candidat ou le symptôme d’un problème plus large de représentation et de sensibilité aux questions identitaires ? Drag Race, sous ses airs futiles, a souvent été le théâtre de débats de société passionnés.
Échanges culturels ou appropriation ?
Au cœur de la polémique, la question de l’appropriation culturelle, notion apparue dans les années 80 et qui ne cesse depuis de faire débat. Si le concept est à géométrie variable, il dénonce généralement l’utilisation d’éléments d’une culture (vêtements, coiffure, pratiques…) par des membres d’une culture dominante, et ce de manière jugée illégitime ou irrespectueuse.
Mais la frontière est souvent ténue entre hommage, échange, inspiration et appropriation abusive. Pour certains, le port de tresses par un homme blanc, qui plus est dans le cadre d’un divertissement, relève de cette dernière catégorie. Pour d’autres au contraire, vouloir assigner telle coiffure ou tel vêtement à une communauté relève d’une forme d’essentialisme et nie la porosité des cultures.
Vers un débat apaisé ?
Une chose est sûre, la question soulevée par Kiddy Smile est complexe et mérite mieux que des invectives sur les réseaux sociaux. Car au-delà du cas de Drag Race France, c’est notre manière de penser le vivre-ensemble et la circulation des cultures qui est en jeu.
Faut-il “interdire” certains marqueurs culturels au nom du respect des minorités ou au contraire encourager les échanges au risque parfois de maladresses ? La nuance est sans doute, comme souvent, dans un entre-deux fait de dialogue, d’écoute et de respect mutuel. Un équilibre difficile mais nécessaire à trouver pour que la diversité soit une richesse et non un terrain de discorde.
La polémique autour de Drag Race France a le mérite de mettre ces enjeux sur le devant de la scène. Espérons qu’elle sera l’occasion non pas de nouvelles controverses stériles mais d’un débat constructif sur la manière de célébrer la diversité de nos identités sans pour autant les figer. Un défi de taille mais ô combien essentiel pour notre société.
