C’est un drame d’une violence inouïe qui a frappé deux villages de l’ouest du Niger cette semaine. Selon le bulletin des opérations militaires publié samedi soir par le ministère de la Défense nigérien, pas moins de 39 villageois ont trouvé la mort dans une double attaque menée par des jihadistes présumés dans les localités de Libiri et de Kokorou, dans la région de Téra.
D’après une source proche de l’armée, ces « criminels acculés par les opérations incessantes des forces de défense et de sécurité se sont lâchement attaqués à des populations civiles sans défense ». Le bilan humain, particulièrement lourd, fait état de « 39 personnes assassinées dont 18 à Kokorou et 21 à Libiri ». Parmi les victimes figureraient de nombreuses femmes et des enfants, ces derniers payant une fois de plus un lourd tribut à la barbarie des groupes armés qui sévissent dans la région.
Une armée déterminée à « traquer et neutraliser » les assaillants
Face à ces attaques d’une cruauté sans nom, les autorités locales ont tenu à exprimer leur « profonde indignation » et leur solidarité envers les familles endeuillées. Mais au-delà des mots, c’est une réponse forte que promet l’armée nigérienne. Selon le bulletin des opérations, les forces de défense ont « réaffirmé leur engagement à mettre en place toutes les mesures nécessaires pour traquer et neutraliser les auteurs de ces crimes ».
Des dispositions auraient d’ores et déjà été prises pour « renforcer la sécurité » dans les localités ciblées. Il faut dire que la région de Téra, théâtre de ces attaques sanglantes, a payé un lourd tribut ces derniers jours.
Une semaine noire pour la région de Téra
Avant ce double drame, c’était déjà 21 civils qui avaient perdu la vie la semaine dernière dans l’attaque d’un convoi de transport de marchandises dans cette même zone. Et si les autorités ont formellement démenti l’existence d’une attaque ayant fait 90 morts dans les rangs de l’armée à Chatoumane, toujours dans la région de Téra, une source sécuritaire occidentale contactée par l’AFP a toutefois confirmé un bilan aussi lourd qu’inquiétant de « 90 à 100 morts ».
Le Niger en proie aux violences jihadistes
Si l’intensité des récentes attaques marque les esprits, le Niger n’en est malheureusement pas à ses premières violences causées par les groupes jihadistes. Ce pays sahélien est en effet aux prises avec les exactions de groupes affiliés à Al-Qaïda ou à l’État islamique depuis près d’une décennie, au même titre que ses voisins malien et burkinabé.
Une menace grandissante qui pèse sur la stabilité de toute la région, d’autant que ces trois pays sont désormais tous dirigés par des juntes militaires arrivées au pouvoir par la force. Un changement de régime qui ne semble pas pour autant endiguer les violences, bien au contraire.
L’Alliance des États du Sahel en question
En réaction à la dégradation sécuritaire, le Niger, comme le Mali et le Burkina Faso avant lui, a pris ses distances avec la France pour se tourner vers la Russie. Ensemble, ils ont formé une confédération baptisée Alliance des États du Sahel (AES). Ce nouveau bloc, qui affiche son souhait de s’affranchir de la tutelle de l’ancienne puissance coloniale comme de l’influence des pays occidentaux, a même annoncé se retirer de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) en janvier dernier.
Mais si cette union sacrée des militaires au pouvoir se veut un rempart contre le terrorisme, son efficacité reste encore à prouver sur le terrain. Car en attendant, ce sont toujours les populations civiles qui paient le plus lourd tribut de la violence aveugle des groupes armés. Un constat amer qui sonne comme un défi immense pour les nouvelles autorités en place, sommées de traduire leurs promesses sécuritaires en actes. Les familles endeuillées de Libiri et de Kokorou ne demandent que ça.