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Douarnenez : tensions entre anciens habitants et nouveaux arrivants « néo »

Quand les « néo » débarquent à Douarnenez, ça crée des étincelles ! L'arrivée de jeunes urbains, artistes et militants dans cette petite cité ouvrière bretonne provoque des frictions avec les locaux. Un choc des cultures qui fait monter la pression, sur fond de gentrification et de tensions immobilières...

Au cœur du Finistère, la petite ville de Douarnenez et ses 14 000 âmes vivent au rythme des marées depuis des décennies. Mais ces dernières années, un vent nouveau souffle sur le port breton. L’arrivée d’une population « néo », composée de jeunes urbains, artistes et militants associatifs, attirés par l’esprit rebelle de la cité, vient bousculer le quotidien des Douarnenistes historiques. Une cohabitation parfois électrique entre deux mondes aux langages différents.

Le charme contestataire de Douarnenez

Tout commence en 2017, quand Leïla et deux amies parisiennes, lassées de la précarité de la capitale, jettent leur dévolu sur Douarnenez, séduits par son histoire ouvrière et son ambiance engagée. Pari audacieux : elles arrivent sans emploi, mais bien décidées à se reconvertir. En quelques années, la petite bande d’expatriés parisiens s’étoffe. Attirés comme un aimant, de plus en plus de trentenaires urbains posent leurs valises dans la cité Penn Sardin, rêvant d’une vie plus authentique et solidaire.

Renaissance ou gentrification ?

L’afflux de cette nouvelle population n’est pas sans conséquence sur la vie douarneniste. En quelques années, le visage de la ville se transforme :

  • Ouverture de galeries d’art, bars à vins nature, fromageries branchées
  • Fermeture de commerces populaires comme les PMU
  • Rénovation du port du Rosmeur et de ses cafés

Si certains se réjouissent de ce vent de fraîcheur qui dynamise l’économie locale, d’autres s’inquiètent d’une forme de gentrification rampante. La ville, surnommée « Montreuil-sur-Mer », voit les prix de l’immobilier s’envoler avec une hausse de 13% en un an. Un casse-tête pour les locaux, souvent modestes.

Culture et carnaval, pommes de discorde

Au-delà des questions économiques, c’est au niveau culturel que le bât blesse. Les modes de vie et combats des « néo » ne sont pas toujours compris des anciens. En 2022, le carnaval local vire au pugilat quand des nouveaux arrivants dénoncent des « blackfaces » dans le défilé. S’ensuivent pétitions, murs tagués et pneus crevés, symptômes d’un dialogue de sourds :

Ça a été une rencontre électrique entre des mondes qui ne parlent pas le même langage. Les termes de “blackface” ou d'”appropriation culturelle”, ça ne disait rien à ceux qui défilaient ici et ont eu l’impression qu’on leur faisait la leçon.

Françoise Pencalet, habitante

Rebelote en 2023, quand un groupe de « néo » s’oppose à l’arrivée de paquebots de croisière. La maire ne décolère pas contre ces « antitout » avec qui « aucun dialogue n’est possible ».

Douarnenez, laboratoire du vivre-ensemble ?

Malgré les frictions, beaucoup veulent croire que Douarnenez a les ressources pour dépasser le clivage néo/anciens. La ville, qui s’apprête à célébrer le centenaire de la grève emblématique des sardinières, entend bien rallumer la flamme solidaire pour souder sa communauté plurielle. L’enjeu : réussir la greffe entre l’âme ouvrière historique et le bouillonnement culturel alternatif, pour écrire ensemble une nouvelle page de la cité penn sardin. Un défi à la hauteur de l’esprit rebelle douarneniste.

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