Tout juste réélu pour un second mandat à la Maison Blanche, le président américain Donald Trump se retrouve déjà confronté à un défi de taille : se débarrasser une bonne fois pour toutes de l’embarrassante affaire Stormy Daniels qui le poursuit tel un spectre depuis sa première campagne victorieuse en 2016. Condamné au printemps dernier par un tribunal de New York pour avoir falsifié des documents comptables afin de dissimuler le versement de 130 000 dollars à l’actrice de films pour adultes, le milliardaire repubicain joue désormais son va-tout pour enterrer ce scandale sexuel avant sa réinvestiture le 20 janvier prochain.
Une épée de Damoclès judiciaire
Malgré son triomphe dans les urnes le 5 novembre, Donald Trump n’en a donc pas fini avec ses ennuis judiciaires. Outre l’affaire Stormy Daniels, le 47e président des États-Unis est actuellement inculpé dans trois autres dossiers, du jamais vu pour un locataire de la Maison Blanche. Une situation inédite et inconfortable qui menace de paralyser son début de mandat.
Face à cette épée de Damoclès, le clan Trump contre-attaque. Ses avocats ont demandé mardi 19 novembre à un juge new-yorkais d’abandonner purement et simplement les poursuites contre leur client, arguant qu’il ne pouvait être jugé au pénal du fait de son élection. À défaut, ils plaident pour un gel de la procédure jusqu’à la fin de son mandat en janvier 2029.
Circonstances exceptionnelles
Pour justifier leur requête, les avocats de Donald Trump invoquent les “circonstances exceptionnelles” posées par son statut de président en exercice. Impossible selon eux de le traîner devant un tribunal sans entraver sa capacité à gouverner et à remplir ses devoirs.
Le président Trump ne peut pas être empêché d’exercer son mandat à cause de ces poursuites infondées.
Déclaration des avocats de Donald Trump
Une interprétation extensive de l’immunité présidentielle qui fait débat. Comme le souligne le procureur Alvin Bragg, ce type de procédure relève de la justice d’un État, en l’occurrence celui de New York, et non de la justice fédérale sur laquelle le président a autorité. Pour autant, le magistrat s’est dit ouvert à un gel des poursuites jusqu’en 2029.
Vers une immunité élargie
Pour obtenir gain de cause, les avocats de Donald Trump s’appuient sur une décision rendue en juillet dernier par la Cour suprême des États-Unis. Dans un arrêt majeur, la haute juridiction à majorité conservatrice a considérablement élargi la portée de l’immunité présidentielle, offrant un boulevard au locataire de la Maison Blanche.
Reste à savoir si le juge en charge du dossier Stormy Daniels se rangera à cette doctrine ou s’il décidera de maintenir les poursuites contre le président. Une décision lourde de conséquences pour l’avenir judiciaire de Donald Trump et plus largement pour l’équilibre des pouvoirs outre-Atlantique.
Le verdict des urnes
Qu’il obtienne ou non l’abandon des poursuites, Donald Trump pourra en tout cas compter sur le soutien indéfectible de sa base électorale. Comme le souligne l’avocat Thomas Goldstein dans les colonnes du New York Times :
Le verdict ultime démocratique sur ces poursuites a été rendu par les électeurs. Malgré les poursuites, plus de 75 millions de personnes ont décidé de le renvoyer à la Maison Blanche.
Thomas Goldstein, avocat spécialiste de la Cour suprême
Un constat partagé par de nombreux observateurs. En portant à nouveau Donald Trump au pouvoir malgré ses déboires judiciaires, les Américains auraient en quelque sorte invalidé dans les urnes les poursuites contre le président, lui offrant une forme d’immunité politique.
Remaniement en vue au ministère de la Justice
Qu’importe au fond le verdict du juge dans l’affaire Stormy Daniels. Une fois réinstallé à la Maison Blanche, Donald Trump aura les coudées franches pour remodeler le ministère de la Justice à sa main. Selon des sources concordantes, le président élu envisage de nommer trois de ses avocats personnels à des postes clés.
- Todd Blanche et Emil Bove, qui l’ont défendu dans le procès Stormy Daniels, sont pressentis pour de hautes fonctions.
- Un autre avocat pourrait prendre la tête du FBI ou devenir procureur général, avec le pouvoir d’enterrer les affaires embarrassantes.
Avec une telle Dream Team, Donald Trump a de quoi voir venir. Quoi qu’en décident les juges, il semble bien parti pour tourner définitivement la page des scandales et gouverner en toute impunité pendant les quatre prochaines années.
Réélu haut la main en dépit de toutes les casseroles judiciaires qui s’accrochaient à lui, Donald Trump semble plus que jamais Teflon. Après avoir échappé à une destitution durant son premier mandat puis survécu à un procès pénal en pleine campagne, l’ex-magnat de l’immobilier s’apprête à franchir un nouveau cap en tentant de dynamiter les poursuites grâce à son immunité présidentielle. Un pari osé mais qui pourrait bien payer, vu le soutien sans faille que lui vouent ses partisans et la mainmise qu’il s’apprête à exercer sur le ministère de la Justice. À moins d’un improbable sursaut du juge en charge du dossier Stormy Daniels, Donald Trump a de bonnes chances d’enterrer définitivement ce scandale sexuel et d’apparaître plus intouchable que jamais. De quoi lui laisser les mains libres pour dérouler son programme lors de son second mandat.
