En pleine crise politique au Canada, le président élu américain Donald Trump a remis sur la table son idée controversée de faire du pays voisin le 51e État américain. Une déclaration qui passe très mal du côté d’Ottawa, déjà en proie à de vives tensions.
Trump persiste et signe
Malgré le tollé suscité lorsqu’il avait évoqué ce projet pour la première fois début décembre devant le Premier ministre canadien Justin Trudeau, Donald Trump a réitéré publiquement son souhait d’annexer le Canada aux États-Unis. Sur sa plateforme Truth Social, le président élu a qualifié cette idée d’« excellente », estimant que les Canadiens « économiseraient massivement sur les impôts et la protection militaire ».
Un message aussitôt très mal reçu au Canada, en proie à une grave crise politique depuis la démission surprise de la vice-Première ministre Chrystia Freeland lundi. Celle-ci avait claqué la porte du gouvernement en raison de profonds désaccords avec Justin Trudeau sur la gestion de la guerre commerciale qui s’annonce avec les États-Unis.
Une souveraineté menacée ?
De nombreux responsables politiques canadiens voient dans les propos de Donald Trump une volonté assumée de s’ingérer dans les affaires du Canada et d’affaiblir sa souveraineté. Beaucoup y voient une forme d’humiliation, certains évoquant même des menaces à peine voilées.
Donald Trump appuie là où ça fait mal.
Gerry Butts, ancien conseiller de Justin Trudeau
Si l’idée d’une union plus étroite avec les États-Unis a déjà été débattue par le passé au Canada, la perspective de voir Donald Trump aux manettes à Washington est perçue comme un repoussoir par une large majorité de la classe politique.
Ottawa tente l’apaisement
Face à la bronca, le gouvernement Trudeau tente de calmer le jeu. Le nouveau ministre des Finances Dominic Leblanc s’est voulu rassurant, assurant que malgré les déclarations intempestives de Donald Trump, les discussions restaient « productives » avec l’équipe de transition américaine.
Ottawa a d’ailleurs présenté mardi un plan d’investissement pour renforcer la sécurité à la frontière, une demande de longue date de Washington. Mais cela suffira-t-il à apaiser un Donald Trump déterminé à bousculer son voisin du nord ?
L’avenir du Canada en question
Au-delà de la provocation, la sortie de Donald Trump révèle la position de faiblesse dans laquelle se trouve le Canada face à son puissant voisin. Extrêmement dépendant des États-Unis sur le plan économique, le pays se retrouve en première ligne face aux velléités protectionnistes du futur président.
Avec une crise politique qui paralyse le gouvernement et des relations avec Washington au plus bas, c’est l’avenir même du Canada en tant que nation souveraine et unie qui semble aujourd’hui en jeu. Justin Trudeau joue très gros dans la bataille qui s’annonce avec Donald Trump, pour ne pas apparaître comme celui qui aura bradé l’indépendance du pays.