À seulement 10 jours de l’élection présidentielle américaine qui s’annonce comme l’une des plus serrées de l’histoire, le candidat républicain Donald Trump surprend en refusant de mettre le cap au centre. Alors que sa rivale démocrate Kamala Harris multiplie les appels du pied à l’électorat modéré, l’ancien président persiste et signe avec une rhétorique toujours plus incendiaire.
Une stratégie à contre-courant mais assumée
Plutôt que de chercher à séduire les indécis et les républicains centristes, Donald Trump préfère galvaniser sa base électorale avec des propos au vitriol. Lors de ses meetings de campagne qui réunissent des foules de fidèles, il qualifie les migrants d’« assassins » et de « terroristes » et s’en prend violemment à Kamala Harris, traitée d’« idiote » qui devrait « passer un test cognitif ».
Une ligne assumée donc, même si elle lui aliène une partie des cadres républicains. Son ancien vice-président Mike Pence et l’ex-chef de cabinet John Kelly font partie de ceux qui le critiquent ouvertement, ce dernier estimant même que Trump « répond à la définition d’un fasciste ».
Essayer de mettre cap au centre est inutile. Son parti va s’unifier autour de lui.
Julian Zelizer, professeur à Princeton
Capter l’attention et courtiser les jeunes électeurs
Selon les experts, cette rhétorique très agressive relève d’un calcul mûrement réfléchi. Jouissant d’une notoriété bien supérieure à celle de Kamala Harris, Trump mise tout sur la mobilisation de son socle électoral. Ses diatribes lui permettent aussi d’accaparer l’attention médiatique et de faire des appels du pied à une cible jusqu’ici peu convoitée : les jeunes hommes sensibles à son discours viriliste.
En plus de vidéos sur TikTok avec des stars de MMA ou d’échanges avec des influenceurs adeptes des cryptomonnaies, le milliardaire a multiplié les interviews avec de jeunes podcasteurs, prompts à s’esclaffer de ses piques acerbes et de ses imitations de dirigeants étrangers. Une offensive de charme qui culminera avec son passage très attendu dans le podcast de Joe Rogan, connu pour son style combatif et provocateur.
Le pari risqué de délaisser les seniors
Si cette stratégie peut sembler payante pour capter un électorat jeune et masculin qui vote habituellement peu, elle comporte aussi des risques. En snobant les seniors, champions de la participation électorale, Donald Trump pourrait pâtir de sa rhétorique clivante et outrancière.
Face à Kamala Harris qui lisse son image pour rallier les républicains modérés, Donald Trump joue donc une partition à contre-emploi, persuadé que sa personnalité polarisante est la clé de sa victoire. Verdict dans 10 jours, au soir d’un scrutin qui pourrait bien se jouer à une poignée de voix dans une poignée d’États clés.
