Le président élu américain Donald Trump a créé une vive polémique ce samedi en s’en prenant vivement aux droits de passage « ridicules » que doivent payer les navires américains pour emprunter le canal de Panama. Allant plus loin, il a même menacé d’exiger la reprise du contrôle de cette voie maritime stratégique par les États-Unis. Une déclaration choc qui soulève de nombreuses questions sur la souveraineté du Panama et les enjeux géopolitiques et commerciaux liés à ce canal.
Le canal de Panama, un enjeu stratégique majeur
Achevé en 1914 par les États-Unis, le canal de Panama est un ouvrage d’ingénierie impressionnant permettant de relier les océans Atlantique et Pacifique. Long de 77 km, il représente un raccourci précieux pour le trafic maritime mondial, évitant aux navires un détour périlleux par le sud de l’Amérique latine. Pas moins de 5% du commerce international transite par le canal, en particulier entre l’Asie et la côte est des États-Unis.
Après avoir été sous contrôle américain pendant près d’un siècle, le canal a été rétrocédé dans son intégralité au Panama en 1999, suite à un accord signé en 1977 par le président Jimmy Carter. Une passation de pouvoir qui semble aujourd’hui remise en cause par Donald Trump, estimant que les droits de passage payés par la marine et les entreprises américaines sont bien trop élevés.
Trump dénonce une « arnaque totale » et agite le spectre chinois
Dans un message publié sur son réseau Truth Social, le milliardaire républicain, qui doit succéder au démocrate Joe Biden le 20 janvier prochain, n’y est pas allé de main morte. Qualifiant les droits de passage de « ridicules », il a estimé que le traitement réservé à la marine et au commerce américains était « particulièrement injuste ». « Cette arnaque totale de notre pays cessera immédiatement », a-t-il promis.
Donald Trump a également pointé du doigt l’influence croissante de la Chine sur le canal de Panama, sans pour autant étayer ses propos. « C’était seulement au Panama de le gérer, pas à la Chine ou à qui que ce soit d’autre », a-t-il martelé, ajoutant: « Nous ne le laisserions ni le laisserons JAMAIS tomber entre de mauvaises mains! »
Menace d’une reprise de contrôle unilatérale
Mais la déclaration la plus fracassante de Donald Trump concerne sa menace à peine voilée d’une reprise de contrôle du canal par les États-Unis si le Panama n’est pas en mesure d’en assurer « le fonctionnement sûr, efficace et fiable ». « Nous exigerons alors que le canal de Panama nous soit restitué, en totalité, et sans discuter », a-t-il asséné.
Une perspective qui fait l’effet d’une bombe dans la région et qui a de quoi inquiéter les autorités panaméennes, même si ces dernières n’ont pas encore officiellement réagi. Le canal représente en effet une manne financière considérable pour le petit pays d’Amérique centrale. Pour la seule année fiscale écoulée, il a généré un chiffre d’affaires record de près de 5 milliards de dollars.
Des réactions internationales attendues
Les propos de Donald Trump devraient susciter de vives réactions de la communauté internationale dans les prochains jours. La Chine, mise en cause, pourrait être tentée de monter au créneau, de même que les pays d’Amérique latine, traditionnellement attachés au principe de souveraineté et prompts à dénoncer toute ingérence américaine dans la région.
Reste à savoir quelle sera la portée réelle de cette nouvelle polémique une fois que le bouillonnant président républicain aura pris ses fonctions. S’agit-il d’une simple posture destinée à flatter son électorat ou d’une véritable remise en cause des traités internationaux ? Une chose est sûre: le dossier du canal de Panama sera scruté de près et pourrait bien empoisonner les relations déjà tendues entre les États-Unis et l’Amérique latine.
Le canal en quelques chiffres clés
- Construit entre 1904 et 1914
- Longueur totale: 77 km
- Largeur minimale: 91 m
- 3 jeux d’écluses: Miraflores, Pedro Miguel et Gatún
- Temps de transit moyen: 8 à 10 heures
- Trafic annuel: environ 14 000 navires
- Record de tonnage en 2021: 516,7 millions de tonnes
Le canal de Panama demeure un joyau stratégique convoité dont l’avenir est plus que jamais suspendu aux décisions de Washington. Entre nécessaire coopération, tentation interventionniste et rivalités géopolitiques, le casse-tête est loin d’être résolu pour cet ouvrage plus que centenaire mais toujours au cœur des enjeux mondiaux.
