ActualitésInternational

Donald Trump, le « président sauvé par Dieu » à Notre-Dame

Le retour de Donald Trump sur la scène internationale à Notre-Dame symbolise le début de son nouveau mandat. Mais savez-vous à quel point la religion chrétienne est centrale dans sa carrière politique ?

Quelle place occupe la religion dans le parcours politique de Donald Trump ? C’est la question que beaucoup se posent suite à sa présence remarquée lors de la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Un événement hautement symbolique qui signe le début de son second mandat, avant même son investiture officielle prévue le 20 janvier prochain. Décryptage d’une relation complexe et ancienne entre l’ancien et futur locataire de la Maison Blanche et la foi chrétienne.

Une figure providentielle pour la droite religieuse

Bien qu’il n’ait jamais été un parangon de vertu chrétienne dans sa vie personnelle, Donald Trump a rapidement été adopté par les milieux conservateurs religieux dès son entrée en politique. Pourquoi un tel engouement ? Tout simplement parce que le milliardaire représente pour eux l’homme providentiel, envoyé par Dieu pour redresser l’Amérique selon leurs valeurs. Un narratif qu’il s’est empressé d’entretenir avec des déclarations-chocs, comme lorsqu’il affirmait en meeting que la Bible était son livre préféré.

Donald Trump est l’élu de Dieu, j’en suis convaincu. Il est là pour sauver notre nation chrétienne.

Un militant pro-Trump à la Convention Républicaine de 2016

Une relation gagnant-gagnant

Mais plus qu’une véritable piété, c’est avant tout un sens politique aiguisé qui guide Donald Trump dans son rapprochement avec les chrétiens conservateurs. Ces derniers représentent en effet un électorat fidèle et mobilisé, qui n’hésite pas à se rendre massivement aux urnes. Un soutien crucial qui a largement contribué à sa victoire surprise de 2016 face à Hillary Clinton. En retour, le président leur a offert des gages importants, comme la nomination de deux juges conservateurs à la Cour Suprême ou encore le déménagement de l’ambassade américaine à Jérusalem.

Une relation gagnant-gagnant qui devrait se poursuivre lors du second mandat de Donald Trump. D’après des sources proches de son équipe de transition, plusieurs personnalités issues de la droite chrétienne seraient pressenties pour des postes clés au sein de la future administration. Parmi elles, on retrouverait notamment le télévangéliste Robert Jeffress, fervent supporter de la première heure, pressenti pour devenir conseiller spécial du président pour les affaires religieuses.

La nouvelle droite chrétienne, entre politique et prophéties

Au-delà des cercles évangéliques traditionnels, c’est toute une nouvelle mouvance politico-religieuse qui s’est développée ces dernières années en soutien à Donald Trump. Inspirés par les thèses complotistes de QAnon et les prophéties apocalyptiques, ces groupes voient en l’ancien président une figure messianique, seul rempart face aux forces du mal incarnées par ses opposants démocrates et les élites mondialistes. Un soutien inconditionnel qui s’est notamment illustré lors de l’assaut du Capitole, le 6 janvier 2021.

Donald Trump a été choisi par Dieu pour sauver l’Amérique du Nouvel Ordre Mondial sataniste. Son retour au pouvoir est écrit, c’est notre Grand Réveil !

Liz, militante du mouvement pro-Trump Jericho March

Si Donald Trump a pris soin de garder ses distances avec les franges les plus radicales de ses supporters, il n’en a pas moins su leur envoyer des signaux très clairs. Son ancien conseiller Michael Flynn, devenu une figure tutélaire de la nouvelle droite religieuse, est régulièrement invité à s’exprimer lors de ses meetings. Quant à son discours sur le retour de l’Amérique à sa grandeur originelle, il fait écho aux thèmes du nationalisme chrétien, pour qui les États-Unis sont une nation divinement élue.

Vers une présidence sous le signe de la religion ?

Avec une base électorale aussi acquise à sa cause, difficile pour Donald Trump de faire marche arrière sur le terrain religieux. Tout indique au contraire qu’il compte bien approfondir ses liens avec les chrétiens conservateurs lors de son prochain mandat. Son entourage évoque d’ores et déjà la création d’un « Conseil consultatif sur la foi et les opportunités » à la Maison Blanche, chargé de conseiller le président sur les sujets de société au prisme des valeurs chrétiennes.

Mais jusqu’où ira cette influence grandissante de la religion sur la politique ? C’est tout l’enjeu des années à venir. Si Donald Trump a jusqu’ici surtout utilisé la foi de manière transactionnelle pour s’assurer des soutiens électoraux, certains craignent une radicalisation idéologique lors de son second mandat. Une dérive théocratique contre laquelle mettent en garde des élus démocrates, mais aussi des figures républicaines modérées.

Sous couvert de défendre les valeurs chrétiennes, Donald Trump et ses alliés sont en train de saper dangereusement le principe de séparation de l’Église et de l’État. Il est plus que temps de dire stop !

Adam Kinzinger, représentant républicain de l’Illinois

Une crainte renforcée par la tournure de plus en plus messianique prise par les meetings de Donald Trump. Comme lors de son dernier rassemblement dans l’Arizona où il déclarait avoir été « choisi » pour sauver le pays. Un propos accueilli par un tonnerre d’applaudissements et de cris « Gloire à Dieu » venus de la foule. De quoi donner un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler l’Amérique lors des quatre prochaines années.

Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : avec un président qui n’hésite plus à se présenter comme l’élu de la Providence et une frange de plus en plus importante de la population américaine qui le voit comme un sauveur, la religion chrétienne continuera à jouer un rôle central sur la scène politique aux États-Unis. Reste à savoir quelle forme, quelles limites et quelles conséquences aura ce grand retour du religieux au cœur du pouvoir.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.