C’est un pari diplomatique audacieux qu’Emmanuel Macron s’apprête à tenter. Le président français vient en effet d’inviter Donald Trump, le prochain locataire de la Maison Blanche, à assister à la cérémonie de réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, prévue dans un mois. Une invitation surprenante à plus d’un titre, qui envoie un signal fort sur la volonté de la France de renouer rapidement le dialogue avec les États-Unis après une élection présidentielle américaine mouvementée.
Une cérémonie symbolique pour un nouveau départ
Le choix de Notre-Dame pour cette rencontre au sommet n’est pas anodin. Monument emblématique de Paris et de la France dans le monde entier, la cathédrale, dévastée par un incendie en 2019, rouvrira ses portes après de longs travaux de rénovation. Un symbole de renaissance et de résilience qui sied parfaitement à l’objectif affiché de cette invitation : tourner la page des tensions passées et ouvrir un nouveau chapitre des relations franco-américaines.
En conviant Donald Trump à cet événement unique un mois avant son investiture officielle, Emmanuel Macron fait aussi le pari de capter l’attention du bouillonnant président américain, connu pour son goût du faste et des honneurs. Une manière habile de prendre les devants et de poser les jalons d’une relation constructive, malgré les profondes divergences qui avaient marqué le premier mandat de Trump.
Un retour remarqué sur la scène internationale
Pour Donald Trump, cette visite d’État express à Paris constituera son grand retour sur la scène internationale, après des mois de relatif effacement depuis sa défaite en 2020. Un come-back en grande pompe qui ne manquera pas d’attirer tous les regards, à commencer par ceux de ses alliés et adversaires.
Avec cette invitation, Emmanuel Macron signale clairement que le second mandat Trump a, dans les faits, déjà commencé.
Analyse un diplomate européen
Une manière pour le président français de reconnaître le pouvoir retrouvé de son homologue américain et de se positionner en interlocuteur incontournable. Mais aussi un moyen de prendre de vitesse les autres dirigeants mondiaux qui, eux aussi, cherchent à se faire une place dans l’agenda de la nouvelle administration Trump.
Des enjeux multiples pour une rencontre scrutée
Au-delà de l’émotion et du symbolisme, cette rencontre Macron-Trump à Notre-Dame sera scrutée de près. De nombreux dossiers brûlants attendent en effet les deux dirigeants :
- La guerre en Ukraine et le positionnement à adopter face à la Russie de Poutine
- La lutte contre le terrorisme et la situation au Moyen-Orient
- Les grands défis mondiaux comme le dérèglement climatique ou les pandémies
- La question épineuse des droits de douane et des relations commerciales
Autant de sujets sur lesquels Emmanuel Macron espère pouvoir engager un dialogue constructif avec son imprévisible homologue. Quitte à mettre de côté, pour un temps, les profondes divergences de vues qui avaient émaillé leurs échanges par le passé.
Car si les deux hommes ont affiché publiquement leurs désaccords, en particulier sur le climat ou le multilatéralisme, ils ont aussi su tisser une relation personnelle singulière, mêlant fascination et défiance. Une alchimie complexe que Macron semble décidé à réactiver, pour tenter d’infléchir – ou du moins de comprendre – la ligne diplomatique souvent imprévisible de Washington.
Quel accueil des Français ?
Mais cette invitation ne fait pas l’unanimité dans l’Hexagone. Si certains saluent le sens tactique d’Emmanuel Macron, d’autres y voient une forme de précipitation, voire de soumission face à l’Amérique trumpienne. La venue annoncée du sulfureux président suscite déjà des appels à manifester.
Le gouvernement, lui, assume ce choix. « Dans un monde instable et dangereux, nous avons besoin d’alliés forts, même s’ils sont parfois difficiles », confie un conseiller de l’Élysée. « L’amitié franco-américaine a connu des hauts et des bas, mais elle demeure essentielle ». Pas question donc de bouder Donald Trump, aussi clivant soit-il.
Cette visite éclair sera en tout cas un test pour le flair diplomatique d’Emmanuel Macron. Sa capacité à établir une relation de confiance avec le tempétueux Donald Trump, sans pour autant renier les valeurs et intérêts de la France, sera scrutée. Un numéro d’équilibriste périlleux, avec pour toile de fond le chantier titanesque de Notre-Dame. Le président français est prévenu : avec Trump, il faudra jouer serré. Et éviter à tout prix que la réouverture de la cathédrale ne se transforme en rendez-vous manqué.