Alors qu’il s’apprête à entamer son second mandat à la Maison Blanche, le président élu Donald Trump doit d’abord faire face aux conséquences de son passé. Une cour d’appel de New York vient en effet de confirmer sa condamnation à payer 5 millions de dollars à Elizabeth Jean Carroll, une ancienne chroniqueuse qu’il avait agressée sexuellement dans les années 90 et diffamée lorsqu’elle avait révélé les faits en 2019.
Retour sur une affaire qui entache l’image du 47e président des États-Unis, quelques semaines seulement avant son investiture.
L’affaire Elizabeth Jean Carroll, une ombre sur la présidence Trump
C’est un lourd passif que traîne Donald Trump alors qu’il s’apprête à retrouver le Bureau ovale. En mai dernier, le tribunal fédéral civil de Manhattan l’avait déjà jugé responsable d’une « agression sexuelle » sur Elizabeth Jean Carroll, une ancienne chroniqueuse pour le magazine Elle. Les faits se seraient déroulés dans un grand magasin new-yorkais en 1996.
Dans un livre publié en 2019, soit 23 ans après les faits présumés, Mme Carroll avait dénoncé ce qu’elle considérait être un viol, commis par Donald Trump dans une cabine d’essayage. Face à ces accusations, le milliardaire républicain avait multiplié les attaques, traitant notamment l’octogénaire de « tarée » qui aurait monté une « affaire bidon ».
Pour ces propos diffamatoires tenus en 2022, et pour l’agression sexuelle elle-même, le tribunal civil avait condamné M. Trump à verser 5 millions de dollars de dommages et intérêts à Elizabeth Jean Carroll. Un verdict dont il avait fait appel, mais que la justice vient de confirmer.
Pas de victoire en appel pour Donald Trump
Lundi, une cour d’appel de New York a en effet rendu une ordonnance rejetant l’appel de Donald Trump. « Nous sommes parvenus à la conclusion que M. Trump n’a pas démontré que le tribunal s’était trompé dans ses décisions aujourd’hui contestées », ont écrit les trois juges.
Cette décision vient s’ajouter à une autre affaire perdue par l’ancien et futur président. Le 26 janvier dernier, le tribunal fédéral civil de New York avait aussi condamné M. Trump à verser l’énorme somme de 83,3 millions de dollars à Mme Carroll, toujours pour diffamation. Cette condamnation fait aussi l’objet d’un appel.
Des centaines de millions d’amendes au civil malgré les abandons au pénal
Si l’horizon judiciaire de Donald Trump s’est quelque peu dégagé depuis sa réélection en novembre, avec l’abandon de nombreuses procédures fédérales au pénal liées notamment à ses agissements lors de sa défaite à la présidentielle de 2020, l’ancien homme d’affaires reste lourdement condamné au civil.
Entre les affaires Carroll et celles liées à son groupe Trump Organization, les amendes se chiffrent en centaines de millions de dollars. Des condamnations dont il n’a pour l’instant pas réussi à s’extraire sur la base de son immunité d’ancien et futur président.
Le 30 mai dernier, Donald Trump était aussi devenu le premier ex-président américain condamné au pénal, par la justice de l’État de New York, pour des paiements cachés à une star du porno effectués avant la présidentielle de 2016. Un juge new-yorkais a toutefois pour l’instant repoussé le prononcé de sa peine.
Quel impact sur le nouveau mandat Trump ?
Les différentes procédures judiciaires visant Donald Trump, surtout au civil, ne devraient pas empêcher son investiture le 20 janvier prochain. Toutefois, ces affaires pourraient peser sur son nouveau mandat qui débute dans un climat déjà tendu.
L’affaire Elizabeth Jean Carroll, en particulier, pourrait fragiliser l’image d’un président déjà très controversé. Les condamnations pour agression sexuelle et diffamation donnent en effet du crédit aux nombreuses accusations de comportements déplacés, voire de violences envers les femmes, dont Donald Trump fait l’objet depuis des années.
Reste à savoir si ces affaires judiciaires, loin d’être terminées, affecteront la capacité de Donald Trump à gouverner et à rassembler au-delà de sa base lors de son second mandat. Une chose est sûre : pour le président le plus contesté de l’histoire récente, le chemin vers une présidence apaisée s’annonce encore long et semé d’embûches.