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Djibouti : Guelleh Vers Un Sixième Mandat ?

À Djibouti, la Constitution change pour permettre à Ismaël Omar Guelleh, au pouvoir depuis 1999, de se représenter en 2026. Quels enjeux pour ce pays stratégique ? Cliquez pour en savoir plus...

Dans un petit État de la Corne de l’Afrique, où la stabilité est un atout rare, une décision récente fait déjà couler beaucoup d’encre. À Djibouti, l’Assemblée nationale a voté à l’unanimité pour modifier la Constitution, supprimant la limite d’âge pour les candidats à la présidence. Cette réforme ouvre la voie à une possible nouvelle candidature d’Ismaël Omar Guelleh, président depuis 1999. Alors que l’élection présidentielle de 2026 approche, quels sont les enjeux de ce changement ? Plongeons dans cette actualité brûlante pour comprendre ses implications, tant pour Djibouti que pour la région.

Un Changement Constitutionnel Controversé

Le vote du Parlement djiboutien, adopté à l’unanimité par les 65 députés présents, marque un tournant majeur. Jusqu’à récemment, la Constitution interdisait à toute personne de plus de 75 ans de se présenter à la présidence. À 77 ans, Ismaël Omar Guelleh, surnommé IOG, était donc inéligible pour un sixième mandat. Cette barrière levée, le président de longue date pourrait rester au pouvoir au-delà de 2026, renforçant son emprise sur le pays.

Ce changement ne s’est pas fait sans débat. Bien que le vote ait été unanime, des voix critiques se font entendre, notamment sur les réseaux sociaux. Cependant, l’espace pour une opposition réelle semble limité dans un pays où la liberté d’expression est restreinte. Ce contexte soulève des questions sur la démocratie et la gouvernance à Djibouti.

Un Pays Stratégique dans une Région Instable

Djibouti, avec son million d’habitants, occupe une place unique sur l’échiquier géopolitique. Situé à l’entrée de la mer Rouge, face au Yémen, le pays contrôle le détroit de Bab-el-Mandeb, un point clé pour le commerce mondial. Cette position stratégique attire les grandes puissances : les États-Unis, la France et la Chine y maintiennent des bases militaires, faisant de Djibouti un hub stratégique dans une région marquée par l’instabilité.

« La stabilité de Djibouti est essentielle dans une région troublée par les conflits en Somalie, en Éthiopie et en Érythrée. »

Un haut responsable parlementaire

La Corne de l’Afrique est une région complexe, où les tensions ethniques, les conflits armés et les crises humanitaires sont monnaie courante. Dans ce contexte, Djibouti se présente comme un îlot de stabilité, une qualité mise en avant par les partisans du président Guelleh pour justifier ce changement constitutionnel. Mais à quel prix cette stabilité est-elle maintenue ?

Ismaël Omar Guelleh : Un Pouvoir Incontesté

Depuis son arrivée au pouvoir en 1999, Ismaël Omar Guelleh domine la scène politique djiboutienne. Succédant à Hassan Gouled Aptidon, considéré comme le père de l’indépendance, Guelleh a consolidé son pouvoir grâce à un parti hégémonique, l’Union pour la majorité présidentielle (UMP). Lors de la dernière élection en 2021, il a remporté plus de 97 % des voix, un score qui reflète à la fois son contrôle politique et les limites de l’opposition.

Sa longévité au pouvoir s’explique par une gestion habile des alliances internationales et une mainmise sur les institutions nationales. Cependant, des critiques émergent, y compris de l’intérieur de son propre camp. En septembre, un proche conseiller a claqué la porte, dénonçant un recul démocratique et une gestion clientéliste. Cette démission a-t-elle ébranlé le régime ? Rien n’est moins sûr.

Un Processus Constitutionnel en Deux Étapes

La modification de la Constitution suit un processus précis. Après le vote unanime de l’Assemblée nationale, deux options s’offrent au président : organiser un référendum pour soumettre la réforme au peuple ou demander une seconde lecture au Parlement. Selon des sources proches de l’Assemblée, cette seconde lecture pourrait avoir lieu dès le 2 novembre. Ce calendrier serré montre l’urgence avec laquelle le pouvoir cherche à sécuriser cette réforme.

Les étapes du processus constitutionnel

  • Premier vote : Adoption unanime par l’Assemblée nationale.
  • Prochaines étapes : Référendum ou second vote parlementaire.
  • Calendrier : Possible second vote dès le 2 novembre.

Ce processus, bien que formellement légal, soulève des interrogations sur la transparence et la participation citoyenne. Dans un pays où l’opposition peine à se faire entendre, le référendum, s’il a lieu, sera-t-il un véritable exercice démocratique ?

Une Opposition Muselée

À Djibouti, l’espace pour la dissidence est restreint. Les critiques envers le régime, bien que visibles sur les réseaux sociaux, peinent à se traduire en mobilisation concrète. Les libertés d’expression et de presse sont régulièrement pointées du doigt par les observateurs internationaux. Selon une spécialiste de la région, l’opposition manque de moyens pour s’organiser efficacement.

« L’opposition n’a pas l’espace pour s’exprimer à Djibouti. Les réseaux sociaux sont leur seul refuge, mais cela reste limité. »

Une experte de la Corne de l’Afrique

Ce climat de répression limite les débats sur l’avenir du pays. Alors que la réforme constitutionnelle ouvre la voie à une continuité du pouvoir, beaucoup s’interrogent sur l’absence d’alternatives politiques crédibles.

Les Enjeux Régionaux et Internationaux

La position géographique de Djibouti en fait un acteur clé dans la géopolitique mondiale. Le détroit de Bab-el-Mandeb, par où transite une part importante du commerce entre l’Asie et l’Occident, confère au pays une importance stratégique. Les bases militaires étrangères, notamment américaine, française et chinoise, témoignent de cet intérêt.

Pays Base militaire
États-Unis Camp Lemonnier
France Base navale
Chine Base de soutien logistique

La présence de ces puissances étrangères renforce la stabilité de Djibouti, mais elle soulève aussi des questions sur la souveraineté nationale. Le président Guelleh a su tirer parti de cette situation pour consolider son pouvoir, mais cela pourrait-il changer si un nouveau leadership émergeait ?

Un Soutien Populaire Contesté

Selon certains responsables, plus de 80 % de la population soutiendrait la réforme constitutionnelle, perçue comme un gage de continuité dans une région instable. Pourtant, ce chiffre semble difficile à vérifier dans un contexte où les voix dissidentes sont étouffées. Les réseaux sociaux, bien que limités, laissent entrevoir une fracture entre les soutiens du régime et ceux qui aspirent à un changement.

Le président Guelleh, dans une interview récente, a soigneusement évité de confirmer sa candidature, tout en insistant sur son amour pour son pays. Cette ambiguïté alimente les spéculations : cherche-t-il à préparer le terrain pour un successeur ou à prolonger son propre règne ?

Quel Avenir pour Djibouti ?

À l’approche de l’élection de 2026, Djibouti se trouve à un carrefour. La suppression de la limite d’âge pourrait garantir une continuité politique, mais elle risque aussi d’accentuer les tensions internes. Dans un pays où les institutions sont dominées par un seul parti, la question de l’alternance reste en suspens.

Les défis ne manquent pas : consolider la stabilité tout en répondant aux aspirations démocratiques, maintenir les alliances internationales tout en préservant la souveraineté, et répondre aux attentes d’une population jeune dans un contexte économique difficile. Le choix de Guelleh, qu’il décide de se représenter ou de passer la main, aura des répercussions bien au-delà des frontières de ce petit État.

Les défis de Djibouti

  • Stabilité politique : Maintenir l’ordre dans une région volatile.
  • Démocratie : Répondre aux critiques sur la répression des libertés.
  • Économie : Diversifier les ressources dans un pays dépendant du commerce maritime.

En définitive, Djibouti se trouve à un moment charnière de son histoire. La décision de modifier la Constitution reflète les priorités du pouvoir en place, mais elle pose aussi la question de l’avenir démocratique du pays. Alors que le monde observe ce petit État stratégique, une chose est sûre : les mois à venir seront décisifs.

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