Une attaque d’une violence inouïe a endeuillé les forces de l’ordre iraniennes ce samedi dans la région instable du Sistan-Baloutchistan, à la frontière avec le Pakistan et l’Afghanistan. Selon des sources officielles, au moins dix policiers ont perdu la vie dans cette embuscade sanglante, l’une des plus meurtrières de ces derniers mois dans ce secteur en proie à des affrontements récurrents.
Le mode opératoire précis et le sort des assaillants n’ont pas été communiqués dans l’immédiat, mais le groupe jihadiste sunnite Jaish al-Adl (“Armée de la Justice” en arabe), basé au Pakistan et actif dans cette zone, a rapidement revendiqué la responsabilité de l’attaque via la messagerie Telegram. Les agences de presse locales Mehr et Tasnim ont rapporté que les victimes se trouvaient à bord de véhicules de police ciblés dans le comté de Taftan.
Une région sous haute tension
Situé à quelque 1200 kilomètres au sud-est de Téhéran, le Sistan-Baloutchistan est l’une des régions les plus pauvres d’Iran. Elle abrite une importante population de la minorité ethnique baloutche, de confession sunnite, contrastant avec la branche chiite prédominante dans le pays. Cette zone frontalière poreuse avec le Pakistan et l’Afghanistan est le théâtre de violences récurrentes impliquant les forces de sécurité iraniennes face à divers groupes armés :
- Rebelles de la minorité baloutche
- Groupes sunnites radicaux comme Jaish al-Adl
- Trafiquants de drogue
Les tensions et les accrochages y sont fréquents, faisant régulièrement des victimes dans les rangs des forces de l’ordre. Début octobre, six personnes dont des policiers avaient déjà été tuées dans deux attaques distinctes revendiquées par Jaish al-Adl. En avril, ce même groupe avait mené un assaut contre un poste de police, causant la mort de dix membres des forces de sécurité.
Jaish al-Adl, la menace jihadiste venue du Pakistan
Formé en 2012 par des séparatistes baloutches, Jaish al-Adl est considéré comme une organisation terroriste par l’Iran et les États-Unis. Basé au Pakistan, le groupe mène régulièrement des attaques meurtrières de l’autre côté de la frontière contre les intérêts et les forces de sécurité iraniennes.
Dans leurs communiqués, les membres de Jaish al-Adl se présentent comme les “soldats d’Allah” et appellent au “jihad armé” contre la République islamique d’Iran.
Une source proche du dossier
Téhéran et Islamabad s’accusent mutuellement de laisser les groupes rebelles opérer depuis leurs territoires respectifs pour lancer des attaques de l’autre côté de la frontière. Mi-janvier, l’Iran avait mené une frappe au Pakistan visant le quartier général de Jaish al-Adl en représailles à ses actions.
La minorité baloutche, entre revendications et répression
Au cœur de ces violences, on retrouve la minorité baloutche, forte d’environ 10 millions de personnes réparties entre l’Iran, le Pakistan et l’Afghanistan. Majoritairement sunnites, les Baloutches subissent une marginalisation économique et politique dans la République islamique à majorité chiite. Certains groupes comme Jaish al-Adl ont fait le choix de la lutte armée pour défendre les droits de cette communauté et obtenir plus d’autonomie, n’hésitant pas à s’en prendre aux forces de sécurité iraniennes.
Face à cette menace, les autorités de Téhéran oscillent entre répression sécuritaire et tentatives de développement économique pour apaiser les tensions dans cette région stratégique mais instable. L’attaque sanglante de ce samedi vient rappeler une fois de plus l’urgence de trouver des solutions durables pour ramener la paix et la stabilité au Sistan-Baloutchistan et mettre fin au cycle de violences qui endeuille régulièrement les forces de l’ordre iraniennes.