Il y a dix ans, la France vivait l’un des jours les plus sombres de son histoire récente. Le 7 janvier 2015, la rédaction de Charlie Hebdo était décimée par un attentat terroriste d’une violence inouïe, première étape d’une funeste série d’attaques jihadistes qui allait endeuiller le pays pendant de longs mois. Cet événement tragique a propulsé l’hebdomadaire satirique au rang de symbole mondial de la liberté d’expression.
L’attaque de Charlie Hebdo, premier acte d’une année noire
Ce matin du 7 janvier 2015, les frères Kouachi, deux terroristes français d’origine algérienne ayant prêté allégeance à Al-Qaïda, font irruption dans les locaux de Charlie Hebdo armés de fusils d’assaut. Leur cible : cet hebdomadaire connu pour ses caricatures irrévérencieuses, qui avait notamment publié des représentations du prophète Mahomet en 2006, suscitant de virulentes menaces de la part des milieux islamistes.
Le bilan est effroyable : douze personnes, dont huit membres de la rédaction, perdent la vie sous les balles des assaillants. Parmi les victimes figurent des figures emblématiques du journal comme son directeur Charb, ainsi que les dessinateurs Cabu et Wolinski, monuments de la caricature française. Après deux jours de traque, les frères Kouachi sont finalement abattus par le GIGN dans une imprimerie de Dammartin-en-Goële où ils s’étaient retranchés.
Mais l’horreur ne s’arrête pas là. Dès le lendemain, une policière est assassinée à Montrouge par un complice des frères Kouachi. Et le 9 janvier, le même homme, Amedy Coulibaly, prend en otage les clients d’une supérette casher de la porte de Vincennes à Paris, tuant quatre personnes de confession juive avant d’être abattu lors de l’assaut des forces de l’ordre. Une vague d’attentats jihadistes sans précédent vient de frapper la France au cœur.
Solidarité et résilience à l’international
Face à cette tragédie, un élan de solidarité sans précédent traverse la France et le monde entier. Le slogan « Je suis Charlie » devient le cri de ralliement de millions de citoyens défendant la liberté d’expression face à la barbarie. Des rassemblements monstres ont lieu partout dans l’Hexagone, culminant le 11 janvier 2015 avec une marche réunissant près de 4 millions de personnes et de nombreux chefs d’État étrangers dans les rues de Paris.
Pour Charlie Hebdo, c’est un tournant. Le journal satire confidentiel devient du jour au lendemain une institution, un étendard brandi aux quatre coins du globe. Le numéro publié juste après l’attentat s’écoule à 8 millions d’exemplaires et les abonnements atteignent un record de 240 000 en février 2015. Mais l’hebdomadaire refuse de renoncer à son esprit corrosif. Son rédacteur en chef Gérard Biard déclarera à l’AFP : « Ils n’ont pas tué Charlie Hebdo » et « on veut qu’il dure 1000 ans ».
Les commémorations dix ans après: hommage et vigilance
Une décennie après le drame, Charlie Hebdo est toujours debout, même si le journal est revenu à une diffusion plus modeste d’environ 30 000 abonnés et 20 000 ventes en kiosques. Mais l’hebdomadaire entend bien continuer son combat, comme en témoigne le numéro spécial de 32 pages qui sortira le 7 janvier 2025, avec de nouvelles caricatures sur Dieu sélectionnées via un concours international.
Les commémorations officielles se veulent quant à elles sobres et recueillies, centrées sur les familles des victimes comme chaque année. La maire de Paris Anne Hidalgo et le président de la République rendront hommage aux disparus rue Nicolas-Appert où se trouvait la rédaction de Charlie en 2015, puis boulevard Richard-Lenoir où le policier Ahmed Merabet a été abattu, avant un dernier recueillement en mémoire des victimes de l’Hypercasher.
Au-delà de l’émotion, cet anniversaire est aussi l’occasion de rappeler que la menace terroriste reste prégnante. Emmanuel Macron a ainsi martelé lors d’un récent conseil des ministres : « La prochaine commémoration des attentats de 2015 nous rappelle que les dangers sont toujours là et qu’il ne faut rien céder du combat pour la protection des Français et la défense de nos libertés ». Un combat sans fin pour que le souvenir de ces tragédies reste vif, et que leurs victimes ne soient jamais oubliées.