C’est un véritable coup de tonnerre qui vient de frapper le prestigieux Festival de Salzbourg. Après une unique saison, la directrice du théâtre Marina Davydova a été débarquée sans ménagement par l’institution autrichienne. Officiellement, il s’agirait d’une rupture de contrat, la metteure en scène russe de 58 ans ayant accepté un engagement à Berlin sans en informer son employeur. Mais en coulisses, des sources évoquent de profonds différends artistiques entre la nouvelle venue et le festival.
Une nomination contestée
Le choix de Marina Davydova pour prendre les rênes du théâtre avait pourtant suscité beaucoup d’espoirs il y a deux ans. Exilée en Allemagne après avoir critiqué l’invasion russe en Ukraine, cette figure incontournable de la scène moscovite pendant plus de 20 ans devait insuffler un vent d’audace et d’ouverture sur le monde à Salzbourg. Une bouffée d’air frais pour ce festival fondé en 1920 comme un projet de paix, mais souvent taxé de conservatisme.
Salzbourg, un carcan doré pour l’audacieuse Davydova ?
Malheureusement, le conte de fée artistique aura tourné court. Dès l’été dernier, Marina Davydova laissait poindre sa frustration dans une interview accordée à un quotidien allemand. Elle y déplorait les « contraintes étroites » et la « moindre prise de risque » du festival autrichien par rapport à ses activités passées en Russie. Cantonnée aux nouvelles productions germanophones, bridée dans ses choix, l’artiste se sentait entravée dans sa liberté de création.
« Des réunions ennuyeuses à Salzbourg et la routine de ma fonction m’empêchent de me rendre en Tunisie où certains de mes textes doivent être lus. »
Marina Davydova, sur Facebook la veille de son licenciement
Querelles artistiques ou jeux de pouvoir ?
Au-delà d’un simple engagement berlinois non déclaré, ce divorce express semble cristalliser des tensions bien plus profondes. Certains y voient la difficulté pour une grande institution à accueillir une personnalité atypique et engagée comme Marina Davydova. D’autres soupçonnent des luttes d’influence en coulisses, la directrice russe bousculant peut-être trop les habitudes.
Quoi qu’il en soit, ce départ fracassant laisse un goût amer et de nombreuses questions en suspens. Le Festival de Salzbourg, rendez-vous incontournable de l’art lyrique qui a attiré plus de 250 000 spectateurs en 2024, va devoir rapidement se trouver un nouveau pilote pour son théâtre. Et panser les plaies d’une union avortée avec celle qui devait réinventer son identité.