Alors que le gouvernement de Michel Barnier vient de tomber sous le coup d’une motion de censure, c’est la question de l’après qui agite les rangs de la gauche française. Derrière l’unité de façade affichée ces derniers mois au sein du Nouveau Front populaire (NFP), de profondes lignes de fracture apparaissent sur la stratégie à adopter pour la suite des événements.
LFI campe sur une ligne dure, le PS veut négocier
Les Insoumis de Jean-Luc Mélenchon maintiennent leur position maximaliste. Pour eux, pas question de compromis avec le bloc central macroniste. Leur objectif affiché est désormais de pousser le président de la République à la démission et d’obtenir la dissolution de l’Assemblée nationale pour provoquer des élections anticipées.
Il faut aller au bout de la logique du NFP. On ne transige pas avec nos valeurs.
Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée
À l’opposé, les socialistes, emmenés par le président du groupe Boris Vallaud, plaident pour une approche plus pragmatique et des discussions avec les partis de gouvernement en vue d’un « pacte de non-agression » sur certains textes. Une position partagée par une partie des communistes et des écologistes.
Des négociations en coulisses avec le centre
Selon des sources proches des états-majors, des contacts auraient déjà été noués entre des responsables socialistes, communistes modérés et des figures du bloc central pour explorer les contours d’un éventuel accord permettant de voter certains projets de loi consensuels.
Parmi les pistes évoquées : un compromis sur le budget rectificatif en échange de l’abandon de mesures clivantes comme le report de l’âge de départ à la retraite ou la réforme de l’assurance chômage. Des concessions que LFI et l’aile gauche du PCF refusent catégoriquement d’envisager pour l’instant.
L’avenir du NFP en suspens
Ces divisions stratégiques font resurgir les vieilles fractures qui minent l’union de la gauche depuis des années. Entre les Insoumis, les socialistes, les communistes et les écologistes, les divergences idéologiques et les rivalités personnelles n’ont jamais vraiment disparu malgré l’affichage d’un front uni.
- Pour LFI, l’heure est à la confrontation, pas au compromis
- Le PS rêve d’un retour au centre du jeu
- Le PCF écartelé entre orthodoxes et réformateurs
- EELV défend une ligne écologiste transpartisane
Autant de positionnements difficilement conciliables qui mettent à l’épreuve la solidité et la pérennité même du Nouveau Front populaire. Faute d’un minimum d’unité et de cohésion, ce rassemblement hétéroclite pourrait rapidement voler en éclats, chaque formation reprenant son indépendance en vue des prochaines échéances électorales.
Une perspective qui réjouit déjà les macronistes, bien décidés à diviser pour mieux régner. En jouant la carte de l’ouverture sélective et des petits arrangements, le bloc central espère détricoter la coalition de gauche et retrouver une majorité relative pour gouverner. Reste à savoir si cette stratégie portera ses fruits ou si, au contraire, elle renforcera la détermination des anti-Macron à faire front commun malgré leurs différends. Réponse dans les prochaines semaines, alors que de premières négociations officieuses s’engagent en coulisses.