Les agences de notation financière sonnent l’alarme. Après la sanction infligée par Standard & Poor’s en dégradant la note de la France, c’est au tour de Moody’s et Scope de tirer la sonnette d’alarme. En cause : l’instabilité politique engendrée par la dissolution surprise de l’Assemblée nationale, qui fait planer une lourde incertitude sur la capacité de la France à tenir ses engagements budgétaires.
Un coup dur pour des finances déjà dégradées
La décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale intervient au pire moment pour les comptes publics français. Déjà profondément dégradées, avec un déficit attendu à 5,5% du PIB en 2023, les finances de l’État ne peuvent se permettre de nouveaux atermoiements. Le gouvernement comptait justement concentrer ses efforts sur le budget 2025 pour redresser la trajectoire, avec jusqu’à 20 milliards d’euros d’économies envisagées.
Las, la dissolution vient geler les discussions à peine entamées. Le prochain gouvernement, qui sera constitué début juillet, héritera d’une situation particulièrement explosive. Aura-t-il les moyens et la volonté de redresser la barre ? Les analystes en doutent.
Moody’s brandit la menace d’une dégradation
Dans un communiqué paru lundi, Moody’s note que l’instabilité politique « engendre un risque de crédit », alors que le gouvernement avait déjà dû revoir à la hausse ses prévisions de déficit. L’agence souligne que « le résultat des élections législatives sera central pour déterminer la capacité du président Macron à tenir l’agenda budgétaire de la France ».
Compte tenu de l’instabilité du paysage politique, il est tout à fait possible que ces objectifs soient abandonnés, malgré la probable pression de la Commission européenne.
Moody’s
Le fardeau d’une dette record
Moody’s s’inquiète particulièrement du niveau d’endettement de la France, « le plus élevé parmi ses pairs notés de manière similaire ». Malgré cela, « le rythme de réduction du déficit de la France sera plus lent que celui de la plupart de ses pairs européens ».
Selon les projections de l’agence, la dette publique française devrait continuer à augmenter pour atteindre près de 115% du PIB en 2027, contre 110,6% en 2023. Une telle évolution se paierait en termes de charge des taux d’intérêt, qui pourrait dépasser les 70 milliards d’euros en 2027.
La pression des marchés
Face à ces sombres perspectives, les marchés financiers s’agitent déjà. Au lendemain de l’annonce de la dissolution, le taux d’emprunt de la France à 10 ans a bondi, tandis que le CAC 40 chutait de 1,35%. Un signal clair envoyé au futur gouvernement.
Pour rassurer les investisseurs et éviter une nouvelle dégradation de sa note, la France devra impérativement reprendre le chemin des réformes et de la rigueur budgétaire. Un défi immense dans un contexte politique plus instable que jamais, qui laisse augurer de vives tensions lors des débats sur le budget 2024 et 2025. Les agences de notation, elles, restent vigilantes et n’hésiteront pas à sanctionner tout dérapage.