C’est un véritable coup de tonnerre dans le ciel politique français. Le 9 juin 2024, Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale, ouvrant la voie à des élections législatives anticipées. Une décision surprise et lourde de conséquences, qui signe la volonté du président de rebattre les cartes après deux années de majorité relative et de blocages à répétition au Parlement.
Un pari à haut risque
En actionnant l’article 12 de la Constitution, Emmanuel Macron joue son va-tout. L’objectif est clair : retrouver une majorité absolue à l’Assemblée, condition sine qua non selon lui pour mener à bien son programme et ses réformes dans la dernière ligne droite du quinquennat.
Mais ce choix est un pari risqué. Car si les élections donnaient des résultats similaires à ceux de 2022, avec une majorité relative pour son camp et des oppositions fortes, la situation resterait bloquée. Pire, si la NUPES et le RN obtenaient à eux deux la majorité absolue des sièges, toute motion de censure serait adoptée, plongeant le pays dans une crise politique majeure.
Miser sur la désunion des oppositions
Pour l’emporter, Emmanuel Macron mise sur la division de ses adversaires. Il parie sur l’éclatement de la NUPES, sur une gauche partant en ordre dispersé qui laisserait la voie libre à son camp dans de nombreuses circonscriptions. Il compte aussi sur un effritement des Républicains, avec le ralliement d’un certain nombre de députés à son parti Renaissance.
Le président de la République parie sur la désorganisation des oppositions et la difficulté de ses propres alliés à s’organiser pour contester le leadership de Renaissance.
Benjamin Morel, maître de conférences en droit public
Des conséquences imprévisibles
Quel que soit le résultat des urnes, cette dissolution aura des répercussions profondes et durables sur le paysage politique. Elle rebat les cartes, redistribue les rôles, bouscule les équilibres et les alliances.
- Si Macron obtient la majorité absolue, il aura les coudées franches pour gouverner mais devra composer avec des députés divers, potentiellement frondeurs.
- Si aucun camp n’obtient la majorité, le pays entrera dans une zone de turbulences politiques inédite sous la Ve République.
- Si les oppositions obtiennent la majorité, la cohabitation ou une crise institutionnelle se profilent.
Quoi qu’il arrive, une chose est sûre : les prochaines semaines s’annoncent incertaines et décisives pour l’avenir politique du pays. Les Français ont désormais rendez-vous dans les urnes pour arbitrer ce bras de fer entre le président et ses opposants, et tracer les contours de la fin du quinquennat.