Les élections européennes viennent à peine de s’achever que déjà, l’attention se tourne vers le prochain rendez-vous électoral majeur : les législatives anticipées. Suite à la dissolution de l’Assemblée nationale annoncée par Emmanuel Macron au lendemain de sa défaite cinglante face au Rassemblement national, les partis politiques se mettent en ordre de marche. C’est particulièrement le cas à droite, où Les Républicains, malgré leur score en demi-teinte dimanche dernier, veulent croire en un avenir meilleur.
Un résultat en trompe-l’œil pour LR ?
Avec 7,2% des voix, la liste emmenée par François-Xavier Bellamy réalise certes un score bien en-deçà de ses ambitions initiales. Mais dans l’entourage du parti, on préfère retenir le verre à moitié plein. Pour le philosophe et élu LR, ce résultat marque surtout « le signal d’un nouveau départ » après le désastre de la présidentielle de 2022 où Valérie Pécresse n’avait récolté que 4,8% des suffrages.
Le président du parti Éric Ciotti va même plus loin en affirmant que ces européennes sonnent « le dernier jour du macronisme ». Selon lui, le chef de l’État « a joué avec le feu en installant un duo avec le RN, et s’est brûlé ». Un satisfecit un peu rapide au vu du niveau électoral actuel de la droite, mais qui traduit sa volonté de tourner rapidement la page de ce scrutin pour se projeter vers les législatives.
Cap sur les législatives
Après avoir tenté tant bien que mal de faire exister une troisième voie entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, LR espère profiter du choc provoqué par la dissolution pour rebattre les cartes. L’enjeu : reconstituer une force de proposition crédible à l’Assemblée, loin de la majorité relative actuelle.
Ce n’est pas une fin, c’est un début.
François-Xavier Bellamy, tête de liste LR aux européennes
Mais la tâche s’annonce immense pour une formation très affaiblie, qui peine à retenir ses élus et ses électeurs tentés par la majorité présidentielle ou l’extrême droite. LR devra trouver un difficile équilibre entre fermeté sur ses valeurs traditionnelles et ouverture pour élargir son socle électoral. Le parti mise notamment sur ses ancrages locaux et ses figures montantes pour incarner son renouveau.
Un pari risqué face au duel Macron-Le Pen
Reste que dans un paysage politique de plus en plus polarisé, la voie est étroite pour la droite républicaine. Le duel à distance entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, premières forces politiques du pays, menace de l’écraser. D’autant que le camp macroniste, défait mais pas résigné, entend bien utiliser ces législatives pour prendre sa revanche et retrouver une majorité de gouvernement.
De son côté, le RN surfe sur sa nouvelle dynamique pour s’imposer comme la « première opposition » à Emmanuel Macron. Marine Le Pen rêve même d’une cohabitation si son parti parvenait à décrocher une majorité à l’Assemblée. Un scénario catastrophe pour la macronie, qui agite déjà le chiffon rouge d’un « chaos » politique et économique en cas de victoire des extrêmes.
Dans cette bataille à trois, la droite conventionnelle a bien du mal à faire entendre sa partition. Conscients du risque de marginalisation, Les Républicains veulent croire malgré tout en leurs chances. « Après le séisme de la présidentielle, LR a engagé son redressement » assure Éric Ciotti. Les législatives doivent être l’occasion d’amplifier le mouvement. Réussite ou baroud d’honneur ? Réponse les 30 juin et 7 juillet prochains dans les urnes.