La décision surprise d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale le 9 juin dernier continue de faire des remous au sein de l’exécutif. Invité ce jeudi de TV5 Monde, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a vivement critiqué les conseillers de l’ombre ayant soufflé cette idée au président de la République, qualifiant certains d’entre eux de “cloportes”.
Cette pique aux sous-entendus limpides viserait principalement le conseiller mémoire d’Emmanuel Macron, Bruno Roger-Petit, ou encore l’ex-sénateur sarkozyste Pierre Charon. Très remontés, les propos de Bruno Le Maire témoignent des vives tensions régnant actuellement au sommet de l’État suite à cette décision qui a pris tout le monde de court.
Un gouvernement en sursis
En annonçant de manière soudaine la dissolution de l’Assemblée au lendemain des élections européennes, Emmanuel Macron a mis toute la classe politique en ébullition et placé le gouvernement d’Élisabeth Borne en position délicate. Jusqu’au verdict des urnes qui sera rendu le 30 juin prochain, l’exécutif se retrouve de fait en sursis, une situation pour le moins inconfortable.
Contrarié par cet épisode, Bruno Le Maire exhorte les membres du gouvernement à “rester à leur place”, qu’ils soient “président de la République, premier ministre ou ministres”. Et surtout, à ne pas céder aux sirènes de certains conseillers dont “il est très difficile de se débarrasser” selon lui.
L’avenir politique de Le Maire en suspens
Cette sortie virulente du ministre de l’Économie intervient alors que son propre avenir politique est en jeu. Dans des propos rapportés récemment par Le Figaro, Bruno Le Maire semblait résigné quant à son maintien à Bercy, indiquant que son temps au ministère était compté.
J’ai toujours accepté que les choses puissent s’arrêter brutalement, ça fait partie de la vie politique.
– Bruno Le Maire au Figaro
En cas de victoire de la majorité présidentielle aux législatives anticipées, un remaniement ministériel d’ampleur est pressenti. Ce qui pourrait conduire au départ de plusieurs poids lourds du gouvernement actuel, à commencer par Bruno Le Maire lui-même. Reste à savoir où cette séquence politique agitée mènera le ministre de l’Économie.
Édouard Philippe appelle aussi à la méfiance
Bruno Le Maire n’est pas le seul à s’inquiéter de l’influence des conseillers officieux gravitant autour du président. L’ancien Premier ministre Édouard Philippe a lui aussi appelé à la vigilance. “Il faut toujours se méfier des entourages”, a taclé le patron du parti Horizons sur le plateau de France 5.
Selon lui, “il y a des collaborateurs qui font leur miel des petites phrases et des attaques”, une manière détournée de viser les instigateurs supposés de la dissolution surprise de l’Assemblée. Preuve que la défiance est de mise au plus haut sommet de l’État en cette période de fortes turbulences politiques.
Une rentrée sous haute tension
Entre la possibilité d’une cohabitation en cas de défaite de la majorité présidentielle et un groupe Renaissance fragilisé à l’Assemblée, la rentrée politique s’annonce particulièrement tendue pour Emmanuel Macron. Le président devra composer avec une opposition revigorée par ce scrutin surprise, tout en gérant les inévitables remous au sein de son propre camp.
Dans ce contexte délicat, les critiques de Bruno Le Maire et d’Édouard Philippe à l’égard des conseillers de l’ombre du président résonnent comme un avertissement. Pour les mois à venir, Emmanuel Macron devra naviguer en eaux troubles et potentiellement se passer de certains de ses plus fidèles soutiens. Un sacré défi en perspective pour le locataire de l’Élysée.