La Croatie, membre de l’OTAN depuis 2009, se retrouve divisée quant à sa participation à la mission d’assistance à l’Ukraine (NSATU), selon des sources proches du dossier. Cette mission, décidée lors du sommet de l’Alliance à Washington en juillet dernier, vise à coordonner les livraisons d’équipements militaires à Kiev et les activités de formation.
Le président croate s’oppose à l’envoi d’officiers
Le président croate Zoran Milanovic, chef suprême des armées, a exprimé son désaccord avec l’envoi d’officiers croates dans le cadre de la mission NSATU. Bien qu’il ait régulièrement condamné l’invasion russe et plaidé pour l’aide humanitaire à l’Ukraine, il justifie sa décision par la volonté de “protéger la Croatie d’une éventuelle implication dans la guerre”.
Un blocage présidentiel controversé
De son côté, le Premier ministre conservateur Andrej Plenkovic déplore cette opposition, accusant même le président d’être “pro-Russe”. Selon lui, ce blocage “a porté atteinte à la crédibilité de la Croatie au sein de l’Union européenne et de l’OTAN”. Le gouvernement souhaiterait contourner ce veto par un vote au Parlement, mais une majorité des deux-tiers des députés, pas encore acquise, est nécessaire.
L’OTAN respecte la souveraineté croate
Face à ces dissensions, Boris Ruge, Secrétaire général adjoint de l’OTAN, s’est entretenu mercredi à Zagreb avec des parlementaires croates. Il a assuré que l’Alliance n’avait pas l’intention de dicter à la Croatie sa conduite, car “c’est votre décision souveraine”. La Croatie peut ainsi refuser que ses officiers soient déployés sur le territoire ukrainien, même si leur présence ne serait que temporaire et n’impliquerait pas l’OTAN comme partie belligérante, a-t-il précisé.
Un soutien croate à l’Ukraine malgré tout conséquent
En dépit de ces divergences internes, la Croatie a déjà manifesté un soutien significatif à l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe en février 2022. Zagreb a ainsi fourni une aide, principalement militaire, d’environ 300 millions d’euros à Kiev. Le pays a également accueilli début octobre un sommet sur l’Ukraine à Dubrovnik, en présence du président Volodymyr Zelensky.
Une participation croate à la mission NSATU encore incertaine
Alors que 28 des 32 pays membres de l’OTAN ont d’ores et déjà confirmé leur participation à la mission NSATU, la position de la Croatie reste en suspens. En 2022 déjà, une initiative gouvernementale visant à former une centaine de militaires ukrainiens dans le cadre d’un programme européen n’avait pas été approuvée par le Parlement croate.
Ces dissensions internes illustrent la complexité de la position croate, tiraillée entre volonté de soutien à l’Ukraine et prudence quant à une implication directe dans le conflit. L’avenir de la participation de Zagreb à la mission d’assistance de l’OTAN dépendra donc de la capacité du gouvernement et du président à trouver un terrain d’entente, alors que la guerre en Ukraine entre dans une phase décisive.