En 2012, Austin Tice, un journaliste américain de 31 ans qui collaborait avec de nombreux médias internationaux dont l’AFP, disparaissait mystérieusement en Syrie. Dix ans après, son sort reste une énigme. Mais les États-Unis ne lâchent rien pour faire la lumière sur cette affaire, une délégation américaine s’étant récemment rendue à Damas pour rencontrer les nouvelles autorités syriennes et soutenir activement les recherches.
Une disparition qui remonte à 2012
Tout a basculé pour Austin Tice le jour où il a été arrêté à un poste de contrôle près de Daraya, dans la banlieue de Damas. Reporter aguerri malgré son jeune âge, il couvrait le conflit syrien pour de prestigieux médias comme le Washington Post, CBS ou McClatchy. Mais après ce contrôle, plus aucun signe de vie, excepté une vidéo énigmatique diffusée en septembre 2012 où il apparaît brièvement les yeux bandés, entouré d’hommes armés.
Depuis, le silence radio. Malgré d’intenses recherches et pressions diplomatiques, l’identité de ses ravisseurs et ce qu’il est advenu du reporter restent un mystère complet. Sa famille et les autorités américaines n’ont eu de cesse de se mobiliser pour tenter de le retrouver, en vain jusqu’à présent.
La chute du régime Assad relance l’affaire
Mais un élément nouveau est venu rebattre les cartes en décembre dernier : la chute de Bachar al-Assad et l’arrivée au pouvoir d’une coalition de rebelles islamistes. Nouveau contexte, nouvel espoir ? En tout cas, les États-Unis l’espèrent. Le changement de régime a permis d’ouvrir les prisons syriennes, où des milliers de détenus dont un Américain ont été libérés. Mais toujours aucune trace d’Austin Tice…
Cela n’a pas empêché Washington d’envoyer rapidement une délégation à Damas, une première depuis le renversement d’Assad. Objectif : collaborer avec les nouvelles autorités pour tenter de retrouver le journaliste disparu. « Je travaille avec des partenaires, des alliés, des ONG, des membres des médias et des autorités intérimaires pour essayer de déterminer ce qu’il est advenu de lui », a déclaré Roger Carstens, l’envoyé présidentiel.
Nous avons déployé des efforts incessants pour nous rendre sur le terrain à Damas afin de rechercher Austin Tice, parce qu’il est de notre devoir de poursuivre nos efforts jusqu’à ce que nous sachions avec certitude ce qui lui est arrivé.
Roger Carstens, envoyé spécial de la présidence américaine
De nouvelles fouilles à venir
Concrètement, la délégation US compte bien profiter de ce vent nouveau pour relancer les recherches. « D’autres lieux doivent être fouillés dans les jours, les semaines et les mois à venir », a souligné Roger Carstens. Un travail de fourmi qui se fera main dans la main avec les autorités intérimaires syriennes, en vue d’un « retour définitif » du reporter et d’autres Américains portés disparus comme le psychologue Majd Kamalmaz, dont on est sans nouvelles depuis 2017.
Mais la tâche s’annonce ardue. Selon une source proche d’une initiative privée pour retrouver Austin Tice, il est à craindre que le régime déchu ne cache encore le journaliste quelque part, dans l’idée de s’en servir comme monnaie d’échange. Une hypothèse qui n’a rien de réjouissant…
La mobilisation se poursuit
Malgré ces zones d’ombre persistantes, une chose est sûre : les proches d’Austin Tice et les autorités US ne baisseront pas les bras. Depuis des années, sa famille et des ONG comme Reporters sans frontières réclament sa libération et pressent Washington d’intensifier ses efforts. En 2022, le président Biden affirmait avoir « la certitude » que le journaliste était « détenu par le régime syrien » et assurait œuvrer pour sa libération.
Aujourd’hui, malgré le renversement d’Assad, l’engagement américain pour élucider ce dossier ne faiblit pas, comme en témoigne cette délégation dépêchée à Damas. Reste à espérer que ce énième rebondissement dans un conflit syrien qui n’en finit plus permettra enfin de lever le voile sur le sort d’Austin Tice. Dix ans après, les questions restent nombreuses mais l’espoir demeure.
