Une inquiétante série de disparitions inexpliquées se poursuit en Guinée sous le régime de la junte militaire arrivée au pouvoir en 2021. Le dernier cas en date, révélé par des proches, concerne Saadou Nimaga, ancien secrétaire général du ministère des Mines. Cet ex-haut fonctionnaire s’est volatilisé depuis maintenant une semaine, après avoir été emmené par quatre inconnus à Conakry.
Un enlèvement en plein jour dans la capitale
Selon des sources proches ayant requis l’anonymat par crainte pour leur sécurité, Saadou Nimaga a été enlevé le 17 octobre en sortant d’un hôtel du centre-ville de Conakry. Quatre individus en civil l’ont emmené ainsi que son chauffeur, qui a ensuite été relâché. Depuis, plus aucune nouvelle de l’ancien responsable. Son épouse a sollicité l’aide des ambassades américaine, française et de l’Union Européenne. Elle a été entendue par la police, tout comme le chauffeur.
Un secteur minier stratégique
Saadou Nimaga occupait le poste de secrétaire général du ministère des Mines depuis 2016. Il avait quitté ses fonctions en novembre 2021, deux mois après le coup d’État qui a renversé le président Alpha Condé et porté les militaires au pouvoir. Dans un secteur minier crucial pour l’économie guinéenne, son départ s’inscrivait dans une vague de remplacements au sein de l’appareil d’État. Il avait depuis ouvert son propre cabinet d’expertise minière.
Multiplication des disparitions troubles
Ce nouveau cas vient allonger une liste déjà préoccupante depuis l’arrivée au pouvoir de la junte dirigée par Mamadi Doumbouya, investi président. Deux opposants sont portés disparus depuis leur interpellation par des gendarmes en juillet. Deux hauts gradés, dont l’ex-chef d’état-major de l’armée, sont par ailleurs décédés dans des conditions obscures en détention. Les autorités se défendent de toute implication ou gardent le silence, alors que l’opposition dénonce un exercice de plus en plus autoritaire du pouvoir.
Les autorités se défendent de toute implication quand elles ne gardent pas le silence.
Ces disparitions à répétition, ciblant notamment des figures de l’ancien régime et de l’opposition, soulèvent de vives inquiétudes quant à la nature du pouvoir en place en Guinée. La junte, arrivée par la force, semble recourir à des méthodes expéditives pour écarter ceux qui pourraient la gêner, selon ses détracteurs. Un climat oppressant s’installe, aggravé par l’opacité entourant le sort des disparus.
Une épouse en quête de réponses
L’épouse de Saadou Nimaga se retrouve aujourd’hui sans nouvelles de son mari depuis une semaine. Son appel à l’aide auprès des diplomaties occidentales témoigne d’un profond désarroi et d’un manque de confiance envers les autorités guinéennes pour faire la lumière sur cette affaire. Beaucoup craignent que Saadou Nimaga ne vienne s’ajouter à la liste des opposants et personnalités réduits au silence par le nouveau régime.
La Guinée retient son souffle
Au-delà du drame humain, ces disparitions à répétition font planer une lourde chape de plomb sur la Guinée. Elles illustrent la dérive autoritaire et répressive d’un régime arrivé par les armes, prêt à tout pour conserver son emprise. Dans un pays fragile, où les militaires ont une longue histoire d’ingérence dans la vie politique, cette dérive fait redouter le pire pour l’avenir de la démocratie et des droits humains. La communauté internationale, notamment les partenaires occidentaux de la Guinée, est appelée à la plus grande vigilance. Pour l’heure, l’épouse de Saadou Nimaga, comme tant d’autres familles de disparus, reste suspendue à un terrible silence.