27 ans se sont écoulés depuis la mystérieuse disparition du journaliste Jean-Pascal Couraud en Polynésie française. Sa famille, plongée dans une attente insoutenable, dénonce aujourd’hui ce qu’elle considère comme un véritable « déni de justice ». Convaincus qu’il a été victime d’un meurtre, les proches de « JPK » réclament des réponses, face à une enquête qui semble piétiner depuis son ouverture en 2004.
Un journaliste engagé, disparu dans des circonstances troublantes
Ancien rédacteur en chef des Nouvelles de Tahiti et opposant notoire à l’ex-président de la Polynésie Gaston Flosse, Jean-Pascal Couraud s’est volatilisé dans la nuit du 15 au 16 décembre 1997. Pour son frère Philippe Couraud, les certitudes sont ancrées :
Jean-Pascal a disparu à l’issue d’un meurtre.
Philippe Couraud, frère de Jean-Pascal Couraud
Selon des sources proches de l’affaire, JPK aurait été immergé à plusieurs reprises au large de Tahiti depuis un navire de la flottille administrative, dont l’équipage constituait la garde rapprochée de Gaston Flosse. Le journaliste détenait visiblement des informations sensibles :
JPK disposait d’informations assez précises sur le financement du patrimoine de monsieur Flosse et sur d’éventuels liens entre la Polynésie et le Japon au niveau financier, avec possiblement un soupçon du compte qu’aurait détenu Jacques Chirac.
Philippe Couraud
Une enquête qui piétine, des suspects mis en examen
L’enquête, ouverte en 2004, a vu défiler pas moins de sept juges d’instruction. Deux membres de la flottille ont été mis en examen il y a une dizaine d’années pour enlèvement et séquestration suivis de mort, ainsi que l’ancien chef. L’ex-femme de JPK et son amant de l’époque ont également été mis en examen pour meurtre quelques années plus tard.
Une complicité des proches qui a fait que tous les enquêteurs ont été trompés, la famille a été trompée.
Philippe Couraud
Un « déni de justice » dénoncé par la famille et les avocats
Face aux lenteurs de la procédure, la famille et les avocats s’indignent. Me William Bourdon, l’un des conseils, évoque « une forme de déni de justice », le délai raisonnable ayant été « explosé ». Il a réclamé qu’un assistant soit mis à disposition de la juge d’instruction actuellement en charge pour l’épauler.
Les proches souhaitent notamment que Gaston Flosse, qui a présidé la Polynésie française à de multiples reprises entre 1984 et 2014, soit entendu rapidement. Pour Me Bourdon, il s’agit d’un « crime politique » :
On a voulu tuer un gêneur.
Me William Bourdon, avocat de la famille Couraud
Un procès attendu, pour faire enfin la lumière
27 ans après les faits, la famille Couraud exige des réponses et réclame la tenue d’un procès dans les plus brefs délais. Un procès qui permettrait enfin de faire la lumière sur cette affaire hors norme, de lever le voile sur les circonstances exactes de la disparition de Jean-Pascal Couraud, et peut-être d’obtenir la vérité et la justice tant attendues.
Une vérité également espérée par tous les défenseurs de la liberté de la presse, pour qui l’affaire JPK est devenue le symbole d’un combat essentiel. Car au-delà du drame humain, c’est aussi le spectre d’un crime politique qui plane, visant à faire taire une voix dérangeante. Obtenir justice pour Jean-Pascal Couraud, c’est ainsi défendre le droit fondamental des journalistes à exercer leur mission d’information, sans crainte des pressions ou des représailles.
L’affaire Couraud constitue une blessure toujours ouverte pour la Polynésie française. Elle questionne le fonctionnement de ses institutions, son passé politique tumultueux. Tant que toute la lumière n’aura pas été faite, le doute et le malaise persisteront.
Les proches de JPK, eux, continuent d’espérer qu’un jour, enfin, justice sera rendue. Que les responsables seront confondus et condamnés. Et que Jean-Pascal Couraud, journaliste intègre et courage, pourra reposer en paix. Le combat pour la vérité ne fait que commencer.