C’est un cauchemar que nul parent ne voudrait vivre. Pendant deux longues semaines, Aurore et Yoann ont enduré l’innommable : la disparition de leur fille de 13 ans, Morgane. Après des jours d’angoisse, l’adolescente a finalement été retrouvée, mais le soulagement laisse place à de nombreuses questions. Pour la première fois, les parents ont accepté de revenir sur cette épreuve.
Le jour où tout a basculé
Le 25 novembre, Morgane quitte le domicile familial à Pabu, dans les Côtes-d’Armor. Sans carte bancaire, sans argent, sans affaires. Ses parents sont alertés par le collège dans la matinée. « J’ai vu que l’établissement avait essayé de me joindre, mon mari aussi, à plusieurs reprises, témoigne Aurore. Je ne comprenais pas car elle était partie le matin pour prendre le car. C’est là qu’on a commencé à paniquer. »
La veille, une violente dispute avait éclaté au sujet de l’usage des réseaux sociaux par l’adolescente. Des échanges qui avaient inquiété les parents au point de briser le téléphone. Un geste qui aurait déclenché la fugue selon eux. Des amis de Morgane confirment qu’elle avait indiqué ne pas venir en cours le lundi.
L’angoisse des premières heures
Très vite, d’importants moyens sont déployés pour retrouver la jeune fille. « Au départ, on se dit qu’elle ne doit pas être très loin, confie Yoann. Plus les jours passent, plus on s’inquiète. » Mais un élément retient leur attention. « Dans notre tête, on était assez vite sur l’hypothèse qu’elle s’était réfugiée avec quelqu’un ou chez quelqu’un, loin d’ici », précise le père.
Le profil troublant du suspect
Et pour cause. Selon les éléments de l’enquête, Morgane aurait demandé à un certain Adrien G., 21 ans, de venir la chercher le matin de sa disparition. Un individu avec qui elle échangeait depuis des mois sur les réseaux, et qui l’aurait emmenée à plus de 200 km de chez elle. « Ce n’est pas normal qu’un jeune de 21 ans soit sur des groupes d’ados de 13 ans », s’indignent les parents.
Chez ce suspect, Morgane aurait vécu l’enfer. Enfermée dans une chambre aux volets clos, frappée quand elle se plaignait d’avoir faim. Des violences qu’elle aurait dénoncées, ainsi qu’un viol. Le jeune homme conteste la version, évoquant une relation consentie malgré l’âge de la victime. Mis en examen et écroué, il reste présumé innocent.
Deux semaines de questions sans réponse
Pendant ces 15 jours, Morgane suivait les recherches sur un ordinateur. « J’ai essayé de contacter des gens sur TikTok, relate-t-elle. C’était la seule application qu’il n’avait pas. » Le 10 décembre, le père reçoit l’appel tant espéré : sa fille a été retrouvée. « C’était beaucoup d’émotions. » Mais de nombreuses interrogations persistent.
On s’est aperçu que Morgane avait des amis certes, mais pas forcément les bons. Maintenant, elle a fait le ménage.
Aurore et Yoann, parents de Morgane
Au-delà du traumatisme, les parents veulent comprendre ce qui a poussé leur fille dans les bras de cet individu. Ils appellent à la prudence face aux réseaux sociaux et à une meilleure protection des mineurs en ligne. Un combat de chaque instant pour éviter que ce cauchemar ne devienne celui d’autres familles.
