Un événement tragique secoue actuellement l’Equateur. Quatre adolescents, âgés de seulement 11 à 15 ans, ont mystérieusement disparu après avoir été interpellés par des militaires le 8 décembre dernier dans le secteur de Las Malvinas, au sud du port de Guayaquil. Cette ville, l’une des plus touchées par la violence liée au narcotrafic, voit l’armée patrouiller dans ses rues pour tenter d’endiguer les activités des gangs criminels. Mais cette fois, ce sont des mineurs qui semblent avoir été les victimes de ces opérations de maintien de l’ordre.
Le Ministère de la Défense Promet la Transparence
Face au choc provoqué par cette disparition, le ministre équatorien de la Défense, Gian Carlo Loffredo, a été convoqué devant une commission parlementaire sur l’enfance. Il a tenu à adresser un message aux parents des adolescents disparus, s’engageant à « ne dissimuler rien ni personne » et à « agir en toute transparence » pour élucider leur sort. Le ministre a assuré qu’il continuerait à collaborer pleinement avec le ministère public dans cette affaire.
Des Corps Calcinés Découverts près d’une Base Militaire
Mais cette promesse de transparence intervient alors que de macabres découvertes ont été faites. Le 24 décembre, alors que la justice avait conclu à une « disparition forcée » des adolescents, quatre corps calcinés ont été retrouvés dans une zone de mangrove près de la base de l’armée de l’air équatorienne, dans la ville de Taura, à la périphérie de Guayaquil. Pour l’heure, les autorités n’ont fourni aucune information sur l’identification de ces corps.
L’Armée Affirme Avoir Agi en Réponse à un Vol
De son côté, le commandant des forces armées, Celiano Cevallos, a assuré devant la commission parlementaire que « le personnel militaire a agi en réponse » à un vol présumé commis par les adolescents. Une justification qui soulève de nombreuses questions sur la proportionnalité de la réaction des militaires face à des mineurs soupçonnés d’un simple larcin.
16 Militaires aux Arrêts, Audience d’Inculpation Prévue
En attendant d’y voir plus clair, seize militaires présumés impliqués dans l’arrestation et la disparition des adolescents ont été mis aux arrêts. Un tribunal de Guayaquil doit tenir ce mardi une audience afin de les inculper formellement et de préciser les charges pesant contre eux. La justice semble donc déterminée à faire la lumière sur cette sombre affaire.
Inquiétudes des Organisations Internationales
Au-delà des frontières équatoriennes, cette disparition d’adolescents après leur interpellation par l’armée suscite une vive émotion. Les agences de l’ONU et de l’Organisation des États américains (OEA), ainsi que des organisations internationales de défense des droits de l’Homme, ont exprimé leur profonde inquiétude. Elles attendent des autorités équatoriennes qu’elles fassent preuve d’une totale transparence dans cette affaire.
Une quarantaine d’organisations locales accusent le président Daniel Noboa d’être responsable des « graves violations des droits de l’Homme » enregistrées en 2024, dans le cadre de sa lutte contre le crime organisé
Cette disparition intervient en effet dans un contexte particulièrement tendu en Equateur. Début 2024, le président Daniel Noboa a déclaré le pays en conflit armé interne pour lutter contre le crime organisé, déployant massivement l’armée dans les rues. Une décision controversée, de nombreuses organisations locales accusant le chef de l’État d’être responsable de « graves violations des droits de l’Homme » dans le cadre de cette politique sécuritaire musclée.
Pour les proches des quatre adolescents, l’angoisse est à son comble. Ils attendent des réponses claires sur ce qui est arrivé à leurs enfants après leur arrestation :
- Saul Arboleda, 15 ans
- Steven Medina, 14 ans
- Josué Arroyo, 12 ans
- Ismael Arroyo, 11 ans
La découverte des corps calcinés près d’une base militaire fait craindre le pire, mais en l’absence d’identification de ces dépouilles, une terrible incertitude demeure. Les familles espèrent que l’enquête et les investigations judiciaires permettront de lever le voile sur les circonstances exactes de cette disparition qui a profondément choqué l’Equateur et la communauté internationale.
D’après une source proche du dossier, tous les moyens auraient été déployés pour retrouver la trace des adolescents, en vain jusqu’à présent. Les enquêteurs s’efforceraient de reconstituer le fil des événements et d’analyser le moindre indice pour tenter de comprendre ce qui s’est passé après l’interpellation des mineurs par les militaires.
Cette affaire illustre tragiquement les dérives possibles d’une politique sécuritaire privilégiant la manière forte, au détriment parfois du respect des droits fondamentaux. Elle met aussi en lumière la vulnérabilité des plus jeunes face aux violences qui gangrènent la société équatorienne, prise en étau entre les trafiquants de drogue et les forces de l’ordre.
Alors que le ministre de la Défense promet la transparence et que la justice semble déterminée à établir les responsabilités, de nombreuses questions demeurent. Comment expliquer qu’une simple interpellation d’adolescents soupçonnés de vol ait pu dégénérer d’une manière aussi dramatique ? Quels ordres les militaires ont-ils reçus et de qui ? Que s’est-il réellement passé après l’arrestation des mineurs ? Autant d’interrogations auxquelles les enquêteurs vont devoir apporter des réponses, pour les familles endeuillées, pour la société équatorienne sous le choc, mais aussi pour la crédibilité des institutions du pays.
Dans cette épreuve, les proches des adolescents disparus peuvent compter sur le soutien des organisations de défense des droits humains, déterminées à ce que toute la lumière soit faite. Car au-delà de ce drame, c’est bien la question du respect des libertés fondamentales et de l’État de droit qui est posée dans un Équateur gangrené par la violence. Un défi immense pour ce pays d’Amérique du Sud, qui ne pourra être relevé qu’en plaçant le respect de la dignité humaine au cœur de l’action publique.