Une situation inédite vient de se produire en Afrique du Sud. Pour la toute première fois depuis l’avènement de la démocratie post-apartheid dans le pays, le très attendu discours sur le budget qui devait être prononcé par le ministre des Finances devant les députés a dû être reporté, faute d’accord entre les partis formant la coalition gouvernementale. Au cœur des tensions : un projet controversé de hausse de la TVA de 15 à 17%.
Désaccord sur la hausse de la TVA
Selon des sources proches du dossier, c’est sur cette épineuse question d’une augmentation de 2 points de la taxe sur la valeur ajoutée que les négociations entre le Congrès national africain (ANC) et ses partenaires de coalition ont achoppé. L’Alliance démocratique (DA), principal parti d’opposition membre de l’exécutif, s’est fermement opposée à cette mesure, jugeant qu’elle « briserait les reins » d’une économie déjà mal en point.
Perte de la majorité absolue pour l’ANC
Le report de ce discours budgétaire est un nouveau signe des difficultés rencontrées par l’ANC depuis qu’il a perdu sa majorité absolue au Parlement lors des dernières élections générales de mai 2024. Contraint de former une coalition, notamment avec son opposant historique qu’est la DA, le parti de libération aux racines marxistes peine à trouver des compromis sur les questions économiques et diplomatiques.
Une économie sud-africaine en crise
En toile de fond de ces dissensions politiques, c’est une économie sud-africaine en grande souffrance qui se dessine. Première puissance du continent, le pays fait face à de multiples défis :
- Une inflation galopante, qui a atteint 3% en décembre dernier
- Un taux de chômage record avoisinant les 32% fin 2024
- Une perte de l’aide américaine suite à une loi foncière jugée discriminatoire envers la minorité blanche par l’administration Trump
- Des inégalités sociales abyssales qui font de l’Afrique du Sud l’un des pays les plus inégalitaires au monde
Le gouvernement tente de rassurer
Face à cette situation alarmante, le ministre des Finances Enoch Godongwana s’est voulu rassurant. Il a expliqué que le gouvernement était en train de « débattre » des différentes options pour générer des recettes, que ce soit via une augmentation des impôts, une réduction des dépenses ou un recours accru à l’emprunt. Mais les conséquences potentielles de ces différentes mesures font visiblement débat au sein même de l’exécutif.
Nous n’avons plus de gouvernement, il s’est effondré.
Julius Malema, chef du parti d’opposition EFF (gauche radicale)
Au final, ce coup de théâtre autour du discours budgétaire semble avoir un goût amer de symbole pour beaucoup de Sud-Africains. Il illustre de manière éclatante les profondes divisions qui minent la classe politique du pays, ainsi que son impuissance apparente face à la crise économique et sociale. Une équation complexe à laquelle le gouvernement devra pourtant bien trouver des solutions, et vite, pour redonner espoir à une population qui semble douter de plus en plus.