Lors de la conférence annuelle Manama Dialogue à Bahreïn, un éminent membre de la famille royale saoudienne a vivement dénoncé la politique israélienne, qu’il qualifie d' »apartheid » et de « génocide » à Gaza. Ces propos marquent un net durcissement du discours des responsables saoudiens envers l’Etat hébreu depuis le déclenchement de la guerre contre le Hamas le 7 octobre dernier.
Israël accusé de « génocide » et de crimes contre l’humanité
Selon le prince Turki Al Fayçal, ancien chef des renseignements saoudiens pendant plus de 20 ans, Israël ne se contente pas de pratiquer l’apartheid mais commet un véritable « génocide » sur la population gazaouie. S’appuyant sur les rapports d’ONG internationales, il estime qu’il est temps que la communauté internationale prenne des mesures pour traduire en justice les responsables israéliens inculpés par la Cour pénale internationale (CPI).
En novembre dernier, la CPI avait en effet émis des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et l’ex-ministre de la Défense Yoav Gallant, soupçonnés de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Des accusations balayées par Israël, qui les juge « fabriquées de toutes pièces » et « basées sur des mensonges ».
Un lourd bilan humain depuis octobre 2023
La guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas en Israël a causé la mort de 1208 personnes côté israélien, en grande majorité des civils selon un bilan établi par l’AFP. Mais c’est surtout dans la bande de Gaza que le conflit a été le plus meurtrier. D’après le ministère de la Santé du Hamas, dont les données sont jugées fiables par l’ONU, l’offensive israélienne aurait fait 44.612 morts, là encore principalement parmi les populations civiles.
L’Arabie saoudite tend la main à Donald Trump pour la paix
Au-delà des accusations, le prince saoudien a également profité de cette conférence pour tendre la main au président américain élu Donald Trump. « Il est temps pour l’Amérique, sous votre présidence, de changer le cours des choses dans cette région troublée », a-t-il déclaré, appelant le futur locataire de la Maison Blanche à œuvrer pour apporter la paix au Proche-Orient.
Depuis le début de la guerre, l’Arabie saoudite a interrompu ses discussions sur une possible normalisation des relations avec Israël. Le prince héritier Mohammed ben Salmane avait lui aussi dénoncé un « génocide » lors d’un sommet arabo-musulman en novembre. Ces déclarations illustrent un changement de ton notable de Riyad, qui semblait jusqu’alors sur la voie d’un rapprochement historique avec l’Etat hébreu à l’image des récents accords signés par plusieurs pays arabes.
Face à la gravité de la situation à Gaza et aux crimes présumés, la pression internationale s’accroît sur Israël. Reste à voir si l’administration Trump, qui a affiché un soutien indéfectible à son allié sous la présidence de Joe Biden, infléchira sa position et s’engagera activement pour tenter de régler ce conflit sanglant qui déchire la région depuis des décennies.
