En mars dernier, Pouria Zeraati, un journaliste iranien de 36 ans travaillant pour la chaîne Iran International TV à Londres, était violemment agressé au couteau devant son domicile. Huit mois après les faits, l’enquête vient de connaître un rebondissement majeur avec l’arrestation en Roumanie de deux suspects.
Deux Roumains interpellés et placés en détention
Mercredi, les autorités roumaines ont procédé à l’interpellation de deux de leurs ressortissants, Nandito Badea, 19 ans, et George Stana, 23 ans, à la demande de la justice britannique qui a autorisé des poursuites à leur encontre. Les deux hommes ont été présentés devant un tribunal roumain en vue du lancement de la procédure d’extradition vers le Royaume-Uni.
Ils sont poursuivis pour « blessures » et « blessures avec intention de causer de graves dommages corporels » dans le cadre de l’agression de Pouria Zeraati. Le journaliste iranien avait été poignardé à la jambe et hospitalisé suite à cette attaque survenue le 29 mars devant chez lui, dans le quartier de Wimbledon au sud-ouest de Londres.
Une enquête anti-terroriste au long cours
Depuis huit mois, c’est le commandement anti-terroriste de la police londonienne, la Met Police, qui est chargé des investigations sur cette affaire. Très vite, les enquêteurs avaient réussi à identifier trois suspects, mais ces derniers avaient réussi à quitter le territoire britannique en avion dans les heures ayant suivi l’agression.
La responsable par intérim de l’unité anti-terroriste, Helen Flanagan, s’est félicitée de la coopération avec les autorités roumaines ayant permis ces arrestations. « Nous attendons maintenant que la procédure d’extradition progresse afin que les hommes puissent être traduits en justice ici au Royaume-Uni », a-t-elle déclaré.
Le journaliste ciblé en raison de son travail
Dès le départ, Pouria Zeraati avait affirmé avoir été pris pour cible en raison de son travail pour Iran International TV, une chaîne en langue farsi classée comme organisation terroriste par le régime de Téhéran. Reporters Sans Frontières avait alors appelé le gouvernement britannique à mieux protéger les journalistes iraniens en exil, faisant état de menaces « glaçantes » pesant sur eux.
Tout lien avec cette agression avait été réfuté par le chargé d’affaires iranien à Londres.
– Mehdi Hosseini Matin
Pendant sept mois, la chaîne Iran International TV avait même dû fermer ses bureaux londoniens sur recommandation de la police. Cette affaire illustre les risques encourus par les journalistes et opposants iraniens, même lorsqu’ils sont exilés à l’étranger. Les regards sont désormais tournés vers la procédure judiciaire à venir au Royaume-Uni pour en savoir plus sur les commanditaires et les motivations derrière cette agression.